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Con

Con

Delvau, 1864 : Métaphoriquement, Imbécile. Les vers suivants commentent cette acception particulière et impertinent :

Qu’ça soit étroit, qu’ça soit large,
Qu’ça soit gris, noir, blanc ou blond,
Qu’ça bande ou bien qu’ça décharge,
Rien n’a l’air bêt’ comme un con.

Fustier, 1889 : Monosyllabe injurieux que le peuple a constamment à la bouche et qu’il emploie à propos de tout et à propos de rien.

France, 1907 : Nature de la femme, du latin cunnus. Ce mot est le synonyme de lâche, d’imbécile. Con comme la lune, triple idiot.

Con (le)

Delvau, 1864 : Le petit vase dans lequel l’homme verse en pluie fine et pérénétrante une partie du produit de sa nourriture, — à sa grande satisfaction et à celle du petit vase. — Les anciens connaissaient ce mot : ωο disaient les Grecs ; cunnis, disaient les Latins ; cwens, disaient les Celtes, qui disaient aussi cona et quena (d’où les Anglais ont appelé leur reine queen) ; kona, disaient les Goths ; kouima, disent les Arabes ; emacucma disent les Basques ; pota, disent les Italiens, etc., etc.

Donne, que je te frotte le con. Il est étroit que c’est un charme.

La Popelinière.

Le con met tous les vits en rut ;
Le con du bonheur est le voie ;
Dans le cont vit la joie ;
Mais hors le con, point de saint.

Pyron.

Il faut donc, pour ce vit ; un grand con vermoulu.
Un con démesuré, qui dévore, goulu,
La tête et les couillons pour les mettre en curée,
Un con toujours puant, comme vieille marée.

Rémy Belleau.

La matrice d’une femme est du nombre de choses insatiables dont parle l’Écriture, et je ne sais s’il y a quelque chose au monde à quoi on puisse comparer son avidité : — car, ni l’enfer, ni le feu, ni la terr, ne sont si dévorants que le sont les parties naturelles d’une femme lascive.

Venette.

C’était une jolie grêlée faite au tour, ayant un con tellement insatiable, que je fus obligé de lui mettre la bride sur le cou et de la laisser foutre avec qui elle voudrait…

(Anti-Justine.)

Con baveux

Delvau, 1864 : Qui a des flueurs ou quelque chose de pis.

Con bien boisé

Delvau, 1864 : Dont la motte est abondamment fournie de laine.

Mon con est boisé comme l’est Meudon,
Afin de cacher l’autel du mystère
Où l’on officie en toute saison.

(Parnasse satyrique.)

Con faisandé

Delvau, 1864 : Qui a reçu tant d’assauts, ou qui a eu tant de maladies, qu’il porte en lui une odeur dont s’accommodent seuls les gens qui se sont pas dégoûtés. — On le dit aussi comme synonyme de vieille fille.

Con glaireux

Delvau, 1864 : Gras, soit naturellement, soit par suite de maladies, soit par malpropreté.

Hideux amas de tripes molles
Où d’ennui bâille un con glaireux.

(Parnasse satyrique.)

Con gras

Delvau, 1864 : Mal nettoyé, encore enduit de beurre masculin, ou naturellement adipeux, — de sorte que le membre qui s’y introduit est tout étonné d’y faire flic-flac.

On ne se lave bien qu’au bordel ! Des ingrats
Peuvent seuls à ton con préférer un con gras.

Albert Glatigny.

Conart

France, 1907 : Mari trompé. On dit plus généralement cornard.

Conasse

Rigaud, 1881 : Femme stupide. — Les filles de maison appliquent cette épithète aux femmes honnêtes aussi bien qu’aux filles insoumises qui, d’après ces cloîtrées de la prostitution, ne comprennent pas mieux leurs intérêts les unes que les autres. Pour elles, hors de la maison, pas de salut, pas d’esprit de conduite.

Devant les étrangers et surtout devant des jeunes gens ou des hommes à conversation libre et plaisante, elles (les filles publiques) vantent leur savoir-faire, elles reprochent à leurs camarades leur impéritie, et leur donnent ains ; le nom de conasse, expression par laquelle elles désignent ordinairement une femme honnête.

(Parent-Duchatelet, De la Prostitution.)

Virmaître, 1894 : Fille peu au courant du métier, qui raccroche à n’importe quel prix (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Prostituée ainsi nommée par les autres filles, parce qu’elle n’est pas inscrite à la police sur les registres de la prostitution.

Conasse ou connasse

France, 1907 : Parties sexuelles de la femme lorsqu’elles sont flétries par les années ou les abus. Nom donné aux filles publiques. « Fille peu au courant du métier, qui raccroche pour les plus bas prix. » (Ch. Virmaître.)

Conce de castu

Virmaître, 1894 : Infirmier d’hôpital. Conce doit être une corruption de gonce (Argot des voleurs).

France, 1907 : Voir Comte de castu.

Concierge

Rigaud, 1881 : Nom que donne à son passe-partout l’ouvrier qui loge dans une maison où il a la chance de ne pas avoir de portier.

Conclusion

Delvau, 1864 : La fouterie même, qui est en effet la conclusion naturelle de toutes les caresses que se fout mutuellement des amants bien épris, — ou simplement des gens qui ont envie de tirer un coup.

Apprends donc qu’il y a cent mille délices en amour qui précèdent la conclusion.

Mililot.

Un homme de votre condition,
Le prendre sur un aussi mauvais ton :
Vous allez droit à la conclusion !

Collé.

Concon

Delvau, 1864 : Mot nouveau sur celui de bonbon, dit Collé, son inventeur. On se flatte qu’il passera en faveur de sa douceur et de son indécence.

Mon vit mignon !
Tu n’y perdras rien, mon garçon ;
Je te donnerai du concon
Bien bon !

Concubin

Rigaud, 1881 : Celui qui vit avec une femme sans être marié avec elle.

France, 1907 : Homme qui vit en concubinage.

Gandolin était homme, hélas ! et bien que, par sage calcul, il eût, jusqu’aux marges de ses cinquante ans, prudemment évité les embûches des amours mondaines et même de ces amours extra-mondaines où, sous prétexte de rester libres, finissent par s’engluer, en des toiles d’araignées pires, tant d’infortunés concubins…

(Paul Arène)

Concubine

Delvau, 1864 : Femme qui, sans être mariée, a commerce de chair avec un homme, qui quelquefois est marié, lui.

Monsieur H**, disait un jeune homme au savant professeur que nous venons de perdre, j’ai eu l’honneur de me présenter chez vous, et je n’y ai rencontré que votre bonne… — Ce n’est pas ma bonne, monsieur, interrompit le père Hne d’un air terrible. Ce n’est pas ma bonne, c’est ma concubine !…

J. Le Vallois.

Concubiner

Delvau, 1864 : Vivre maritalement avec quelqu’un.

L’abbé de La Rivière, le favori de Gaston d’Orléans, entretenait ouvertement une demoiselle Legendre ; il la gardait auprès de lui dans son château de Petit-Bourg et concubinait avec elle, sans seulement songer à sauver les apparences. « Elle est à cette heure comme sa ménagere », écrivait Tallemant vers 1660.

(Hist. de la prostitution.)

Rigaud, 1881 : Vivre en état de concubinage.

Lui qui concubinait avec une servante dans sa propre maison.

(J. Barbey d’Aurévilly, Les Diaboliques, 1874.)

Concupiscence

Delvau, 1864 : Le fond d’inclinaison naturelle qui nous fait désirer, hommes, de baiser toutes les femmes, femmes, d’être foutues par tous les hommes.

Le mariage était un nom d’honneur et de dignité, et non de folâtre et lascive concupiscence.

Montaigne.

L’âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et raidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau.

Charles Baudelaire.

Condé

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Permission.

Clémens, 1840 : Pouvoir.

un détenu, 1846 : Libre. Être condé, être libre d’agir.

Larchey, 1865 : Maire — Demi-condé : Adjoint. — Grand condé : Préfet de police. — Diminutif dérivant du même mot que le précédent.

Delvau, 1866 : s. m. Permission de tenir des jeux de hasard, — dans l’argot des voleurs, qui obtiennent cette permission d’un des condés suivants :
Grand condé. Préfet.
Petit condé. Maire.
Demi-condé. Adjoint.
Condé franc ou affranchi. Fonctionnaire qui se laisse corrompre.
Plus particulièrement : Faveur obtenue d’un geôlier ou d’un directeur.

Rigaud, 1881 : Maire. — Demi-condé, adjoint. — Grand-condé, préfet de police.

Rigaud, 1881 : Jeu autorisé sur la voie publique. — L’autorisation elle-même. C’est une déformation de congé, permission. Par extension se dit de ceux qui octroient les permis de stationnement sur la voie publique, tels que maires, adjoints, préfets.

Fustier, 1889 : Influence.

Ils avaient accaparé les meilleurs postes, ceux qui procurent le plus de condé (influence).

(Humbert : Mon bagne.)

La Rue, 1894 : Pouvoir. Autorité. Faveur. Permission de tenir des jeux de hasard dans une foire ou une fête obtenue du grand condé (préfet), du petit condé (maire), du demi condé (adjoint) ou du condé franc ou affranchi (fonctionnaire qui s’est laissé corrompre).

Rossignol, 1901 : Permission, autorisation. Être autorise à stationner sur une place publique pour y débiter de la marchandise, ou y exercer un métier c’est avoir un condé. Un individu soumis à la surveillance, qui est autorisé à séjourner à Paris, a un condé.

Hayard, 1907 : Dispense, permission de s’installer sur la voie publique.

France, 1907 : Permission ou faveur obtenue dans la prison. C’est aussi la permission de tenir des jeux de hasard, dans les fêtes foraines ou sur la voie publique, à charge de servir d’indicateur à la police. De là on a donné au même mot la signification d’influence. Du vieux mot condeau, écriteau : « Les permis se délivrent sur des cartes qui sont de petits écriteaux. » (Lorédan Larchey)

France, 1907 : Maire. Demi-condé, adjoint. Grand condé, préfet. Condé franc, magistrat ou fonctionnaire qu’on peut corrompre.

Condé (avoir un)

Virmaître, 1894 : Individu qui obtient l’autorisation de tenir un jeu ou une boutique ambulante sur la voie publique, à condition de rendre des services à la préfecture de police. Avoir un condé c’est être protégé et faire ce que les autres ne peuvent pas (Argot des camelots).

Condé (le)

M.D., 1844 : Le commissaire.

Condé franc

Larchey, 1865 : Magistrat corrompu (Vidocq). — V. Affranchir.

Condice

France, 1907 : Cage dans laquelle les condamnés sont enfermés pendant leur traversée pour les colonies pénitentiaires.
Se dit aussi pour maison. Diminutif de condition, maison.

— T’as raison, La Gaule… Je marche bien pour le fourbi… je suis avec toi et les autres pour fabriquer tout ce qu’il a dans la condice : quant à estrangouiller cette gonzesse, je n’en suis pas… j’ai les pieds nickelés !…

(Edmond Lepelletier)

Condition

Rigaud, 1881 : Maison, — dans le jargon des voleurs. Faire une condition, voler dans une maison. Mot emprunté au jargon des domestiques qui disent être en condition, pour être placé dans une maison.

La Rue, 1894 : Chambre. Changer de condition, déménager. Faire la condition, voler dans la maison où l’on est domestique.

Rossignol, 1901 : Maison, domicile.

Je rentre à la condition (maison).

France, 1907 : Maison. Changer de condition, déménager. Faire la condition, voler chez ses maîtres. Faire une condition, voler avec effraction. Filer une condition, guetter une maison dans le but d’y voler. Acheter une condition, changer de conduite, mener un autre genre de vie.

Condition, condice

Hayard, 1907 : Chambre, domicile.

Conditionné

d’Hautel, 1808 : Il est bien conditionné. Se dit par raillerie d’un homme plein de vin qui, ne pouvant plus se soutenir, bat les murs.

Conditions (dans les)

Rigaud, 1881 : C’est-à-dire, dans de bonnes conditions, comme il convient. Ce qui semble bon ou bien fait est dans les conditions. (Jargon du peuple).

Condor

France, 1907 : Apocope de Condorcet. Surnom donné aux élèves de ce lycée.

Conduire

d’Hautel, 1808 : Conduire bien ou mal sa barque. C’est conduire bien ou mal ses affaires ; réussir, ou non, dans ses entreprises.

Conduit

France, 1907 : Gosier, gorge.

— Si tu laisses partir la môme… elle ira nous vendre… nous sommes tous les cinq intéressés à ce qu’elle ne bavarde pas… Le plus sûr moyen, c’est de lui serrer le conduit… pas vrai, vous autres ?

(Edmond Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Conduite

d’Hautel, 1808 : Faire la conduite à quelqu’un. Signifie accompagner hors de la ville, et pendant quelques lieues, un ami qui va faire un voyage, pour lui témoigner les regrets que l’on a de le voir partir, et lui faire ses a dieux.

Conduite (acheter une)

Rigaud, 1881 : Mener une conduite plus régulière.

France, 1907 : Se ranger, devenir sage ou sobre, de débauché ou d’ivrogne qu’on était.

Un coup qu’on est là-bas on fait l’péinard tout d’suite ;
On fait pus d’rouspétance, on s’tient clos, on s’tient coi,
Y en a mêm’ qui finiss’nt par ach’ter une conduite
Et qui d’vienn’nt honnête homm’ sans trop savoir pourquoi

(Aristide Bruant)

Conduite (faire la)

Larchey, 1865 : Chasser avec voies de fait.

Les Français-Anglais vont te faire la conduite.

Layale, Chansons, 1855.

France, 1907 : Chasser, poursuivre quelqu’un avec menaces ou voies de fait. On dit aussi, dans l’argot des coulisses, que le régisseur fait la conduite de la pièce, lorsqu’il veille, le texte en main, aux entrées en scène des acteurs.

Conduite de Grenoble

Rigaud, 1881 : Ce fut primitivement un terme de compagnonnage. — Cette conduite se fait dans une société à un de ses membres qui a volé ou escroqué.

J’ai vu au milieu d’une grande salle peuplée de compagnons un des leurs à genoux ; tous les autres compagnons buvaient du vin à l’exécration des voleurs ; celui-là buvait de l’eau ; et quand son estomac n’en pouvait plus recevoir, on la lui jetait sur le visage. Puis on brisa le verre dans lequel il avait bu, on brûla ses couleurs à ses yeux ; le rôleur le fit lever, le prit par la main et le promena autour de la salle ; chaque membre de la société lui donna un léger soufflet ; enfin la porte fut ouverte, il fut renvoyé, et quand il sortit, il y eut un pied qui le toucha au derrière. Cet homme avait volé.

(Agricol Perdiguier, Du Compagnonnage).

Conduite de Grenoble (faire la)

Rigaud, 1881 : Éconduire. Accompagner un orateur, un personnage politique en le couvrant de huées. Réminiscence du terme de compagnonnage expliqué plus haut.

France, 1907 : Même sens que le précédent. Cette expression remonte à environ trois siècles. Le maréchal de Lesdiguières commandait dans le Dauphiné. Un jour, les Savoyards, en guerre avec nous, voulurent surprendre Grenoble. Ils partirent donc, munis d’échelles, pour donner l’escalade, mais le froid arriva, horrible, et les malheureux, tout transis, se traînèrent sur les routes pour rentrer dans leur pays. Les Dauphinois voulaient leur courir sus ; mais, émus de pitié, ils se contentèrent d’accélérer leur marche par quelques coups de trique, au lieu de les frapper de l’épée.

Conduite en règle

Rigaud, 1881 : « Quand un compagnon aimé quitte une ville, on lui fait la conduite en règle, c’est-à-dire que tous les membres de la société l’accompagnent avec un certain ordre. » (Almanach des métiers, 1852.) C’est l’opposé de la conduite de Grenoble.

Conduleuse

France, 1907 : Serrure. Dinguer la conduleuse, faire sauter la serrure.

Cône

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : La mort.

Cone (la)

Halbert, 1849 : La mort.

Cône (la)

anon., 1827 : La mort.

Cone ou conne

France, 1907 : Mort : de connir, tuer.

Confe-mili

France, 1907 : Abréviation de conférence militaire ; argot des polytechniciens. Ces conférences sont faites le dimanche matin par un capitaine.

Conférencier

Delvau, 1866 : s. m. Orateur en chambre, qui parle de tout sans souvent être payé pour cela. Mot nouveau, profession nouvelle.

Rigaud, 1881 : Individu qui parle sur un sujet quelconque, devant un public quelconque, dans une salle quelconque. Lorsque le conférencier est une dame, alors c’est une conférencière. Ordinairement elle parle en faveur de la revendication des droits de lafemmeet s’étend longuement sur le chapitre des mœurs publiques : La Rochefoucauld en jupon. Vulgairement on appelle le mâle et la femelle « des endormeurs en boîte. »

Rigaud, 1881 : Faire des conférences. Parler devant un public plus ou moins nombreux de ce qu’on n’a eu ni le temps, ni la patience, ni la force d’écrire pour un journal.

Confesser

d’Hautel, 1808 : Péché confessé est à moitié pardonné. Pour dire qu’il y a toujours un grand avantage à avouer franchement une faute que l’on a commise.

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

Ci gist le cordelier Midieux,
Dont nos dames fondent en larmes,
Parce qu’il les confessait mieux
Qu’augustins, jacobins et carmes.

Cl. Marot.

On vient pour voir le père Urbain.
Il confesse encor sa dévote.

(Épigrammes.)

La Rue, 1894 : Dépouiller, voler l’argent et les habits.

France, 1907 : Faire l’acte vénérien. Jeu de mot.

France, 1907 : Dépouiller. Confesser le ponte, lui voler son argent et ses vêtements.

Confesseur

d’Hautel, 1808 : L’épingle du confesseur. On appelle ainsi une épingle avec laquelle les demoiselles ferment, par décence, le haut de leur fichu.
Cette expression n’est pas notée ici comme basse, mais seulement comme familière et figurée.

Confessionnal à deux roues de Chariot Casse-Bras

Rigaud, 1881 : Surnom que le peuple de Paris avait donné à la charrette du bourreau (1750).

Confirmer

d’Hautel, 1808 : Pour souffleter.
Je vais te confirmer. Pour, je vais te donner un soufflet.

Delvau, 1866 : v. a. Donner une paire de soufflets.

Rigaud, 1881 : Souffleter.

France, 1907 : Donner un ou des soufflets ; réminiscence du sacrement de ce nom, dans l’Église catholique, où l’évêque confirme la communion en touchant la joue du catéchumène. On dit aussi donner où recevoir la confirmation.

— Non, monseigneur, la confirmation ne se donne pas sur les fesses. Permettez-moi de vous dire que votre question est déplacée.

(La Lanterne des curés)

Confiture

France, 1907 : Excrément. Ce que le Dieu d’Israël ordonnait au prophète Ezéchiel, d’étendre sur son pain.

Confiture d’abricot

Rigaud, 1881 : Sécrétion des oreilles, — dans le jargon des collégiens qui ne rêvent que confiture.

Confitures

Delvau, 1864 : Le sperme, dont sont très friandes les femmes. — Brantôme parle quelque part, dans ses Dames galantes, d’un « amour bien lascif, composé de confitures spermatiques. »

Confiturier

France, 1907 : Fouilleur d’ordures.

Conflit

Delvau, 1864 : Bataille amoureuse, combat corps à corps et nu à nu.

Écrivant les beautés du lit
Où se fit l’amoureux conflit.

Théophile.

Confondre

d’Hautel, 1808 : Que le diable te confonde. Imprécation qui exprime l’impatience, l’humeur que l’on a contre quelqu’un.

Confortable

Rigaud, 1881 : Maillot rembourré.

Décidément, pas plus tard que demain, je m’offre un petit confortable.

(Grévin, Au Théâtre.)

Fustier, 1889 : Verre de bière.

France, 1907 : Verre de bière de la contenance d’un litre.

Confrère de la lune

Delvau, 1864 : Cocu, — par allusion aux cornes de la blonde Séléné.

Delvau, 1866 : s. m. Galant homme qui a eu le tort d’épouser une femme galante, — dans l’argot du peuple, trop irrévérencieux envers le croissant de la chaste Diane.

Rigaud, 1881 : Mari trompé avant, pendant et après.

France, 1907 : Mari trompé. Allusion aux cornes du croissant. C’est le sort de presque tous les maris de devenir les confrères de la lune. C’est, du moins, l’avis de Brantôme, grand clerc en la matière, car voici ce qu’il dit dans ses Vies des Dames galantes :

Voilà enfin ce que je diray du subject de ce chapitre, lequel j’eusse pu allonger mille fois plus que je n’ay faict, ayant eu matière si ample et si longue, que si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoient tous par la main, et qu’il s’en peust faire un cercle, je croy qu’il sera assez bastant pour entourer et circuir la moictié de la terre.
Du temps du roy François fut une vieille chanson, que j’ay ouy conter à une fort honneste et ancienne dame, qui disait :
   Mais quand viendra la saison
   Que les cocus s’assembleront,
   Le mien ira devant, qui portera la bannière,
   Les autres suivront après, le vostre sera au darrière.

Confrérie

d’Hautel, 1808 : Entrer dans la grande confrérie. Prendre pour femme une infidèle, augmenter la masse des dupes.

Coni

Rossignol, 1901 : Mort.

Je suis veuf, ma femme est coni.

France, 1907 : Mort.

Conifère

Delvau, 1864 : Jeune fille ou jeune femme, — de cunnus, con, et fero, je porte.

Quand on se promène le soir dans la rue Saint-Denis, on voit trotter sur les pavés un tas de jolis petits conifères.

A. François.

Coniller

Delvau, 1866 : v. n. User de subterfuges pour échapper à un ennui ou à un danger, se cacher, disparaître, comme un lapin (cuniculus, conil) dans son trou. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Chercher des prétextes pour se soustraire à un danger, ou pour éviter la société des gens ennuyeux.

La Rue, 1894 : Chercher à se soustraire, à se sauver.

France, 1907 : S’esquiver, se cacher rapidement et adroitement. De conil, lapin, du latin cuniculus.

Conin

Delvau, 1864 : Jeune con, con impubère, con qui n’est pas encore dans la circulation, n’ayant pas encore été frappé par le balancier de l’homme.

Vous avez là le conin le plus joli du monde.

La Popelinière.

Ton conin, pauvre oiseau sans plume.
M’ouvre un bee encor mal fendu.

Auguste Lefranc.

Conir

Delvau, 1866 : v. n. Mourir.

Cônir

Hayard, 1907 : Mourir.

Conir ou connir

France, 1907 : Mourir, tuer.

Coniste

Delvau, 1864 : Homme qui préfère le con au cul, — élevé qu’il a été à l’École normale de Paris au lieu fie l’avoir été à l’École anormale de Rome.

Si j’aime beaucoup mon vit, c’est que
L’estime fonde cet amour.
Voici le quatrième évêque
Qu’il refuse en un même jour ;
Il est coniste, et vous pouvez m’en croire,
Plus qu’un père de l’Oratoire.

Collé.

Conjonction

Delvau, 1864 : L’union naturelle de deux êtres d’un sexe différent.

Qui est-ce qui a le plus de plaisir, de l’homme ou de la femme, dans la conjonction naturelle ?

Mililot.

Il prononça la validité du mariage, et renvoya les époux se conjoindre dans la maison paternelle.

Diderot.

Conjungo

Delvau, 1864 : Le mariage, dans l’argot du populaire qui voit, dans ce mot une équivoque réjouissante (jungo, je joins, con, le con), au lieu d’y voir la première phrase du prêtre qui lie deux époux pour la vie.

La fruitièr’ dit, r’luquant ma mine :
Comment t’trouv’s-tu du conjungo ?

Tostain.

Delvau, 1866 : s. m. Mariage, — dans l’argot du peuple, qui a voulu faire allusion au premier mot du discours du prêtre aux mariés : Conjungo (je joins).

Rigaud, 1881 : Mariage.

À cela près, hâtez le conjungo.

(Poisson.)

France, 1907 : Mariage : du latin conjungure, épouser. Le prêtre dit en unissant le couple : Conjungo, je joins.

— Il est comme les autres, vous savez ! Des amourettes, oui, tant qu’on voudra ; mais du conjungo, serviteur, plus personne !

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

L’institution du conjungo n’est plus qu’une vieille masure, menaçant ruine de toutes parts. L’édifice est si vermoulu que beaucoup de gens s’en méfient, refusant d’y pénétrer, craignant que le toit ne dégringole sur leur tête. D’ailleurs, le plus rude coup a été porté à l’antique bâtisse par le rétablissement du divorce. Du moment qu’il ne s’agit plus de baux à vie, mais de locations à temps, du moment qu’une fois établi dans la demeure matrimoniale, on à la faculté d’en sortir, non sans quelques cérémonies, d’aucuns jugent qu’il est plus simple et plus économique de n’y pas entrer, et s’installent à leur guise, à la bonne franquette, en des domiciles qui non rien d’officiel et où ils n’ont à rendre compte à personne de leurs allées et de leurs venues.

(Louis de Grammont, L’Éclair)

Connais (je la)

Rigaud, 1881 : Mot à mot : je connais ce que vous me racontez. Cherche-t-on à en imposer à quelqu’un qui est au courant des manœuvres parisiennes, il ne manquera pas de répondre : Celle-là je la connais, il ne faut pas me la faire, c’est moi qui l’ai inventée.

France, 1907 : Expression populaire signifiant : Inutile de me conter vos histoires ou de faire vos simagrées, je les sais par cœur.

Un clerc des ordres sacrés, James Reading, ayant, sans doute pour imiter Noé, fêté la dive bouteille, se trompe de chambre et se met dans le lit de la fille de son hôtesse, gamine de quatorze ans. Celle-si ne souffle mot, et probablement terrifiée par cette visite nocturne, feint un profond sommeil. Mais la mère, qui ne dormait que d’un œil, entend un bruit insolite, se lève, accourt et surprend l’apprenti clergyman dans une posture qui ne laissait aucun doute sur la nature de ses intentions.
— Misérable ! s’exclame-t-elle, que faites-vous là ?
Question au moins superflue.
— Rien, dit l’autre, je me prépare à dormir.
— Dans le lit de ma fille !
— Vraiment ! est-ce possible ? Serait-ce effectivement le lit d’Elisabeth ?
Il ne lui est plus permis d’en douter, car Elisabeth juge le moment opportun de s’éveiller en sursaut et de pousser des cris de paon.
— Ah ! je suis désolé ! dit avec un bel aplomb le jeune apôtre.
— Oui, je la connais ! riposte la mère irritée.

(Hector France, Lettres d’Angleterre)

Connaissance

Delvau, 1864 : Maîtresse, concubine.

Ah ! vous avez une connaissance, monsieur !

De Leuven.

Larchey, 1865 : Maîtresse.

Ah ! vous avez une connaissance, monsieur !

De Leuven.

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des ouvriers, qui veulent connaître une fille avant de la prendre pour femme.

Rigaud, 1881 : Amant, maîtresse ; fiancé, fiancée, — dans le jargon des ouvriers, des militaires et des bonnes d’enfants.

T’nez M’sieu, j’aime mieux vous dire tout d’ suite, j’ai z’une connaissance.

(Grévin.)

France, 1907 : Bonne amie, maîtresse.

— Tu l’aim’s donc bien, c’te connaissance ?
— N’m’en parl’ donc pas, j’m’en frais crever !

(Chant d’atelier)

La connaissance est la compagne obligatoire du pioupiou et même du cavalier et du pompier. C’est elle qui vous fait passer agréablement les heures de promenade entre la soupe et la retraite ; elle qui vous refile une petite fiole de fine et de la bonne, prélevée sur la bouteille du bourgeois ; elle qui vous fait pénétrer dans la boîte par l’escalier de service, afin de vous donner le tendre bécot qu’elles n’a pas épanché sur votre joue aux Tuileries ; elle qui vous nourrit du quartier de poulet qu’elle mis en réserve à votre intention et qu’elle arrose, la chère amie, d’une bouteille de vin cacheté et de ses plus ineffables tendresses ; elle qui vous donne la clé de sa chambre lorsque vous avez la permission de la nuit ; elle qui vous paye de bons cigares avec son sou du franc, si toutefois son singe ne fume pas ; elle encore que vous verrez au premier rang de la foule, derrière le cipal, aux jours de revue, fiére de vous voir si beau sous l’uniforme, admirant votre air crâne et martial, et vous électrisant avec ses œillades pleines de promesses.

(Traité de civilité militaire et d’honnêteté, enseignée par Dache)

Le boursier X…, l’homme le plus riche, mais le plus connu pour sa paillardise, allait rendre le dernier soupir.
Son neveu arrive en toute hâte de Nice pour le voir une dernière fois.
— Savez-vous, demande-t-il au valet de chambre, si mon oncle a encore sa connaissance ?
— Certainement, monsieur, ils sont même ensemble depuis ce matin.

(Tintamarre)

— Laisse-moi parler ; tu vois bien que c’est la dernière fois que j’t’embête… Dis donc, Albert, comment que ça se fait que tu parles toujours de tes connaissances, et qu’j’aurais pas eu l’droit d’aimer aussi, moi…

(L.-V. Meunier, Chair à plaisir)

Connaître (la)

Rigaud, 1881 : Être au courant de, au fait de. Les anciens du régiment disent proverbialement :

Il ne suffit pas de la connaître, il faut la pratiquer.

Primitivement l’expression signifiait : connaître la théorie ; par la suite on a abrégé et on a dit : la connaître. Le mot a pris de l’extension et s’applique à beaucoup d’autres choses.

Connaître dans les coins (la)

Merlin, 1888 : Être au courant des ficelles du métier. On dit également : être à la coule.

Fustier, 1889 : C’est la variante de l’expression citée par Delvau : Connaître le numéro.

France, 1907 : Être habile, pas se laisser duper et savoir attraper les autres.

Est-ce naturel qu’un vieux garçon qui la connait dans les coins, comme on disait au régiment, qui en a vu de toutes les couleurs, qui considère la femme comme un joujou un peu plus perfectionné que les poupées, s’énerve, compte les heures et les minutes, se surmène en des courses vertigineuses …

(Champaubert, Le Journal)

Connaître le journal

Delvau, 1866 : Être au courant d’une chose ; savoir à quoi s’en tenir sur quelqu’un. Argot des bourgeois. Signifie aussi : Savoir de quoi se compose le dîner auquel on est invité.

France, 1907 : Être bien informé et de première main.

Connaître le menu

Rigaud, 1881 : Pour les gourmets, c’est se réserver pour les meilleurs plats ; pour les vieux libertins, c’est avoir pris au moins une collation servie par l’amour chez madame ou mademoiselle une telle.

Connaître le numéro

Delvau, 1866 : v. a. Avoir de l’habileté, de l’expérience, — dans l’argot du peuple, qui ne se doute pas que l’expression a appartenu à l’argot des chevaliers d’industrie. « Les escrocs disent d’une personne qu’ils n’ont pu duper : Celui-là sait le numéro, il n’y a rien à faire. » (Les Numéros parisiens, 1788.) Connaître le numéro de quelqu’un. Savoir ce qu’il cache ; connaître ses habitudes, son caractère, etc.

Connaître le numéro de quelqu’un

Larchey, 1865 : Être fixé sur sa valeur morale.

Je sais d’où tu viens, je sais par où tu as passé, je connais tous tes numéros.

Ces Dames, 1860.

France, 1907 : Connaître les côtés faibles d’une personne, ses habitudes, ses secrets.

Connaître le tour

Clémens, 1840 : Être roué, bon voleur.

Connaître le tour du bâton

France, 1907 : Savoir commettre d’adroites voleries.

Connaître le truc

Larchey, 1865 : Connaître le secret V. Cloporte.

Connaître les postures

Delvau, 1864 : Avoir appris dans l’Arétin, ou au bordel, les divers mouvements et positions du corps les plus propres à l’accomplissement de l’acte vénérien ; être très versée dans l’art de faire jouir les hommes.

Connaître son affaire

Delvau, 1864 : Se dit d’une femme rompue au métier d’amour et connaissant, par conséquent, tous les moyens à employer pour faire jouir les hommes.

Elle est belle, ma Joséphine !… et elle connaît son affaire…

Tisserand.

Connaître un vieux

Delvau, 1864 : Servir de maîtresse à un vieux libertin, essayer de tous les moyens connus pour le faire godiller.

J’ me mets à connaît’ un vieux, encore un autr’, un troisième, et pis, et pis…

Henry Monnier.

Connaître une femme

Delvau, 1864 : La baiser, qu’on la connaisse ou non.

Le bonhomme se vantait tout haut de n’avoir jamais connu que sa femme.

Tallemant des Réaux.

Connasse

Halbert, 1849 : Femme honnête.

Delvau, 1864 : Jeune fille sans expérience de l’amour, malhabile aux jeux de l’alcôve. — S’emploie aussi pour désigner un con de mauvaise mine, ou un grand con, ou un con de vieille femme. Quelques auteurs désignent, par le mot connasse, une femme honnête. Les femmes inscrites comme filles publiques à la police désignent souvent aussi par le nom de connasse les allés qui font habituellement la vie et qui craignent de se faire inscrire.

… À l’une sa connasse
Qui tombe par lambeaux…

Louis Protat.

Mais on sent aussi qu’un connichon aussi jeune ne pouvait admettra un vit qui ne décalottait pas encore, il me fallait une connasse.

(Anti-Justine, p. 3.)

Larchey, 1865 : Les femmes inscrites à la police donnent ce nom à toutes celles qui ne le sont pas.

France, 1907 : Femme honnête.

Conne

La Rue, 1894 : Mort. Connir, tuer.

Conneau

Delvau, 1864 : Diminutif de con.

O toi…
Dont le frais conneau
Sera toujours beau,
Il faut, pour que le carme abonde,
Contenter l’miché.

Dumoulin.

Connerie

Virmaître, 1894 : Bêtise
— Tu déconnes, tu ne sais pas ce que tu dis.
Mot à mot : tu es un c-o-n, pantoufle, un crétin. Ce mot ancien vient de conard. Il est employé dans le peuple pour désigner un autre objet (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Bêtise, stupidité.

France, 1907 : Acte on parole stupide. « Vous ne dites ou vous ne faites que des conneries. »

Connichon

Delvau, 1864 : Petit con où l’homme a de la peine a enfoncer sa « vivifique cheville. »

Connil

Delvau, 1864 : Petit con ; ou, par extension : Jeune pucelle. — V. Chasser aux connils.

Conniller

d’Hautel, 1808 : S’esquiver, s’échapper, chercher des subterfuges pour se tirer d’une mauvaise affaire.

Connin

France, 1907 : Nature de la femme, celle surtout de la petite fille.

Connir

Larchey, 1865 : Tuer (Vidocq). V. Sciage. — La mort est la conne.

Connobre

Rigaud, 1881 : Connaître, reconnaître, — dans le jargon des voleurs.

Connobrer

Larchey, 1865 : Reconnaître (id.). — Corruption de mot.

La Rue, 1894 : Connaître, reconnaître.

Connoissance

d’Hautel, 1808 : Se trouver en pays de connoissance. Rencontrer en un lieu des personnes que l’on connoit, et dont on est connu ; ou se trouver avec des étrangers dont on sait la langue.

Connoître

d’Hautel, 1808 : Il ne connoît pas sa main gauche d’avec sa main droite. Se dit par exagération d’un ignorant, d’un idiot, d’un homme sans moyens, sans capacité, et qui a la manie de parler de tout ce qu’il ne connoît pas.
Il ne connoît ni Dieu ni diable. Pour, rien ne peut arrêter son libertinage, ses déréglemens.
Avoir la conscience large. N’être ni scrupuleux ni délicat sur l’article de la probité.
Se mettre un verre de vin sur la conscience. Manière plaisante, pour dire, se réconforter avec un verre de vin.

Connu !

Delvau, 1866 : Exclamation de l’argot du peuple, qui l’emploie pour interrompre les importuns, les bavards — et même les éloquents. Signifie aussi : C’est usé ! Je ne crois plus à ces choses-la !

Conoblé

M.D., 1844 : Connu.

Conobler

M.D., 1844 : Connaître.

Rossignol, 1901 : Connaître, savoir.

Je sais qui tu es, je te conoble. — Tu ne vas pas m’apprendre à le conobler, j’ai été élevé avec lui.

Conobler ou connobrer

France, 1907 : Connaître. L’origine latine cognoscere est ici visible.

— Eh bien ! esgourdes-nous… Ton patron, ce vieux poteau, est, comme tu le conobles, un de nos faisandiers les plus costeaux.

(Edmond Lepelletier)

Montron drogue à sa largue ;
Bonnis-moi donc girofle ;
Qui sont ces pègres-là
Des grinchisseurs de bogues,
Esquinteurs de boutoques ;
Les connobre-tu pas !

(Chanson en argot)

Conobrer

Delvau, 1866 : v. a. Connaître, — dans l’argot des voleurs. Ce verbe ne viendrait-il pas de cognoscere, connaître, ou de cognobilis, facile à connaître.

Conombrer

Halbert, 1849 : Connaître.

France, 1907 : Même sens que ci-dessus.

Conottes

un détenu, 1846 : Dents.

Conquête

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse d’une heure ou d’un mois, — dans l’argot des bourgeois, Alexandres pacifiques.

Rigaud, 1881 : Triomphe de l’amour, d’homme à femme. — Triomphe de l’argent, de femme à homme. Faire des conquêtes, séduire un certain nombre de femmes, être aimé du beau sexe, lui plaire.

Conquêtes

Delvau, 1864 : Coups tirés, femmes baisées, hommes cocufiés.

O ma chère Victoire, quelles conquêtes vous avez faites dans votre putain de vie.

J. Le Vallois.

Adieu, conquêtes,
Joyeuses fêtes,
Où le Champagne au lansquenet s’unit.

Gustave Nadaud.

Conscience

Delvau, 1866 : s. f. Travail spécial, fait à la journée au heu de l’être aux pièces. Argot des typographes. Être en conscience, ou à la conscience. Travailler à la journée.

Rigaud, 1881 : Ventre, estomac. Se mettre un verre de vin sur la conscience, ingurgiter un verre de vin.

Puis quand il eut mis sur sa conscience un broc de vin blanc.

(Le Roux, Dict. comique.)

Rigaud, 1881 : Travail à la journée, en terme de typographe. — L’atelier des typographes payés à la journée. Homme de conscience, typographe payé à la journée.

Boutmy, 1883 : s. f. L’ensemble des ouvriers qui travaillent à la journée ou à l’heure, par opposition à ceux qui travaillent aux pièces.

Conscience (homme de)

France, 1907 : Ouvrier typographe qui travaille à la journée au lieu de travailler aux pièces. On dit : être en conscience ou à la conscience, pour : travailler à la journée, parce que le patron s’en rapporte à la conscience de l’ouvrier pour la quantité de travail à fournir.

Conscrar

Fustier, 1889 : Élève de première année à l’École Polytechnique.

C’est la première chose que les anciens apprennent aux conscrars lorsqu’ils arrivent à l’école.

(Gil-Blas, 1882. V. Delvau : Conscrit.)

Conscrard

France, 1907 : Élève de première année à l’École Polytechnique.

Le conscrard ne devient conscrit qu’après avoir subi les épreuves de l’absorption, du bahutage, suivant l’expression moderne, après avoir passé devant la commiss, et avoir entendu la lecture de sa cote sur l’estrade le jour de la séance des cotes. Jusque-là, il a été basculé, absorbé, bahuté, en un mot brimé par les anciens.

(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)

Quand on pense que les femmes,
Qui sont des êtres charmants,
Ont pu porter dans leurs flancs
Ces conscrards, êtres infâmes…
C’est à dégoûter vraiment
Du métier d’enfantement !

Conscrit

Delvau, 1866 : s. m. Élève de première année, — dans l’argot des Polytechniciens, dont beaucoup se destinent à l’armée. C’est aussi l’élève de seconde année à Saint-Cyr.

Fustier, 1889 : Normalien de première année.

France, 1907 : Jeune homme naïf. Les ouvriers donnent ce sobriquet à ceux d’entre eux qui débutent dans leur profession, ou qui travaillent maladroitement.

France, 1907 : Élève de première année aux écoles militaires et aussi à l’École Normale.

Conseil

d’Hautel, 1808 : À nouvelle affaire, nouveau conseil. Réponse que l’on fait à ceux qui prévoient de grands obstacles, de grands inconvéniens dans le succès d’une affaire.
La nuit donne ou porte conseil. Pour dire qu’on songe, qu’on réfléchit pendant la nuit à ce que l’on a agité pendant le jour.

Conseiller (vaiselle de)

Rigaud, 1881 : Argenterie volée, — dans l’ancien argot.

Conseilleur

d’Hautel, 1808 : Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Signifie que ceux qui se mêlent de donner des conseils téméraires, n’en partagent pas ordinairement les fâcheux résultats.

Conséquence

d’Hautel, 1808 : Ce n’est pas pour la conséquence. Locution défectueuse, et qui équivaut à, ce n’est pas pour le prix, la valeur ou l’intérêt de cette chose, etc.

Conséquent

d’Hautel, 1808 : Ce mot, depuis quelques années surtout, est continuellement employée d’une manière vicieuse, et tout-à-fait opposée au sens qui lui est propre. En effet, veut-on exprimer que quelqu’un a une fortune considérable, on dit : il a une fortune conséquente ; qu’il a fait une grande perte, il a fait une perte conséquente ; qu’un objet ou un emploi quelconque est important, il est conséquent. Enfin, ce mot sert indistinctement à désigner tout ce qui est grand, important, et d’une valeur extraordinaire.
On ne sauroit trop fixer l’attention sur ces grossiers barbarismes, qui semblent pour ainsi dire consacrés, par l’emploi qu’en font journellement des gens que la fortune sembleroit avoir voulu mettre au-dessus du vulgaire.

Conservatoire

Larchey, 1865 : Mont-de-Piété (Vidocq). — On y conserve les objets mis en gage.

Delvau, 1866 : s. m. Grand Mont-de-piété, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Mont-de-Piété. Le conservatoire des bardes et autres.

France, 1907 : Mont-de-piété. On y conserve en effet si bien les objets que souvent le propriétaire ne les revoit plus.

Conservatoire de la Villette (elève du)

Rigaud, 1881 : Expression dont se sert le peuple pour désigner un mauvais chanteur.

Conservatoire de la Villette (élève du)

France, 1907 : Mauvais chanteur.

Conserver sa fleur

Delvau, 1864 : Garder son pucelage.

Pour conserver c’te fleur qui d’vient si rare,
Ma Lisa, tiens bien ton bonnet.

E. Debraux.

Conserves

France, 1907 : Vieilles pièces de théâtre gardées en tiroir. Lunettes.

Conserves, légumes conservés

Rigaud, 1881 : Répertoire classique. — Dans l’argot des romantiques, les soirs où le Théâtre-Français exhibait les conserves, étaient les soirs réservés à l’ancien répertoire.

Consigne

d’Hautel, 1808 : Donner une consigne à quelqu’un. Lui donner un ordre qui doit être exécuté strictement. Ce mot, exclusivement consacré à l’art militaire, est de mauvais goût dans la conversation.

Rigaud, 1881 : Tringle de fer qui sert à attiser le feu d’un poêle ; tisonnier, — dans le jargon des troupiers.

France, 1907 : Tisonnier. « Ainsi nommé parce qu’il est terminé par un crochet (on dit accrocher pour consigner). » (Lorédan Larchey)

Consigne à gros grains

Merlin, 1888 : Être privé de sortie, c’est de la simple consigne ; mais être mis en prison, c’est dela consigne à gros grains.

Consolateur

France, 1907 : Bonneteur qui exploite les gogos dans les trains, au retour des courses. Il opère généralement avec deux autres filous chargés d’amorcer la dupe en commençant par gagner.

On se rappelle que ces consolateurs sont l’objet d’une chasse incessante : mais en revenant des courses on trouve toujours des gogos et des consolateurs.

(Hogier-Grison, Les Hommes de proie)

Consolation

Larchey, 1865 : Eau-de-vie. — Ce mot dit avec une éloquence navrante ce que le pauvre cherche souvent dans un petit verre ; — L’oubli momentané de ses maux, et souvent de sa faim.

Bon, il entre dans le débit de consolation.

E. Sue.

Delvau, 1866 : s. f. eau-de-vie, — dans l’argot du peuple, qui se console à peu de frais. Débit de consolation. Liquoriste, cabaret.

Rigaud, 1881 : Débit de liqueurs. — L’eau-de-vie est la consolation des ivrognes.

Fustier, 1889 : Jeu de hasard à l’usage des filous.

Au lieu du rendez-vous, on jouait la consolation, partie qui consiste à diviser un tapis vert en cases, au moyen de lignes tracées à la craie, à numéroter chaque compartiment depuis un jusqu’au chiffre maximum que peuvent produire un certain nombre de dés et à payer enfin à chaque individu le montant de la mise qui se trouve dans la case que désigne la somme des points amenés par le coup de dés.

(La Loi, 1882).

La Rue, 1894 : Partie de cartes ou de dés proposée par les bonneteurs en wagon.

Virmaître, 1894 : Jeu qui se joue dans les wagons de chemins de fer au retour des courses. Les bonneteurs offrent la consolation aux joueurs malheureux, qui ont celle de se voir encore dépouillés (Argot des camelots).

Rossignol, 1901 : C’est un jeu de hasard que l’on appelait dans le temps la parfaite égalité, et, comme disait le teneur, « un petit jeu franc et loyal qui ne craint ni la rousse ni le municipal, c’est le petit jeu de la bobinette ; celui qui a peur de perdre, faut pas qu’il y mette. » Le mot consolation date de 1876 ; l’auteur est un nomme Loustelet, marchand de bijoux en chambre, qui importa ce jeu aux courses. Il se jouait en chemin de fer, à l’aller et au retour des courses, puis on s’arrêtait chez un marchand de vin pour y continuer la partie. Lorsque les joueurs étaient décavés, Loustelet faisait tirer gratuitement un bijou entre les perdants, ce qui était la consolation. Voyant que son métier prospérait, Loustelet avait pris plusieurs commis qui tenaient ce jeu séparément et pour lui ; mais ce petit truc fut vite connu et les chemins de fer infestés de teneurs de consolation. À cette époque c’était le petit jeu franc et loyal, les dés à jouer étaient dans un cornet ; depuis, ils se mettent dans une boîte en bois où il y a un avantage pour le teneur et toujours escroquerie (la boîte est arnaquée).

France, 1907 : Jeu de filous qui se joue dans les wagons, au retour des courses, appelé ainsi pour soi-disant consoler ceux qui ont perdu. Il se joue avec trois dés et un tableau divisé en six cases. Quelques marchands de vins du voisinage de la gare Saint-Lazare sont connus pour offrir leur bar aux consolateurs.

Après le tirage du gros lot, on a recommencé la partie pour les vice-présidents ; c’est ce que, dans je monde des bonneteurs, on appelle le jeu de la consolation.

(Grosclaude, Gil Blas)

France, 1907 : Eau-de-vie.

Consolation (s’en offrir une)

Virmaître, 1894 : Aller boire un coup et même plusieurs chez le marchand de vin pour faire passer un chagrin réel ou imaginaire. Un assommoir de Belleville avait pris cette enseigne ; les buveurs se consolaient en s’empoisonnant (Argot du peuple).

Console

France, 1907 : Abréviation de consolation. Jeu de bonneteurs.

Consoler son café

Delvau, 1866 : Mettre de l’eau-de-vie dedans. Habitude normande, — très parisienne.

France, 1907 : Y mettre de l’eau-de-vie.

Consolette

France, 1907 : Abréviation de consolation.

Mais la cueillette est meilleure dans les trains de banlieue où les bonneteurs offrent aux victimes du turf la petite partie dite la consolette. Cette escroquerie a été expliquée cent fois, ce qui n’empêche pas les naïfs de s’y laisser perpétuellement prendre. On connaît la combinaison. Étant données trois coquilles de noix dont l’une recouvre un pois, où trois cartes dont l’une est gagnante, le bonneteur mélange avec une feinte gaucherie coquilles ou cartes, et offre à mises égales de deviner la bonne. Un spectateur essaye et réussit à tout coup. C’est un compère, un comte, en argot professionnel. Encouragés par ce résultat, d’autres voyageurs parient et perdent. Ce sont les pantes.

(Guy Tomel, Le Bas du Pavé parisien)

Consomm

Larchey, 1865 : Rafraîchissement. — Abrév. de consommation.

Ces dames doivent être altérées par la danse, ce dont elles ne disconviennent pas. Partant de là, il les supplie d’accepter une consomm.

Mornand.

France, 1907 : Apocope de consommation.

Consomme

Delvau, 1866 : s. f. Apocope de consommation, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Consommation.

Consommer le sacrifice

Delvau, 1864 : Faire l’acte copulatif depuis A jusqu’à Z, depuis le premier baiser qui joint les lèvres d’en haut, jusqu’au dernier spasme qui distend les lèvres d’en bas.

… Dès que le sacrifice
Est consommé, l’on se tourne le dos.

Louis Protat.

Consommer son kabyle

Delvau, 1864 : Pédéraster un indigène, — dans l’argot des troupiers d’Afrique.

Quand il consommait son Kabyle,
On entendait sous le gourbi,
Au milieu de la nuit tranquille,
Le succube pousser ce cri…

Alexandre Pothey.

Conspiration du silence

Rigaud, 1881 : Entente tacite de la presse, — la seule peut-être qui existe — dans le but d’étouffer un nouveau journal sous le poids du silence, un silence plus préjudiciable que les critiques les plus acerbes. En vain pour le faire rompre, le nouveau venu passe-t-il de la flatterie aux invectives et des invectives à la provocation : Nouvelles à sensation, premiers-Paris remarquables, articles originaux, autant d’encre perdue. Les vétérans du journalisme demeurent muets ; puis, un beau jour, la feuille infortunée rend le dernier soupir sans que le public se soit seulement douté de son existence ; et un autre beau jour, les articles originaux morts-nés, légèrement démarqués, obtiennent un succès prodigieux dans la feuille d’un des conspirateurs sans délicatesse.

Constant

d’Hautel, 1808 : Bouquet penchant, amant constant. Dicton badin dont on amuse les jeunes demoiselles, lorsque les fleurs qu’elles portent à leur sein se fanent et s’inclinent.

Constante

Delvau, 1866 : s. f. Nom que les Polytechniciens donnent à relève externe, parce que l’externe sort de l’école comme il y est entré : il n’a pas d’avancement ; il n’est pas choyé, il joue au milieu de ses camarades le rôle de la constante dans les calculs : il passe par toutes les transformations sans que sa nature en subisse aucune variation.

France, 1907 : Élève externe de l’École Polytechnique. Ils sont ainsi plusieurs envoyés en France par leur gouvernement pour perfectionner leur instruction.

Ils ne participent à aucun classement, ils n’ont pas de costume spécial ; avant pas d’uniforme, ils n’ont naturellement pas d’épée, c’est-à-dire de tangente : ayant une tangente nulle, ce sont des constantes.
Ces jeunes gens appartiennent pour la plupart, à des familles considérables. Quelques-uns d’entre eux, rentrés dans leur patrie après deux années de séjour à l’Ecole, n’ont pas tardé à conquérir une grande réputation.

(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)

On donne, par extension, disent les mêmes auteurs, le nom de constante à l’élève qui fréquente une salle autre que la sienne.

Constipé

d’Hautel, 1808 : Avoir une mine constipée. Être triste ; avoir de l’humeur ; faire la lipe.

Consulter Larousse

Fustier, 1889 : ou, pour parler plus clairement : consulter le Dictionnaire rédigé par M. Larousse. Argot des écoles. Je vais consulter Larousse à la bibliothèque, disent à leurs parents les jeunes collégiens de seize à dix-huit ans. Et au lieu de se rendre à la bibliothèque Sainte-Geneviève ou dans un cabinet de lecture, ils s’en vont tout droit… à la plus proche brasserie desservie par des femmes.

Les tout jeunes gens y vont (dans ces brasseries) sous prétexte de boire un bock et de consulter le Dictionnaire Larousse. Aujourd’hui, ces deux mots : Consulter Larousse ont, dans le langage des lycées, un sens sur lequel je n’ai pas besoin d’insister.

(La Ligue, juillet 1885.)

Conte

d’Hautel, 1808 : Des contes à Robert mon oncle. Fariboles, bourdes, menteries, gasconnades.

Conte bleu

France, 1907 : Histoire invraisemblable, comme celles imprimées pour les enfants dans la bibliothèque dite bleue.

Content

d’Hautel, 1808 : Content comme un vilain. Pour dire, rien moins que satisfait ; homme trompé dans son attente, qui s’en va sans mot dire, mais dont le silence atteste le mécontentement.
Content comme un chien qu’on fouette. Contrarié, mécontent, qui éprouve un déplaisir intérieur.
Est heureux qui est content. On sous-entend de son sort ; car le vrai bonheur consiste à se contenter de ce que l’on possède.
Avoir l’air content ; être content de sa personne. Paroître gai, enjoué ; avoir bonne opinion de soi ; être prévenu en sa faveur.

Contentement

d’Hautel, 1808 : Contentement passe richesse. Signifie que ce ne sont pas les grandes richesses qui rendent heureux, mais bien une vie douce, tranquille et exempte de tout remords.

Contenter un homme

Delvau, 1864 : Le bien branler s’il aime cela, ou bien jouer des reins sous lui afin de le faire jouir.

Voici la recueil des principales choses que vous devez savoir pour contenter vos maris quand vous en aurez.

Mililot.

Malgré son air renfrogné,
En tout point je le contente ;
S’il me laisse un’ petit’ rente,
Ça s’ra d’ l’argent bien gagné !

Jules Poincloud.

Conter

d’Hautel, 1808 : Conte ton conte. Se dit par ironie, pour avertir quelqu’un que l’on n’est pas dupe de ses discours ; que c’est en vain qu’il cherche à en imposer.
Contes de vieilles ; de Peau-d’Âne ; de la Mère-l’Oie ; contes à la cigogne, à dormir de bout ; conte en l’air ; conte borgne ; conte bleu ; conte jaune, etc., etc. Niaiseries, frivolités insipides, dénuées de vraisemblance et de fondement ; vieilles histoires dont on berce les enfans.
En conter à quelqu’un. Le tromper, lui dissimuler la vérité.
On dit aussi d’une femme qui prête l’oreille aux discours galans, qu’Elle s’en fait conter.
En conter de rudes, de pommées.
Se complaire à débiter des faussetés, à faire de grossiers mensonges.

Conter à Dache où au perruquier des zouaves

France, 1907 : Expression militaire qui signifie : Je ne vous crois pas. Allez conter cela aux imbéciles.
Dache était, parait-il, un soldat resté légendaire pour sa naïveté au 3e régiment de zouaves. Les Anglais ont une expression analogue, ils disent : Contez cela aux soldats d’infanterie de marine (Tell that to the marines).

Conter à une femme (en)

Delvau, 1864 : Faire l’amour avec elle, — l’amour, ce conte des Mille et une Nuits, improvisé par tout homme galant en l’honneur de toute femme galante.

Conter fleurette

France, 1907 : Débiter des riens aimables, faire des compliments aux jeunes femmes et aux jeunes filles.

On sent, Claudine, en te contant fleurette,
Qu’il est plus doux, plus piquant pour l’amour
De chiffonner ta simple collerette,
Que les clinquants d’une riche toilette
Dont sont chargés tous nos tétons de cour.

Cette locution est fort ancienne : en voici l’origine :

Les jardiniers faisaient le commerce des roses qu’ils vendaient fort cher à la cour de Philippe Le Bel et de Louis le Hutin, ainsi qu’aux couples qui fréquentaient leurs treilles ombragées de rosiers. La locution conter fleurette trouve là son origine, parce que de hautes dames, des damoiselles et des damoiseaux de la Cité venaient au milieu des roses danser de belles caroles et se chuchotaient à l’oreille.

Cette explication est, en effet, conforme à Bescherelle, Littré et quelques autres savants, qui pensent que c’est par une métaphore facile à saisir que des propos galants ont été assimilés à une petite et jolie fleur. Littré ajoute que nous avions le mot fleureter, babiller, dire des riens, que les académiciens out supprimé, et dont les Anglais ont fait flirt (prononcer fleurt), verbe que les jeunés misses aiment tant à conjuguer. Ce qui confirmerait dans cette opinion, c’est que les Latins se servaient de la même expression : rosas loqui, — dire des roses, — qu’ils tenaient eux-mêmes des Grecs, lesquels l’avaient prise des Persans, qui, peut-être, l’avaient empruntée aux Babyloniens, etc. ; l’on pourrait remonter ainsi jusqu’aux flirtations de notre mère Eve.
Cependant, je suis d’avis que Bescherelle, Littré et les autres se trompent, et voici pourquoi :
Conter fleurette s’écrivait, au XIIIe siècle, cunter des flurettes, c’est-à-dire compter de petites pièces de monnaie d’argent appelées ainsi à cause d’une fleur marquée an revers. Comment est-on arrivé à changer le sens primitif de cette expression ? Est-ce parce que ces pièces ayant, à la suite d’une refonte ou de faux monnayages si communs alors, perdu de leur valeur, l’on disait des gens à parole dorée, des hâbleurs, des gascons : « Ils comptent des fleurettes » — ils veulent faire passer pour de bon aloi des pièces qui ne valent rien ? Ou bien compter des fleurettes à une jeune fille, c’est-à-dire lui glisser dans la main de petites pièces d’argent, était-il, en ces siècles cyniques et grossiers, un moyen immoral de fondre sa vertu ?
Je suis assez disposé pour cette seconde version, laissant à un plus érudit le soin de la certifier.

Conter quelque chose au perruquier des zouaves

Fustier, 1889 : Argot militaire. Ne pas croire à cette chose.

Conteur

d’Hautel, 1808 : Un conteur de fagots. Hâbleur ; homme qui cherche à se rendre plaisant aux dépens du bon sens, de la raison et de la vérité.

Contre

d’Hautel, 1808 : Aller contre vent et marée. S’engager dans une affaire, malgré toutes les contrariétés qui s’opposent à son succès.
Si vous voulez prendre cette peine, je n’ai rien contre. Signifie, je ne m’oppose point à ce que vous preniez cette peine ; j’accède volontiers à votre désir.
Faire contre fortune bon cœur. Voy. Cœur.

Delvau, 1866 : s. m. Consommation personnelle, au café, que l’on joue avec une autre personne contre sa consommation.

France, 1907 : Consommation jouée au café.

France, 1907 : Complice d’un filou.

Le directeur d’un journal de sport a annoncé à ses lecteurs une prime de cinq cents francs pour celui qui donnerait au journal les meilleurs pronostics, c’est-à-dire qui désignerait à l’avance les gagnants d’une journée de courses d’Auteuil, de Longchamps où de tout autre hippodrome.
Or, nous le faisons remarquer aux naïfs, les cinq cents francs seront toujours gagnés par des amis du journal, autrement dit : par des complices ou contres.

(Hogier-Grison, Le Monde où l’on flibuste)

Contre-allumeur

France, 1907 : Espion employé par les voleurs pour jouer les agents de la sûreté ou les espions de la police.

Contre-Basse

Rigaud, 1881 : Derrière, — dans le jargon des voyous. — Travailler la contre-basse, porter des coups de pied au derrière. Sauter sur la contre-basse, même signification.

Contre-coup

Rigaud, 1881 : Contre-maître. — Contre-coup de la boîte, contre-maître de l’usine, de l’atelier.

Virmaître, 1894 : Contre-maître. Quand un ouvrier fait un loup (manque une pièce), c’est le contremaître qui reçoit le contre-coup du patron (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Contre-maître.

France, 1907 : Contremaître. Il reçoit en effet le contre-coup du patron lorsqu’un ouvrier se trompe.

Contre-marque du Père-Lachaise

Rigaud, 1881 : Médaille de Sainte-Hélène. Cette médaille a été accordée sous Napoléon III à tous les anciens soldats du premier Empire. Elle a été saluée également du sobriquet de médaille en chocolat, par allusion à sa couleur.

Contre-poil

d’Hautel, 1808 : Il a pris cette affaire à contre-poil. Pour dire, à rebours, mal-à-propos, dans un sens tout opposé à celui qui lui étoit propre.

Contre-temps

Delvau, 1864 : Fiasco amoureux.

À l’amant vieux et blême
Que tourmente Vénus,
Qui dit encor qu’il aime
Et ne le prouve plus.
Tu promets assistance
Contre les contre-temps.

Collé.

Contrebasse

France, 1907 : Pantalon. Sauter sur la contrebasse, donner un coup de pied au derrière.

Contrecoup

Hayard, 1907 : Contre-maître.

Contreficher (s’en)

France, 1907 : Se moquer de quelque chose, ne pas y prêter la moindre attention. « Je m’en fiche et je m’en contrefiche ! Je m’en fous et je m’en contrefous ! »

Contremarque du Père-Lachaise

France, 1907 : C’est la médaille de Sainte-Héléne que Napoléon III fit frapper en l’honneur des vieux serviteurs du premier Empire. Elle est aussi appelée médaille en chocolat, en raison de sa couleur.

Contribuable

La Rue, 1894 : L’homme volé.

France, 1907 : Volé. Tout contribuable, en effet, se dit volé par le fisc.

Contrôle

Delvau, 1866 : s. m. Flétrissure, marque de fer rouge sur l’épaule des forçats, — dans l’argot des prisons.

France, 1907 : On appelait ainsi la marque de fer rouge que l’on posait sur l’épaule des forçats à leur entrée au bagne.

Contrôler

Delvau, 1866 : v. a. Donner un coup de talon de botte sur la figure de quelqu’un. Argot des faubouriens. On dit aussi mettre le contrôle.

France, 1907 : Donner un coup de talon de soulier où de botte sur le visage du pante que l’on vient d’assommer et de dévaliser.

Contumace

d’Hautel, 1808 : Absent. Beaucoup de personnes disent à tort, coutumace.

Convalescence

Delvau, 1866 : s. f. Surveillance de la haute police, — dans l’argot des voleurs. Être en convalescence. Être sous la surveillance de la police.

Rigaud, 1881 : Surveillance de la haute police. Sortir de convalescence, ne plus être sous la surveillance de la police.

La Rue, 1894 : Surveillance de la haute police.

Hayard, 1907 : Surveillance, interdiction de séjour.

Convalescence (être en)

Virmaître, 1894 : Sous la surveillance de la haute police (Argot des voleurs). V. Surbine.

France, 1907 : Être sous la surveillance de la haute police.

Conversation criminelle

Delvau, 1864 : Celle qui a souvent lieu entre un homme et une femme mariée à un autre homme. — Cette aimable conversation se tient ordinairement ventre contre ventre, avec des baisers et des soupirs à la clef.

France, 1907 : Duo d’amants. La conversation n’est criminelle que pour l’époux ou l’épouse outragé.

Conversion

d’Hautel, 1808 : On ne demande pas la mort du pécheur, mais sa conversion. Signifie qu’en toute chose il faut proportionner la peine au délit, et laisser toujours une porte au repentir.

Convoitise de moines blancs, jalousie de moines noirs

France, 1907 : Ce vieux dicton mérite d’être rappelé. Aux XIIe et XIIIe siècles, dit Crapelet dans ses Proverbes et Dictons populaires, on partageait tous les moines en deux classes, les noirs et les blancs, distingués par la couleur de leur habit et la différence de leur règle. Les noirs suivaient la règle de saint Benoit et les blancs celle de saint Augustin. C’étaient les prémontrés, les chartreux, les carmes, les bernardins. Moins anciens que les noirs et par conséquent moins riches, ils convoitaient les richesses de ceux-ci et faisaient tout pour attirer à eux les fidèles. De leur côté, les moines noirs voyaient avec dépit et jalousie le succès croissant de leurs rivaux. Ces dictons contre les moines sont fort nombreux.

Méchante chair que chair de moine.

Le moine, la nonne et la béguine
Sont fort pires qui n’en ont la mine.

Mieux vaut gaudir de son patrimoine
Que le laisser à un ribaud moine.

Moines, monnaius, prestres et poullets
Ne sont jamais pleins ne saoulez.

Quand l’abbé tient taverne, les moines peuvent aller au vin.

Quand l’abbé danse à la cour, les moines sont en rut aux forêts.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique