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Cas

Cas

d’Hautel, 1808 : Mettre des si et des cas dans une affaire. Signifie, hésiter, tâtonner, barguigner ; être dans l’incertitude ; ne savoir à quoi se décider.
Tous vilains cas sont reniables. Parce qu’il est de la foiblesse humaine de nier les fautes que l’on a commises.
On dit faire son cas. Pour se décharger le ventre ; faire ses nécessités.

Delvau, 1864 : Le membre viril aussi bien que la nature de la femme.

Un capucin, malade de luxure,
Montroit son cas, de virus infecté…

Piron.

Je croyois que Marthe dût être
Bien parfaite en tout ce qu’elle a ;
Mais, à ce que je puis connoître,
Je me trompe bien à cela,
Car, bien parfaite, elle n’est pas
Toujours en besogne à son cas.

Berthelot.

Qui a froid aux pieds, la roupie au nez, et le cas mol, s’il demande à le faire, est un fol.

(Moyen de parvenir.)

Mon cas, fier de mainte conquête.
En Espagnol portoit la tete.

Regnier.

Il avoit sa femme couchée près de lui, et qui lui tenoit son cas à pleine main.

Brantôme.

Les tétons mignons de la belle,
Et son petit cas, qui tant vaut.

Marot.

Le cas d’une fille est fait de chair de ciron, il démange toujours ; et celui des femmes est de terre de marais, on y enfonce jusqu’au ventre.

Brantôme

La servante avait la réputation d’avoir le plus grand cas qui fût dans le pays.

D’Ouville.

Delvau, 1866 : s. m. La lie du corps humain, les fèces humaines, dont la chute (casus) est plus ou moins bruyante. Faire son cas, Alvum deponere. Montrer son cas. Se découvrir de manière à blesser la décence.

France, 1907 : Le derrière, où ce qui en sort. Montrer son cas, faire son cas.

Et parce qu’un ivrogne a posé là son cas,
Pourquoi, mèr’ Badoureau, faire autant de fracas !
Cela pourra servir d’enseigne à votre porte
Il a l’odeur du cuir ; il est vrai qu’elle est forte.

(Vieux quatrain)

Les écrivains du XVIe siècle appellent cas ce que Diderot a plus tard appelé bijou. Au chapitre LXIV du Moyen de parvenir, l’auteur s’adresse aux femmes qui se font un revenu de leur cas. « Je vous dis que vous mesnagiez bien vos métairies naturelles. »

Casaquin

d’Hautel, 1808 : Diminutif de casaque, pour dire le derrière de la poitrine, le dos.
On lui a donné sur le casaquin. C’est-à-dire, il a reçu une volée de coups de bâton.
Traîner son casaquin. Mener une vie disetteuse et pénible.

Larchey, 1865 : Corps (d’Hautel 1808).

Je te tombe sur la bosse, je te tanne le casaquin.

Paillet.

Delvau, 1866 : s. m. Le corps humain, — dans l’argot du peuple. Sauter ou tomber sur le casaquin à quelqu’un. Battre quelqu’un, le rouer de coups. Avoir quelque chose dans le casaquin. Être inquiet, tourmenté par un projet ou par la maladie.

France, 1907 : Le corps humain. Avoir quelque chose dans le casaquin, être mal à son aise. Tomber sur le casaquin de quelqu’un, le battre.

Un de ces quatre matins, le populo tombera sur le casaquin de toute cette vermine, et la foutra en capilotade.

(Père Peinard)

Se faite crever le casaquin, se faire tuer.

Si s’rait parti pour el’ Tonkin,
L’s’rait fait crever l’casaquin
Comm’ Rivière…

(Aristide Bruant)

Se faire crever le casaquin se dit aussi pour se fatiguer.

Casaquin (travailler le)

Rigaud, 1881 : Mot à mot : travailler sur la casaque de quelqu’un à coups de poing. — Le vêtement est pris pour la personne elle-même. — Variante : Prendre mesure d’un casaquin.

Tiens, v’là Madeleine et Marie-Jeanne qui vont s’ prendre mesure d’un casaquin.

(E. Bourget, La Reine des Halles, chans.)

Cascade

Delvau, 1866 : s. f. Plaisanterie ; manque de parole, — chute de promesse.

Rigaud, 1881 : Bouffonnerie. — Fredaine.

France, 1907 : Légèreté, manque de parole, défauts particuliers aux Parisiens.

Cascader

Rigaud, 1881 : Faire des folies, se livrer à des bouffonneries. Dire de grosses plaisanteries. — En style de théâtre, charger un rôle, ajouter au rôle des facéties d’un goût souvent douteux ; improviser des bouffonneries.

La Rue, 1894 : Mener une vie déréglée. Cascadeur, cascadeuse, homme, femme menant une vie déréglée.

France, 1907 : Mener joyeuse vie. Se dit aussi d’un acteur qui fait des interpolations dans son rôle.

Dis-moi, Vénus, quel plaisir trouves-tu
À faire ainsi cascades la vertu ?

(La Belle Hélène)

Cascades

d’Hautel, 1808 : Faire ses cascades. Faire des fredaines ; mener une vie irrégulière et libertine, faire des siennes.

Larchey, 1865 : Vicissitudes, folies.

Sur la terre j’ai fait mes cascades.

Robert Macaire, chanson, 1836.

Delvau, 1866 : s. f. pl. Fantaisies bouffonnes, inégalités grotesques, improvisations fantasques, — dans l’argot des coulisses.

France, 1907 : Farces, folies de femmes légères, et aussi les fantaisies que se permettent certains acteurs en scène.

Ce galant monarque dont les cascades amoureuses auraient rendu jaloux Lovelace lui-même, tout en cultivant le terrain d’autrui, m’avait pas trop négligé celui de sa femme, car, à son lit de mort, il était entouré d’une demi-douzaine de grands-ducs, tous plus solides les uns que les autres.

(Serge Nossoff, La Russie galante)

M. Prudhomme marie son fils.
Naturellement, toute la noce va faire le traditionnel tour du lac.
Arrivé à la cascade, le beau-père rassemble solennellement tous les invités autour de lui, et, s’adressant à sa bru, lui dit en lui montrant le rocher :
— Vous voyez lien cette cascade, madame… Tâchez de n’en jamais connaître, ni commettre d’autres.

Cascades (faire des)

Larchey, 1865 : « Ce mot dépeint les fantaisies bouffonnes, les inégalités grotesques, les lazzi hors de propos, les improvisations les plus fantasques. »

J. Duflot.

Cascadeur

Rigaud, 1881 : Farceur qui professe la cascade.

France, 1907 : Faiseur de cascades.

Il y a une dizaine d’années, mon oncle de Châlons-sur-Marne… voulait me céder son magasin de corsets plastiques. Que n’ai-je accepté ? Au lieu de lasser mes lecteurs, j’aurais lacé bien des petites dames qui m’auraient remercié le sourire aux lèvres, tandis que mes lecteurs, mes idiots de lecteurs, épluchant mes phrases, scrutant ma pensée ne s’écrient que ceci chaque dimanche : Quel cascadeur que ce Rossignol !

(Léon Rossignol, Lettres d’un mauvais jeune homme à sa Nini)

Cascadeuse

Delvau, 1864 : Drôlesse du quartier Breda, qui se joue de l’amour et des amoureux.

Ne t’y fie pas : c’est uns cascadeuse.

Charles Monselet.

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui, — dans l’argot des faubouriens, — laisse continuellement la clé sur la porte de son cœur, où peuvent entrer indifféremment le coiffeur et l’artiste, le caprice et le protecteur.

