d’Hautel, 1808 : Filer le parfait amour. Rechercher une personne dans le dessein de l’épouser ; l’aimer de bonne foi.
Filer sa corde. Commettre des actions contraires à l’honneur et à la probité.
Filer doux. Devenir souple, se soumettre sans murmurer à des ordres rigoureux.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Suivre, préparer. Filer une affaire, faire les dispositions d’un vol.
Clémens, 1840 : Suivre, espionner.
Halbert, 1849 : Suivre un individu.
Larchey, 1865 : Suivre.
Un voleur se charge de filer la personne.
(Vidocq)
Être filé signifie, dans le langage des débiteurs, que le recors vous suit à la piste.
Montépin.
Dans le même vocabulaire, Être fumé signifie être arrêté.
Delvau, 1866 : v. n. S’en aller, s’enfuir, — dans l’argot des faubouriens.
Delvau, 1866 : v. n. Levare ventris onus, — dans le même argot [des faubouriens].
Delvau, 1866 : v. a. Voler, — dans l’argot des voyous. Filer une pelure. Voler un paletot.
Delvau, 1866 : v. a. Suivre un malfaiteur, — dans l’argot des agents de police. Suivre un débiteur, — dans l’argot des gardes du commerce.
Rigaud, 1881 : Suivre à la piste. La police file à pied, en voiture et en chemin de fer.
Rigaud, 1881 : Sacrifier à la compagnie Lesage.
Rigaud, 1881 : Ne pas engager le jeu, — dans le jargon des joueurs de bouillotte. Faire filer, intimider son adversaire qui, alors, n’engage pas le jeu, ou qui paye son premier engagement.
Rigaud, 1881 : Faire l’école buissonnière, — dans le jargon des collégiens.
Les élèves de Louis-le-Grand filent, soit aux Ours, (le jardin des Plantes) soit au Luxembourg.
(Albanès, Mystères du collège.)
Virmaître, 1894 : Suivre. Pour organiser une filature, les agents se mettent deux, l’un devant le filé, l’autre derrière, de façon à ce qu’il ne puisse échapper. Il y a des filatures qui sont extrêmement mouvementées, c’est une véritable chasse où toutes les ruses sont mises en œuvre. Le gibier cherche toutes les occasions de se dérober pour éviter le sapement (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Suivre. Pour suivre un malfaiteur, il y a toujours deux agents de la sûreté, l’un suit le filé et l’autre son collègue. Lorsque le premier agent croit avoir été remarqué par le filé, il change de rôle avec son collègue. Un bon agent, qui fait le service dit de la voie publique, avait dans le temps toujours une blouse enroulée autour du corps, en guise de ceinture et une casquette dessous son gilet. Lorsque le premier agent croyait avoir été remarqué, et qu’il prenait la place de son collègue, il mettait tout en marchant sa blouse par-dessus son vêtement et sa casquette ; dans cette tenue, il pouvait reprendre sa place primitive, sans être reconnu. À une époque, j’avais un binocle sur lequel se trouvait collée une toute petite glace sur chaque verre, ce qui me permettait de voir quelqu’un eh lui tournant le dos.
Hayard, 1907 : Suivre.
France, 1907 : Partir, se sauver, échapper aux gendarmes.
Le jeune Crétinard passe ses examens.
— Pourriez-vous me citer, monsieur, lui demande l’examinateur, le nom d’une des femmes les plus fidèles de l’antiquité ?
— ???…
— Voyons, monsieur… Et Pénélope ?
Le jeune Crétinard, ouvrant de grands yeux :
— Pénélope !… Mais on m’a assure qu’elle filait tout le temps !…
(Gil Blas)
À la Bourse.
— Savez-vous la nouvelle ? Rapinard qu’on disait si solide !
— Filé en Belgique.
— Je n’en reviens pas.
— Lui von plus.
On dit aussi filer à l’anglaise pour s’esquiver, s’en aller sans rien dire. Les Anglais nous rendent le compliment en disant dans le même sens : to take a French leave, prendre congé à la française.
Facile à l’emballage, mais féroce, redoutable quand il tient une série. Précipitant les coups de pistolet, — non ! de revolver — puis, le résultat obtenu, et c’est toujours un résultat très sérieux, ramassant à pleines mains les jetons, l’or et les billets pêle-mêle dans la grande sébile, il réalise à la caisse et file à l’anglaise.
(Paul Alexis)
Au restaurant.
— Garçon, je vois sur la carte : Macaroni à l’anglaise ; pourquoi à l’anglaise ?
— Parce qu’il file, monsieur.