Rigaud, 1881 : Femme qui court les lieux où l’on s’amuse. — Farceuse qui de la cascade n’a que la chute.

France, 1907 : Jeune personne qui a jeté son bonnet par-dessus les moulins.
Le mot est aussi employé adjectivement. On dit une toilette cascadeuse.

On voit passer la femme honnête
Qui marche en portant haut la tête,
Sur l’Boul’vard ;
On voit des p’tits jeun’s gens godiches,
Des gens pauvres et des gens riches,
On voit des gomineux, des gomineuses
Avec leurs toilettes cascadeuses,
Et l’on voit plus d’une vieille cocotte
Qui bientôt portera la hotte
Sur l’boul’vard.

(Aristide Bruant)

Cascaret

d’Hautel, 1808 : Nom baroque et injurieux que l’on donne à un homme de basse extraction. Ce mot ne s’applique qu’aux animaux ; particulièrement aux chiens et aux cochons.

Delvau, 1866 : s. m. Homme sans importance, de mine malheureuse ou d’apparence chétive. Argot du peuple.

France, 1907 : Homme malingre, de mine chétive. Pièce de deux francs.

Case

Delvau, 1864 : La nature de la femme, — dans laquelle se trémousse si agréablement le petit oiseau à longue queue que les savants appellent penis et les ignorants, pine.

Des autres perroquets il diffère pourtant,
Car eux fuient la cage, et lui, il l’aime tant,
Qu’il n’y est jamais mis qu’il n’en pleure de joie.

(Cabinet satyrique.)

Elle le prit de sa main blanche,
Et puis dans sa cage le mit.

Regnard.

Lisette avait dans un endroit
Une cage secrète :
Lucas l’entrouvrit, et tout droit
D’abord l’oiseau s’y jette.

Collé.

Delvau, 1866 : s. f. Maison, logement quelconque, — dans l’argot du peuple, qui parle latin sans le savoir. Le patron de la case. Le maître de la maison, d’un établissement quelconque ; le locataire d’une boutique, d’un logement.

France, 1907 : Habitation, lieu où l’on demeure : du latin casa. Le patron de la case, le chef de l’établissement.
C’est aussi, au masculin, l’abréviation de casino.

Travaille dans les rups bastringues,
Au case avec tes belles fringues,
Monte vite un chaud reversy…
Pour si peu t’auras pas Poissy…

(Hogier-Grison, Pigeons et vautours)

Case (la)

Rossignol, 1901 : Domicile.

Caser

Fustier, 1889 : Abrév. de casernement. Argot des élèves de l’École Polytechnique.

France, 1907 : Placer, mettre en case, but du bourgeois qui n’est jamais plus heureux que lorsqu’il met les siens hors des luttes de la vie, c’est-à-dire quand il a fait de ses fils et de ses filles des moules et des oies.

« J’ai casé mon fils, ma fille, » se dit notamment quand la demoiselle est bossue et quand le jeune homme est un sacripant.

(Docteur Grégoire, Dictionnaire humoristique)

France, 1907 : Chambre, argot de l’École Polytechnique ; abréviation de casernement.

Le confortable règne maintenant dans l’École. On y mange mieux que jadis : on y fuit l’exercice du canon et, les jours de pluie, les élèves se promènent à l’aise sous une vaste véranda. Ce sont là des détails insignifiants : les murs de l’École sont neufs, les casers sont meublés de lits éblouissants ; l’esprit de l’École n’a point varié.

(Charles Leser)

Caserne

d’Hautel, 1808 : Au propre, quartier, logement de soldats. Au figuré, terme de mépris qui se dit d’une mauvaise maison, ou les domestiques sont mal payés et mal nourris ; d’un atelier ou les ouvriers ne peuvent retirer leurs journées.

Casimir

Delvau, 1866 : s. m. Gilet, — dans le même argot [du peuple].

Rigaud, 1881 : Gilet.

Virmaître, 1894 : Gilet. Allusion à l’étoffe (Argot des voleurs). V. Boîte à Sigue.

Casin

Rigaud, 1881 : Jeu de la poule au billard. — Jouer le casin.

France, 1907 : Poule, au jeu de billard.

Casineux

France, 1907 : Habitué de casino.

Casoar

Rigaud, 1881 : Plumet du shako des élèves de Saint-Cyr ; par extension, toute volaille servie sur la table de l’École est saluée du nom de casoar.

France, 1907 : Plume du shako des élèves de l’École de Saint-Cyr.

Casque

Larchey, 1865 : Chapeau rond. — Casque à mèche : Bonnet de coton à mèche.

Il dévoilera les mensonges cotonneux de madame et apportera dans le salon le casque a mèche de monsieur.

Th. Gautier.

Delvau, 1866 : s. m. Effronterie, aplomb, blague du charlatan. Avoir du casque, c’est-à-dire parler avec la faconde de Mangin.

Delvau, 1866 : s. m. Chapeau, — dans l’argot des faubouriens, pour qui c’est le mâle de casquette. Casque-à-mèche. Bonnet de coton.

Rigaud, 1881 : Talent oratoire du saltimbanque. — Avoir du casque, rappeler feu Mangin par les belles manières et la facilité d’élocution. — Il y a des hommes politiques qui ont du casque, presque autant que ce fameux marchand de crayons.

France, 1907 : Chapeau. Casque à mèche, bonnet de coton.

France, 1907 : Aplomb, effronterie, blague, Comme en ont les charlatans habituellement coiffés du casque, d’où l’expression : avoir du casque, posséder l’effronterie et la faconde d’un marchand d’orviétan. Avoir son casque, être ivre.

Casque (avoir le)

Rigaud, 1881 : Éprouver une douleur névralgique à la calotte de la tête, le lendemain d’un excès bachique. — Avoir son casque de pompier, avoir la tête très lourde par suite d’ivresse, comme si l’on portait un casque.

Rigaud, 1881 : C’est ce que les filles traduisent par avoir un caprice pour un homme. Mot à mot : être solidement coiffé de quelqu’un, avoir quelque chose comme un béguin d’acier.

La Rue, 1894 : Avoir la tête lourde par suite d’ivresse. Signifie aussi avoir un caprice.

Virmaître, 1894 : Être malin, savoir profiter des occasions, les saisir aux cheveux, même lorsqu’elles sont chauves. Avoir son casque : avoir bu a en être saturé.
— Il a son casque, il en a plein la peau (Argot du peuple).

Casque (avoir son)

Delvau, 1866 : v. a. Être complètement gris, — ce qui amène naturellement une violente migraine, celle que les médecins appellent galea, parce qu’elle vous coiffe comme avec un casque.

Casque (coup de)

anon., 1907 : Le moment de payer.

Casque à auvent

France, 1907 : Casquette.

Casque-à-mèche

Rigaud, 1881 : Apprenti commis dans un magasin de bonneterie.

Merlin, 1888 : Bonnet de nuit. Expression usitée dans le langage familier ordinaire, mais qui a évidemment pour lieu d’origine la caserne.

Casquer

Halbert, 1849 : Croire un mensonge.

Delvau, 1864 : Donner de l’argent à use femme galante quand on est miche, à un maquereau quand on est femme galante. Casquer, c’est tendre son casque ; tendre son casque, c’est tendre la main : la fille d’amour tend la main, et l’homme qui bande y met le salaire exigé pour avoir le droit d’y mettre sa queue.

En ai-je t’y reçu de l’argent des menesses !… Oui, elles ont casqué, et dru !…

Lemercier de Neuville.

Larchey, 1865 : Donner dans un piège. — Mot à mot : tomber tête baissée dans un casque, c’est à dire dans une enveloppe assez épaisse pour ne rien apercevoir. — De là aussi casquer dans le sens de : donner de l’argent sans voir qu’il est escroqué. V. Cavé.

Delvau, 1866 : v. n. Payer, — dans l’argot des filles et des voleurs, qui, comme Bélisaire, vous tendent leur casque, avec prière — armée — de déposer votre offrande dedans.
Signifie aussi : donner aveuglément dans un piège, — de l’italien cascare, tomber, dit M. Francisque Michel.
Ce verbe a enfin une troisième signification, qui participe plus de la seconde que de la première, — celle qui est contenue dans cette phrase fréquemment employée par le peuple : J’ai casqué pour le roublard (je l’ai pris pour un malin).

Rigaud, 1881 : Donner de l’argent de mauvaise grâce. — Allusion au casque de Bélisaire dans lequel les âmes sensibles de l’époque déposaient leurs aumônes. — Celui à qui l’on tire une carotte « casque ».

C’est pas tout ça ! Casques-tu, oui ou non ?

(Vast-Ricouard, Le Tripot.)

Boutmy, 1883 : v. intr. Payer plus souvent qu’à son tour : faire casquer un plâtre. Par extension, taquiner.

Merlin, 1888 : Abouler, payer pour les autres.

La Rue, 1894 : Payer. Donner dans un piège. Ne pas casquer, refuser.

Virmaître, 1894 : Payer (Argot des filles). V. Billancher.

Rossignol, 1901 : Payer, croire.

C’est une banne pâte, nous allons le faire casquer d’une tournée. — Il casque ; il croit ce que je lui ai dit.

Hayard, 1907 : Payer.

France, 1907 : Payer ; argot populaire.

Un député, occupant, par suite de circonstances spéciales, une très haute position et disposant, de par sa parenté, d’influences considérables, aurait dit ou fait dire à un aspirant au ruban rouge :
— Si vous voulez la décoration, intéressez-vous dans mes affaires pour une somme de…
L’homme aurait casqué, et… aurait été décoré.

(Le Mot d’Ordre)

— Les femmes, vous le savez, je les estime à leur juste valeur et faut vraiment être un vrai pante pour casquer avec elles… Vous savez aussi si je les aime, les pantes… Pourtant il y a des cas où un homme d’honneur est obligé de faire comme eux…

(Oscar Méténier)

Tranquilles, jouissons,
Mangeons, buvons, pissons,
Vivons sans masque,
Jusqu’à satiété,
Car qui, qui Casque ?
C’est la société !

(Jules Jouy)

Mort aux vaches ! Mort aux fripons !
Ceux qui chassent la bête humaine,
Faut-il donc que l’on se démène
Pour aller coucher sous les ponts !
L’œil au guet et l’oreille ouverte,
On se fout un peu des roussins,
On peut se faire des coussins
Avec des paquets d’herbe verte.
On dort mieux sous le bleu du ciel
Quand les megs ont l’âme romaine :
Pas casquer c’est l’essentiel,
La rue apparait large ouverte,
On rigole loin des roussins
Et les mômes ont des coussins
Pour leur tête sur l’herbe verte.

(Edmond Bourgeois)

anon., 1907 : Payer.

Casquette

Larchey, 1865 : Chapeau de femme. V. Chouette.

Delvau, 1866 : s. f. Chapeau de femme, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Ivre. Être casquette.

Un peu casquette,
Plus d’un buveur
Dehors rejette
La divine liqueur.

(L. Festeau, Un jour de fête à la barrière.)

France, 1907 : Argent dépensé au café : du verbe casquer.

Casquette (être)

Delvau, 1866 : v. n. Être sur la pente d’une forte ivresse, avoir son casque.

France, 1907 : Être ivre.

T’en souviens-tu, j’avais uns jaquette
Qui nous servait, en hiver, d’édredon ?
Dans ce temps-là, j’étais souvent casquette,
Et tu m’app’lais ton chéri, ton trognon.
Dans ce temps-là, t’avais, simple grisette,
Moins de velours sur un corps plus dodu…

(Léon Rossignol)

Se dit aussi de quelqu’un qui a les manières communes et brutales.

Casquette à pont, ou à trois ponts

France, 1907 : Souteneur de barrière, à cause de la haute casquette de soie noire dont se coiffaient ces messieurs et que beaucoup portent encore.

Casquette du Père Bugeaud

France, 1907 : Chanson militaire en Algérie, dont on a fait une marche au pas accéléré.

As-tu vu
La casquette,
La casquette !
As-tu vu
La casquette du père Bugeaud !

Casqueur

Fustier, 1889 : Argot des coulisses. Le public payant, par opposition aux billets de faveur et au service de presse.

France, 1907 : Payeur ; le public payant.

Cassant

Halbert, 1849 : Noyer.

Delvau, 1866 : s. m. Noyer, arbre, — dans l’argot des voleurs ; biscuit de mer, — dans l’argot des matelots.

France, 1907 : Noyer ; argot des voleurs qui appellent aussi cassant le biscuit de mer.

Cassante

Larchey, 1865 : Noix, dent. (Vidocq). — Effet pris pour la cause. La noix se casse et la dent casse.

France, 1907 : Noix, noisette : dent.

Cassantes

anon., 1827 : Des noix.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Noix

Bras-de-Fer, 1829 : Noix.

Halbert, 1849 : Noix, noisettes.

Delvau, 1866 : s. f. pl. Les dents, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Dents.

Virmaître, 1894 : Les dents (Argot du peuple). V. Dominos.

Casse

d’Hautel, 1808 : Donner de la casse. Supplanter quelqu’un ; le déposséder de son emploi ; signifie aussi parmi les soldats l’action de licencier un régiment ou un corps.

Delvau, 1866 : s. f. Ce que l’on casse. Argot des garçons de café.

Boutmy, 1883 : s. f. Ensemble des deux compartiments qui contiennent les diverses sortes de lettres. La casse se divise en deux parties : le bas de casse et le haut de casse ; la première renferme les lettres minuscules, les cadrats, les cadratins, les signes de ponctuation, etc. ; la seconde, les majuscules, les petites capitales, les lettres accentuées et diverses autres sortes moins usitées que celles du bas de casse. Au figuré, Fond de casse, reste d’une barbe de la veille.

France, 1907 : Ce que les garçons ou servantes de cafés, d’hôtels ou de restaurants sont supposés casser et pour laquelle le patron s’empare d’une partie des pourboires. « Dans beaucoup de villes, dit A. Luchet, le maître d’hôtel marié prend des pourboires, une part pour sa femme, une part pour ses enfants, une part pour la casse. » On appelle aussi casse les rognures et débris de pâtisserie vendus à bas prix aux pauvres gens.
C’est aussi, en bas langage rémois, un poêlon de cuivre pour boire.

Casse (la)

Rigaud, 1881 : Porcelaines ou cristaux cassés par maladresse dans un café ou dans un restaurant. Dans la plupart de ces établissements, les garçons sont responsables de la casse. Dans d’autres, elle est l’objet d’un forfait. On retient tant par mois à chacun des garçons pour la couvrir.

Cassé la patte a coco (n’avoir pas)

France, 1907 : Se dit d’un homme épais et inintelligent, dans le même sens que : n’avoir pas inventé la poudre.

Cassé la patte à Coco (ne pas avoir)

Rigaud, 1881 : Ne pas être malin, — dans le jargon des soldats de cavalerie. — Coco est pris dans le sens de cheval. Pour exprimer la même idée, on dit dans le civil : N’avoir pas inventé le fil à couper le beurre.

Casse-cœur

France, 1907 : Homme à bonnes fortunes : ce que les Anglais appellent lady killer, tueur de dames.

Qu’est au juste Max de Simiers ? Un cœur tendre ou un casse-cœur ? Un vieux polisson sentimental où un brave homme ?

(Léon-Bernard Derosne)

Casse-cou

d’Hautel, 1808 : On appelle ainsi un escalier roide et étroit, un lieu obscur, où l’on risque de tomber à chaque pas que l’on fait.
On donne aussi ce nom dans les manèges aux gens employés à monter les chevaux jeunes et vicieux.
Casse-cou ! Cri d’avertissement au jeu de colin-maillard, lorsque la personne qui a les yeux bandés est sur le point de se heurter contre un corps quelconque.

Delvau, 1866 : s. m. Homme hardi jusqu’à l’audace, audacieux jusqu’à l’imprudence, jusqu’à la folie. Argot du peuple.

France, 1907 : Homme téméraire qui se jette sans réfléchir dans les aventures les plus périlleuses.

Casse-cul

d’Hautel, 1808 : Il s’est donné un casse-cul sur la glace. Se dit de quelqu’un qui a fait une chute sur le derrière.

Delvau, 1866 : s. m. Chute qu’on fait en glissant. Argot du peuple. Les enfants jouent souvent au casse-cul.

France, 1907 : Chute sur le derrière.

Casse-gueule

d’Hautel, 1808 : Pour dispute, batterie ; lieu obscur et dangereux.

Larchey, 1865 : Bal public de dernier ordre, où on se bat souvent.

Veux-tu v’nir aux Porcherons, Ou j’irons au cass’gueule à la basse Courtille.

Duverny, Chanson, 1813.

Delvau, 1866 : s. m. Bal de barrière, — dans l’argot des faubouriens qui s’y battent fréquemment.

Rigaud, 1881 : Eau-de-vie tout à fait inférieure.

Elle regarda ce que buvaient les hommes, du casse-gueule, qui luisait pareil à de l’or dans les verres.

(É. Zola.)

On dit aussi casse-poitrine.

Rigaud, 1881 : Bal public fréquenté par des gentilshommes du ruisseau qui, à la moindre contestation, ponctuent le visage de leurs contradicteurs.

La Rue, 1894 : Mauvaise eau-de-vie. Bal public du dernier ordre.

France, 1907 : Eau-de-vie. Bal de bas étage où le temps se partage entre les coups de poing et les entrechats.

Casse-museau

Delvau, 1866 : s. m. Coup de poing, — dans le même argot [des faubouriens]. C’est le nom d’une sorte de pâtisserie dans l’ouest de la France. Rabelais dit casse-musel.

France, 1907 : Coup de poing.

Casse-noisette

Delvau, 1864 : Habile contraction du sphincter du vagin qui retient prisonnier le membre viril qui s’est engagé, la tête la première, dans ces mystérieuses Thermopyles, et le force ainsi à combattre vaillamment — et à jouir.

L’art du casse-noisette remonte à la plus haute antiquité ; quelques femmes modernes le pratiquent encore avec succès, avec moins de succès cependant que les Chinoises, qui sont conformées de façon à faire gaudiller le Chinois le plus écourté du Céleste Empire.

A. François.

Je possède l’art du casse-noisette,
Qui ferait jouir un nœud de granit.

Anonyme.

Delvau, 1866 : s. m. Figure grotesque, où le nez et le menton sont sur le point d’accomplir le mariage projeté depuis leur naissance.

France, 1907 : Tête de vieux on de vieille dont le nez et le menton semblent vouloir se toucher.

Casse-poitrine

Larchey, 1865 : « Cette boutique est meublée de deux comptoirs en étain où se débitent du vin, de l’eau-de-vie et toute cette innombrable famille d’abrutissants que le peuple a nommés, dans son énergique langage, du Casse-Poitrine. »

Privat d’Anglemont.

Ces demoiselles n’ont plus la faculté de se faire régaler du petit coup d’étrier, consistant en casse-poitrine, vespetro, camphre et autres ingrédients.

Pétition des filles publiques de Paris, Paris, 1830, in-8.

Delvau, 1866 : s. m. Eau-de-vie poivrée, — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1866 : s. m. pl. Individus voués aux vices abjects, qui manustupro dediti sunt, dit, le docteur Tardieu.

Virmaître, 1894 : Mauvaise eau-de-vie. En effet, elle casse rudement la poitrine de ceux qui en boivent (Argot du peuple). V. Eau d’aff.

France, 1907 : Eau-de-vie. On appelle aussi de ce nom ceux voués à l’amour grec, ou socratique.
« Qui manustupro dediti sunt, casse-poitrine appellantur, » dit le docteur A. Tardieu.

J’ai pu juger par moi-même, dans trop de circonstances, de l’aspect misérable, de la constitution appauvrie et de la pâleur maladive des prostitués pédérastes : j’ai trop bien reconnu la justesse sinistre de cette expression de casse-poitrine réservée à quelques-uns d’entre eux, pour méconnaître que cet abus de jouissances honteuses mine et détruit la santé…

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)

Casse-poitrine, camphre

La Rue, 1894 : Mauvaise eau-de-vie.

Casse-tête

d’Hautel, 1808 : Enfant vif et turbulent ; bruit incommode ; vin qui porte à la tête ; et générale ment tout ce qui demande une grande contension d’esprit.

Rigaud, 1881 : Vin très capiteux. Mot à mot : vin qui casse la tête.

Casse-vitre

France, 1907 : Diamant.

Casseau

Boutmy, 1883 : s. m. Espèce de casse dans laquelle on met des lettres de deux points, des fractions et autres signes. Les casseaux sont aussi des tiroirs munis de cassetins ; enfin, on donne encore le nom de casseau à chacune des deux parties de la casse.

Cassement

France, 1907 : Genre de punition en usage dans certains établissements religieux et qui consiste en une diète qui se dose suivant la gravité de la faute commise. L’enfant puni reste cinq, six, huit jours sans recevoir autre chose à manger que du pain sec et de l’eau.
Ça lui casse, en effet, bras et jambes, sans compter l’estomac.

France, 1907 : Acte d’entrer dans une maison par effraction.

…Il était arrangé entre nous qu’on barbotterait chez le baron ce qui pourrait s’emporter… mais non pas qu’on tuerait… du pégrage, j’en suis tant qu’on voudra, du cassement ça va encore, mais du buttage (assassinat), jamais de la vie !

(E. Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Casser

d’Hautel, 1808 : Se casser le ventre. Terme badin et militaire ; se passer de dîner, ou de manger aux heures accoutumées.
Casser les vitres. Signifie ne plus garder de mesures dans une affaire ; en venir aux gros mots, aux termes injurieux.
Je t’en casse, Minette. Manière badine et plaisante de parler, qui signifie, ce n’est pas pour toi ; tu n’auras rien de ce que tu demandes.
Il est cassé aux gages. Pour, il est tombé en défaveur en disgrace. Se dit aussi d’un domestique que l’on a congédié.
Se casser le cou ou le nez. Se blouser dans des spéculations, dans une affaire ; faire un faux calcul.
Qui casse les verres les paye. Vieille maxime, fort peu mise à exécution ; car la plupart du temps ceux qui cassent les verres ne sont pas ceux qui les payent.
Elle a cassé ses œufs. Manière basse et triviale de dire qu’une femme a fait une fausse couche.

un détenu, 1846 : Rompre. Casser sa canne : rompre son ban. Casser sur quelqu’un : révéler.

Delvau, 1866 : v. n. Mourir, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : v. a. Couper, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Manger. Le mot date du XVIIIe siècle. On dit, dans le langage courant : « Casser une croûte », pour manger un morceau. — Casser le cou à un lapin, manger un lapin.

Rigaud, 1881 : Frapper, battre. — Je te vas casser. — Casser la gueule, casser la margoulette, casser la figure.

Rigaud, 1881 : Dire du mal, par abréviation de casser du sucre.

Rigaud, 1881 : Chiffonner un sac de bonbons en le préparant, — dans le jargon des confiseurs.

La Rue, 1894 : Mourir. Dénoncer. Manger. Se la casser, se sauver.

Rossignol, 1901 : Dire, avouer. Un détenu qui a fait des aveux a cassé. Dire une chose est casser.

Il me l’a dit, il me l’a cassé.

France, 1907 : Le verbe a de nombreuses significations : manger, dénoncer, avouer, couper, mourir.

— Voyons, Nib, pas tant de magnes !… On vous dit qu’on n’est pas des assassins… si vous faites du mal à la petite môme…. tant pis pour vous, nous casserons…

(Ed. Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Casser (à tout)

Fustier, 1889 : Considérable, fantastique, inouï.

Le public voit la quatrième page de son journal occupée par la réclame à tout casser du grand bazar.

(Giffard : Les grands bazars.)

France, 1907 : Superlatif exprimant une exagération dans les plaisirs, les dépenses, le scandale. Noce à tout casser ; potin à tout casser ; branle-bas à tout casser.

Rasetamouche, ayant surpris sa volage moitié en flagrant délit, lui fait une scène à tout casser.
Madame se jette aux pieds de son mari et, fondant en larmes :
— Pardonne-moi, mon ami, je t’en supp’ie… Pour une fois que ça m’arrive !

Casser (se la)

Larchey, 1865 : S’enfuir.

Vous vous esbignez. Ils se la cassent.

A. Second.

Delvau, 1866 : v. réfl. S’en aller de quelque part ; s’enfuir.

Rigaud, 1881 : Quitter un endroit où l’on s’ennuie. — À tout casser, énorme, prodigieux, auquel rien ne résiste. — Un succès à tout casser. Ne s’emploie guère qu’en parlant d’un succès, par allusion à ceux de théâtre, où le public manifeste son enthousiasme en frappant à coups de talons de bottes, à coups de petits bancs, au risque de tout casser.

Casser des cailloux

Rossignol, 1901 : Le militaire envoyé à la discipline est envoyé casser des cailloux.

Casser des emblèmes

La Rue, 1894 : Conter des mensonges.

Casser du bec

Larchey, 1865 : Sentir mauvais. — Casser a ici le sens de couper, ce qui donne mot à mot : couper de son bec… celui des autres. V. Couper la gueule.

Delvau, 1866 : v. n. Avoir une haleine infecte, — dans l’argot des faubouriens.

France, 1907 : Avoir une mauvaise haleine,

Casser du grain

Delvau, 1866 : v. a. Ne rien faire de ce qui vous est demandé. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Désobéir, — dans le jargon des voleurs.

Casser du sucre

Delvau, 1866 : v. a. Faire des cancans, — dans l’argot des cabotins.

Rigaud, 1881 : Dire du mal. — Casser du sucre à la rousse, dénoncer un complice.

La Rue, 1894 : Médire de quelqu’un. Dénoncer.

Virmaître, 1894 : Dénoncer. Casser du sucre sur quelqu’un : en dire du mal (Argot des voleurs). V. Mouton.

Rossignol, 1901 : Dire du mal de quelqu’un.

Il a cassé du sucre sur mon orgue au patron.

Hayard, 1907 : Dénoncer.

France, 1907 : Avouer un crime. Casser du sucre à la rousse, dénoncer un complice. Casser du sucre sur la tête de quelqu’un, médire de lui en son absence.

Dans l’une de ces brasseries, j’ai entendu chuchoter l’histoire suivante, par un bon petit camarade, sur un autre membre de la société d’admiration mutuelle qui se pique d’être un fort latiniste ; du reste, le conteur est surnommé la machine à casser du sucre.

(Ch. Virmaître, Paris oublié)

Casser la croustille

France, 1907 : Manger. Casser le cou à un chat, manger une gibelotte.

Casser la ficelle

Rigaud, 1881 : S’évader. (L. Larchey) Se sauver des mains des agents.

Casser la gueule à son porteur d’eau

Delvau, 1866 : v. a. Avoir ses menses, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Avoir ses menstrues, dans le jargon des voyous. (A. Delvau)

La Rue, 1894 : Menses. Époques de la femme.

France, 1907 : Avoir ses menstrues.

Casser la hane

anon., 1827 : Couper la bourse.

Bras-de-Fer, 1829 : Couper la bourse.

Halbert, 1849 : Couper la bourse.

Delvau, 1866 : v. a. Couper la bourse, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Couper la bourse (Argot des voleurs).

France, 1907 : Voler une bourse.

Casser la marmite

Delvau, 1866 : v. a. Se ruiner ; s’enlever, par une folie, tout moyen d’existence. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Être ruiné, avoir fait de mauvaises affaires, — dans le jargon des souteneurs pour qui les femmes sont des marmites.

France, 1907 : S’enlever, par une folie ou un coup de tête, ses moyens d’existence.

Casser la pièce

Rigaud, 1881 : Entamer, changer une pièce d’argent ou d’or. Casser la roue de derrière, entamer la pièce de cent sous, dans le jargon des ouvriers.

Casser le cou

La Rue, 1894 : Manger. Frapper. Se casser le cou, la gueule, faire une chute dangereuse.

Casser le cou à un chat

Delvau, 1866 : v. a. Manger une gibelotte, — dans l’argot du peuple.

Casser le cou à une négresse

Delvau, 1866 : v. a. Vider une bouteille.

Casser le cou ou la gueule à une négresse

France, 1907 : Loire une bouteille de vin. On dit aussi dans le même sens : casser la gueule à un enfant de chœur, à cause de la calotte rouge.

Casser le goulot à une bouteille

Rigaud, 1881 : Vider une bouteille en un clin d’œil. — Lorsqu’ils sont pressés… de boire, et faute de tire-bouchon, les ivrognes cassent le goulot de la bouteille, c’est ce qu’ils appellent : « Guillotiner la négresse. »

Casser le lit

Delvau, 1864 : Baiser avec énergie, à tout casser, le sommier élastique et le cul de la femme — plus élastique encore.

Sur le lit que j’ai payé
Je ne sais ce qui se passe :
À peine l’ai-je essayé,
Que le bougre me le casse.

Gustave Nadaud.

Casser le nez (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Avoir une déception plus ou moins amère, depuis celle qu’on éprouve à trouver fermée une porte qu’on s’attendait à trouver ouverte, jusqu’à celle qu’on ressent à voir un amant chez une femme qu’on avait le droit de croire seule.

Rigaud, 1881 : Ne trouver personne, trouver porte close.

France, 1907 : Éprouver une déception.

Casser le sucre à la rousse

Delvau, 1866 : Dénoncer un camarade ou plutôt un complice. Argot des voleurs.

Casser les assiettes

France, 1907 : Prendre le pucelage d’une fille.

Casser les gueules

France, 1907 : Tuer.

Un capitaine, qui était parvenu à l’âge où l’on va prendre sa retraite, et qui regardait avec mélancolie son dolman vierge du ruban rouge, me disait, au début du conflit franco-dahoméen : « Ah ! gouverneur, vous ne faites pas casser assez de gueules. » Je tiens à citer la phrase dans son intégrité.

(Jean Bayol)

Casser les os de la tête

Rigaud, 1881 : Embrasser avec effusion, — dans le jargon du peuple.

Casser les reins au roi

France, 1907 : Terme de tripot signifiant : faire changer les cartes lorsqu’on s’aperçoit que les rois sont légèrement ployés en long de façon à être reconnus par le grec qui donne.

Casser les vitres

France, 1907 : Faire une esclandre, ne rien ménager.

— Il y a une justice que je puis me rendre, que tout le monde doit me rendre : je n’ai jamais cassé les vitres, jamais affiché l’administration… jamais tombé dans la cocotterie…

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Casser sa bouteille

Fustier, 1889 : Expression populaire datant de l’année 1885 ; c’est vouloir se donner de l’importance, se gonfler, se faire aussi gros que le bœuf… et n’y point réussir.

Casser sa cane

Rigaud, 1881 : Dormir. Quand elle dort, le cou reployé sous l’aile, la cane paraît être cassée en deux.

Casser sa canne

Delvau, 1866 : v. a. Dormir, et, par extension, mourir.

Virmaître, 1894 : Rompre sa surveillance. Casser sa canne : mourir. Casser une canne : dormir (Argot du peuple). V. Sorguer.

France, 1907 : Dormir : être bien malade : rompre son ban. — Voyez Canne.

Casser sa canne, sa trique

La Rue, 1894 : Rompre son ban. Dormir.

Casser sa chaîne

Rigaud, 1881 : Devancer l’heure de sortie de l’atelier.

Casser sa cruche

Delvau, 1866 : v. a. Perdre le droit de porter le bouquet de fleurs d’oranger, — dans l’argot du peuple, qui interprète à sa manière le tableau de Greuze.

Casser sa ficelle

Delvau, 1866 : v. a. S’évader du bagne ou d’une maison centrale, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : S’évader de la prison. Allusion au hanneton qui s’évade quand le fil qu’il a à la patte se brise (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : S’échapper de prison. Se la casser, s’en aller.

Casser sa pipe

Delvau, 1866 : v. a. Mourir, dans l’argot des faubouriens et des rapins.

Boutmy, 1883 : v. Mourir. Cette expression est passée dans le langage du peuple parisien.

La Rue, 1894 : Mourir.

Virmaître, 1894 : Mourir. On donne pour origine à cette expression qu’un fumeur, attablé dans un cabaret, mourut subitement. Sa pipe lui tomba des lèvres et se cassa. Quand on le releva, un des assistants s’écria :
— Tiens il a cassé sa pipe (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Mourir.

France, 1907 : Mourir.

Mais voilà que le vieux a cassé sa pipe, lui aussi. Ce matin on l’a cloué entre six planches et on l’a placé sur le char funèbre pour le voiturer au lieu du repos. Les petits ont beaucoup pleuré en voyant leur grand-père ne plus leur sourire, et en le sentant froid comme la glace. Ils ont crié, Ia frimousse rougie et ruisselante de larmes : « Grand-père, réveille-toi donc ! Grand-père, réveille-toi donc ! »

(Jacques d’Aurélle)

Quand Mirecourt sentit venir sa fin prochaine,
Tournant ses yeux mourants, pleins d’une sombre haine,
Vers le clan des écrivassiers,
Il s’écria : « Je vais casser ma pipe ! Était-ce
La peine d’amasser tant d’amers tristesse,
Et de dechaîner tant d’huissiers ! »

(A. Glatigny)

L’argot populaire est riche en expressions de ce genre, tant il parait plaisant de mêler le grotesque au lugubre : on dit : casser son câble, sa canne, son crachoir, son fouet.

Bob, sur les genoux de grand-père, joue avec la montre du vieillard. Il en écoute le mouvement, s’extasie sur la richesse de la boîte.
— Quand je serai mort, elle sera pour toi, dit le grand-père.
Quelques jours après, Bob s’amuse de nouveau avec le chronomètre. Puis, soudain :
— Dis donc, grand-papa, est-ce que tu ne vas pas bientôt casser ton crachoir ?

Casser son câble

Delvau, 1866 : v. a. Mourir, — dans l’argot des gens de lettres, qui ont emprunté l’expression à Commerson. C’est une allusion à la rupture du câble transatlantique.

Casser son lacet

Fustier, 1889 : Abandonner sa maîtresse, rompre toutes relations avec elle.

Alors, c’est dit, nous cassons notre lacet ?

(Huysmans, Les Sœurs Vatard.)

France, 1907 : Rompre avec sa maîtresse.

Casser son œuf

La Rue, 1894 : Faire une fausse couche.

France, 1907 : Faire une fausse couche.

Casser son pif

France, 1907 : Dormir.

Casser son sabot

Delvau, 1866 : v. a. Perdre le droit de porter un bouquet de fleur d’oranger, — dans l’argot du peuple.

La Rue, 1894 : Perdre sa virginité.

Casser son sabot, sa cruche

France, 1907 : Perdre sa virginité.

Conservez bien votre chaussure,
Fille sans finesse et sans art ;
Pour vous ôter cette parure,
Souvent on vous guette à l’écart.
Le coin d’un bois, l’herbe nouvelle,
Un mouvement, le moindre mot,
Un rien fait broncher une belle,
Un rien lui casse son sabot.

(Pigault-Lebrun, Les Sabotiers)

Casser son verre de montre

Virmaître, 1894 : Tomber sur le derrière (Argot du peuple). V. Tomber pile.

France, 1907 : Tomber sur son derrière.

Casser sur

Rigaud, 1881 : Dénoncer.

Casser un œuf

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.

Je ne vous ferai point de mal, je veux casser un œuf, qui est près de durcir dans votre ventre.

(Moyen de parvenir)

Casser une canne

Rigaud, 1881 : Se sauver, dans le jargon des voleurs.

Casser une croûte

Delvau, 1866 : v. a. Manger légèrement en attendant un repas plus substantiel. Argot des bourgeois.

Casser une forte ou une lourde

France, 1907 : Voler avec effraction.

Casser une loirde

Virmaître, 1894 : Briser une porte (Argot des voleurs).

Casser une porte

La Rue, 1894 : Voler avec effraction.

Casser une roue de derrière

France, 1907 : Entamer une pièce de cinq francs.

Casserolage

Rigaud, 1881 : Accusation nouvelle, — dans l’ancien argot des voleurs. — Dénonciation, — dans l’argot moderne.

France, 1907 : Dénonciation.

Casserole

d’Hautel, 1808 : Récurer la casserole. Pour dire se purger après une maladie.

Larchey, 1865 : Personne dénonçant à la police. Il est à noter que le dénonciateur s’appelle aussi cuisinier.

Delvau, 1866 : s. f. Mouchard, — dans le même argot [des voleurs].

Delvau, 1866 : s. f. L’hôpital du Midi, — dans l’argot des faubouriens. Passer à la casserolle. Se faire soigner par le docteur Ricord : être soumis à un traitement dépuratif énergique.

Rigaud, 1881 : Tout dénonciateur auprès de la police, homme ou femme, est une « casserole », — dans le jargon des voleurs qui prononcent de préférence caste-rôle. — C’est également le nom donné aux agents de police. Passer à casserole, se voir dénoncer.

Rigaud, 1881 : Étudiant de dixième année, qui n’a jamais étudié que l’absinthe et la pipe, qui a pris ses inscriptions dans tous les caboulots, qui a soutenu des thèses d’amour avec toutes les filles du quartier latin, — dans le jargon des étudiantes de 1860.

Fustier, 1889 : Prostituée.

La casserole en argent est celle qui constitue à son amant de cœur un revenu quotidien de vingt à cinquante francs.

(Réveil, juin 1882.)

La Rue, 1894 : Dénonciateur. Agent de police. L’hôpital du Midi. Prostituée.

Rossignol, 1901 : Indicateur de la police. Tout individu qui donne des indications à la police pour faire arrêter un voleur est une casserole. Dans le public, il y a une fausse légende qui dit que les marchands de vin ou de quatre saisons sont de la police et touchent deux francs par jour. Cela n’est pas ; aucune casserole n’est attachée officiellement à la police, elle est payée par l’agent (sur le visa de son chef) à qui elle a donne une indication ayant amené l’arrestation d’un voleur ; la somme varie selon l’importance de l’affaire indiquée, généralement de cinq à dix francs (plutôt cinq francs par tête). La préfecture de police n’a absolument aucun rapport avec les casseroles qui sont en général des repris de justice. La casserole des brigades politiques est certainement plus canaille que les précédentes, parce que cette casserole est souvent un ami que vous recevez à votre table et qui vous trahit ; aussi est-il appointé suivant l’importance des services qu’il peut rendre et mieux que les agents officiels ; il n’est connu que du chef de brigade avec qui il correspond et son nom est un numéro. Il touche au mois ou à la semaine sur les fonds secrets alloués ; il y en a partout, dans les salons, les ateliers et même la presse ; leurs services ne valent certes pas la dépense.

Hayard, 1907 : Mouchard.

France, 1907 : Poids creux dont se servent certains hercules forains ou ambulants.

Pauvres avaleurs de sabre, combien est ingrate leur profession ! Elle est une de celles qu’on prend le moins au sérieux et cependant elle est peut-être la seule qui ne permette pas le truquage. Le lutteur s’entend avec son adversaire qui lui prête ses épaules, le faiseur de poids travaille avec des poids creux que, dans sa langue spéciale, il appelle des poids moches, des casseroles. À l’avaleur de sabre, contrairement à l’opinion commune, toute supercherie est interdite. Le sabre à lame articulée n’existe que dans l’imagination des spectateurs, Tous ceux qu’il emploie sont d’une authenticité absolue, et il en est sûrement plus d’un parmi eux qui, avant de pénétrer dans un gosier d’une façon si inoffensive, a traversé la poitrine d’un soldat ennemi.

(Thomas Grimm, Le Petit Journal)

France, 1907 : Mouchard. Se dit aussi pour prostituée. Coup de casserole, dénonciation. Oscar Méténier est l’auteur d’un drame joué en 1889, sur le Théâtre-Libre, intitulé : La Casserole. C’est aussi le nom que les escarpes donnent à une femme qui dénonce ses amants à la police.

Soudain, du tas des dormeurs, sort une brunette adorable, dix-sept ans à peine. — Voilà le type de la Casserole ! s’écrie Méténier. Approche, petite. La fille approche et se laisse retourner de tous les côtés…

(Lucien Puech)

France, 1907 : L’hôpital du Midi, à Paris : spécialement destiné aux vénériens, que l’on passe à la casserole. Passer à la casserole, c’est subir un traitement sudorifique très énergique, qu’on appelait autrefois : passer sur les réchauds de Saint-Côme.

Casserole (la remuer)

Virmaître, 1894 : Dénoncer. Mot à mot : cuisiner (faire parler). Allusion au cuisinier qui remue la casserole (Argot des voleurs).

Casserole (passer à la)

Rigaud, 1881 : Traiter par des sudorifiques les blessures de l’amour.

Casseroles

Halbert, 1849 : Mouchard.

France, 1907 : Étalage de croix ou de médailles.

Casserolles

La Rue, 1894 : Étalage de décorations. On dit aussi ferblanterie et batterie de cuisine.

Cassés (des)

Rigaud, 1881 : Débris de marrons glacés, débris de pâtisserie. Les gamins font une grande consommation de cassés.

Cassetin

Boutmy, 1883 : s. m. Subdivision de la casse, petit compartiment dans lequel on met chaque sorte de lettres ou signes typographiques.

Casseur

d’Hautel, 1808 : Un casseur. Terme injurieux et de mépris qui équivaut à tapageur, crâne, mauvais sujet, hâbleur, fanfaron.

Larchey, 1865 : Tapageur, prêt à tout casser.

La manière oblique dont ils se coiffent leur donne un air casseur.

R. de la Barre.

Delvau, 1866 : s. m. Fanfaron, qui a l’air de vouloir tout casser, — dans l’argot du peuple. Mettre son chapeau en casseur. Sur le coin de l’oreille, d’un air de défi.

La Rue, 1894 : Tapageur. Dénonciateur.

France, 1907 : Tapageur. Se coiffer en casseur, mettre son chapeau sur l’oreille à la façon des anciens fiers-à-bras. Le type est un peu passé, on s’est aperçu que tous ces casseurs n’étaient au fond que des casseurs d’assiettes et des enfonceurs de portes ouvertes. On disait autrefois casseur d’acier.

France, 1907 : Dénonciateur.

Casseur de portes

Halbert, 1849 : Voleur avec effraction.

Delvau, 1866 : s. m. Voleur avec effraction, — dans l’argot des voyous.

France, 1907 : Voleur avec effraction. Ils marchent ordinairement par bandes de trois, se glissent dans les maisons, s’assurent qu’il n’y a personne dans on logis, et, tandis que l’un d’eux fait le guet, les deux autres forcent la porte.

Casseur de sucre à quatre sous

France, 1907 : Pionnier des compagnies de discipline qu’on employait autrefois et qu’on emploie encore aujourd’hui à l’empierrement des routes en Algérie. Les pierres qu’ils cassent leur sont payées quatre sous le mètre cube.

Cassico

France, 1907 : Mêlé-cassis, c’est-à-dire cassis et cognac.

Cassin

La Rue, 1894 : Petite maison, petite boutique.

Cassin, cassine

Rigaud, 1881 : Boutique, magasin de dernier ordre. — Terme de mépris pour désigner un établissement quelconque. — Dérivés du vieux mot français case.

Finablement les mena banqueter dans une cassine hors la porte.

(Rabelais, l. IV.)

France, 1907 : Maison ou boutique de chétive apparence, logement triste et misérable : de casa, case.

Il était grand comme une grande cour de ferme, une réunion de dix ou douze maisons basses, d’écuries où meuglaient des vaches, d’étables où grognaient des porcs. Toutes les cassines se ressemblaient, celles où entraient les porcs, où entraient les vaches, où entraient les gens. Même hauteur de murs, mêmes portes basses, mêmes toits tombants.

(Gustave Geffroy)

Cassine

d’Hautel, 1808 : Ce mot signifioit autrefois une petite maison de campagne ; maintenant il n’est plus d’usage que parmi le peuple qui l’emploie par dérision pour dire un logement triste et misérable, un trou, une maison où l’on n’a pas toutes ses aises.

Delvau, 1866 : s. f. Maison où le service est sévère, — dans l’argot des domestiques paresseux ; atelier où le travail est rude, — dans l’argot des ouvriers gouapeurs.

Rigaud, 1881 : Salle d’étude, quartier, — dans le jargon du collège. (Albanès.)

France, 1907 : Nom que donne la cuisinière où la bonne d’enfant à l’appartement de ses bourgeois.

— C’est vrai que j’suis à la cuisine
Et c’est chez des bourgeois cossus ;
Ils sont absents de la cassine
Pour un jour et peut-être plus !
— Ah ! vous seriez fièr’ment aimable
De fêter le p’tit Cupidon !
Que je dis d’un air très aimable
Pour amorcer ma gross’ Dondon !

(Le Petit Pioupiou)

Cassine (une)

Larchey, 1865 : « Ce mot signifiait autrefois une petite maison de campagne ; maintenant, il n’est plus d’usage que pour dire un logement triste et misérable. » — d’Hautel, 1808. — Diminutif de Case.

Cassolette

d’Hautel, 1808 : On donne figurément, et par plaisanterie, ce nom aux boîtes des gadouards, lorsqu’ils viennent de vider quelques fosses.

Delvau, 1866 : s. f. La matula de Plaute, et le « Pot qu’en chambre on demande » de Lancelot, — dans l’argot du peuple, qui va chercher ses phrases dans un autre Jardin que celui des Racines grecques. Se dit aussi du Tombereau des boueux, quand il est plein d’immondices et qu’il s’en va vers les champs voisins de Paris fumer les violettes et les fraises.

Delvau, 1866 : s. f. Bouche, — dans l’argot des faubouriens. Plomber de la cassolette. Fetidum halitum emittere.

France, 1907 : Bouche. Plomber de la cassolette, avoir mauvaise haleine. Se dit aussi pour pot le chambre et tombereau d’ordures.

Cassolette (ouvrir la)

Rigaud, 1881 : Parler avec la contre-partie de la bouche.

Cassure (jouer une)

France, 1907 : Remplir un rôle de vieillard ; argot des théâtres. Se dit aussi dans le même argot pour un débit de rôle accentué.

Castagnettes (cours de)

France, 1907 : Coups de poings.

Castapiane

France, 1907 : Blennorrhée. Ce que nos pères appelaient le mal Saint-Antoine, sans doute à cause du cochon, fidèle compagnon de ce saint.

— Paye-moi, où je gueule !
— Si tu gueules, j’envoie chercher un agent, et Saint-Lazare est au bout de ta promenade.
— Je suis contente tout de même.
— De quoi ?
— De t’avoir f… la castapiane, mufle !

(Dubut de Laforêt, La Femme d’affaires)

Castapianne

Fustier, 1889 : Blennorrhée. Argot militaire.

Caste de charrue

Halbert, 1849 : Un quart d’écu.

Delvau, 1866 : s. m. Quart d’un écu, — dans l’argot des voleurs.

France, 1907 : Le quart d’une pièce de cinq francs.

Castelet

France, 1907 : Baraque de Polichinelle ou de Guignol ; du vieux français castel, château, dont il est le diminutif.

Castelier

France, 1907 : Impresario des baraques de Polichinelle.

Castille

Delvau, 1866 : s. f. Petite querelle, — dans l’argot des bourgeois, qui cependant n’ont pas lu l’Histoire de Francion. Chercher castille. Faire des reproches injustes ou exagérés.

Castion

Halbert, 1849 : Chapon.

Castor

Larchey, 1865 : Officier de marine qui évite les embarquements. — Le castor bâtit volontiers sur le rivage.

Delvau, 1866 : s. m. Chapeau d’homme ou de femme, en feutre ou en soie, en tulle ou en paille, — dans l’argot du peuple, qui n’emploie pas cette expression précisément en bonne part.

France, 1907 : Officier de terre ou de mer qui s’embusque dans un poste pour en bouger le moins possible.

Il faut une longue série de mauvaises fortunes et de vexations intérieures pour que l’officier de marine prenne tout à fait la navigation en horreur et mette son habileté à se ranger dans la classe des castors. L’on qualifie ainsi plaisamment celui qui, une fois parvenu à saisir un poste sédentaire, s’y cramponne de toutes ses forces et renonce pour jamais à l’Océan…

(G. de la Landelle, Les Gens de mer)

France, 1907 : Nom donné vers 1820 aux filles qui fréquentaient les galeries du Palais-Royal. Il y avait, suivant le prix que se cotaient ces dames, les demi-castors et les castors fins.

Vous savez que Paris, comme toutes les grandes villes, renferme un nombre considérable de malheureuses demandant au vice leurs moyens d’existence… je laisse de côté les hautes notoriétés du turf de la galanterie et leurs émules qu’on nomme, dans le langage imagé du boulevard, les « demi-castors »… Nous avons pour ces personnalités attrayantes, j’en contiens, du Paris élégant, des indulgences spéciales…

(Ed. Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Castorin

France, 1907 : Chapelier

Castoriser

France, 1907 : Se marier, s’endormir dans les délices d’une bonne garnison ou dans une sinécure d’un port maritime.

Quelle est l’origine de cette expression ? serait-ce un goût prononcé pour la truelle assez commun à l’officier de cette classe, où doit-on plutôt la considérer comme une antiphrase, puisque le marin qui castorise cesse d’appartenir au genre amphibie ? Quelques penseurs assurent y trouver une allusion au mariage, qui, d’après eux, a des rapports essentiels avec les établissements des industrieux architectes du lac Ontario… Les liens conjugaux trainent mollement l’officier sur une pente douce au bas de laquelle il embrasse la profession de navigateur in partibus.

(G. de la Landelle, Les Gens de mer)

Castoriser (se)

Fustier, 1889 : Argot des officiers de marine. Ne pas embarquer ; rester sur le plancher des vaches, pourvu d’un poste soit au ministère, soit autre part.

Castrat

Delvau, 1864 : Se dit, non pas seulement des hommes qui ont perdu leurs testicules naturellement, mais encore de ceux qui ne bandent plus à force d’avoir bandé dans le cours de leur vie.

Dans tan théâtre, où règnent les castrats.

Joachim Duflot.

Es-tu pédéraste ou castrat, voyons ?
Un pareil état m’excite et m’offense :
Descends de mon lit, ou bien rouscaillons.

Anonyme.

Castroz

anon., 1827 : Chapon.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Chapon.

Bras-de-Fer, 1829 : Chapon.

Halbert, 1849 : Chapon du Mans.

Delvau, 1866 : s. m. Chapon, — dans l’argot des voyous. Ils disent aussi Castion.

France, 1907 : Chapon, pour castrat.

Castu

anon., 1827 : Hôpital.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Hôpital.

Bras-de-Fer, 1829 : Hôpital.

Halbert, 1849 : Hôpital.

Delvau, 1866 : s. m. Hôpital, — dans l’argot des voleurs, qui savent mieux que personne que les premiers établissements hospitaliers en France, notamment l’hôpital général à Paris, ont été de véritables forteresses, castelli.

Rigaud, 1881 : Hôpital, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Hôpital. Cachot.

Virmaître, 1894 : Infirmerie, hôpital (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Hôpital.

France, 1907 : Hôpital : forme abrégée de castuc, prison. Barbaudier de castu, directeur d’hôpital. Conce ou cousse de castu, infirmier.

Le barbaudier du castu est-il francillon ? Se dit-il de la fourcandière ?

(Le Jargon de l’argot)

Castuc

Larchey, 1865 : Prison (Vidocq). — Corruption du vieux mot castel, château. — V. Ravignolé.

Delvau, 1866 : s. f. Prison, un autre hôpital, celui des vices, qui sont la maladie de l’âme.

France, 1907 : Prison ; du vieux mot castel, château fort. Comte de castuc, geôlier.

Castus

Larchey, 1865 : Hôpital. — Vient du même mot [Castel], à moins que ce ne soit un jeu de mots sur la grande phrase de l’hôpital : Qu’as-tu (que ressentez-vous ?). C’est ainsi qu’on appelle les douaniers qu’as-tu là.

Rigaud, 1881 : Cachot, — dans l’ancien argot.

Casuel

d’Hautel, 1808 : Cet adjectif, dans sa véritable acception, signifie fortuit, accidentel ; mais le peuple l’emploie continuellement dans le sens de fragile, et dit en parlant à quelqu’un qui porte des objets qui se cassent aisément : Prends-garde, ceci est casuel.

Virmaître, 1894 : Vente de hasard sur laquelle on ne comptait pas. Casuel : ce que les mariages, les baptêmes et les enterrements rapportent aux curés. Casuel : le miché que fait la fille en dehors de son entreteneur (Argot du peuple). N.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique