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Bon

Bon

d’Hautel, 1808 : Il est bon, mais c’est quand il dort. Se dit par plaisanterie, en parlant d’un enfant turbulent, espiègle et difficile à conduire.
Il est bon par où je le tiens. Se dit à-peu-près dans le même sens, pour exprimer qu’un enfant a la mine trompeuse ; qu’il est plus dégoisé qu’il le paroît.
Il est bon là. Manière ironique qui équivaut à, il est sans façon, sans gêne ; je l’aime encore bien de cette façon.
Il est bon là. Signifie aussi, il est bien capable de faire face à cette affaire ; il est bon pour en répondre.
Il est si bon qu’il en pue ; il est si bon qu’il en est bête. Se dit trivialement et incivilement d’une personne foible et pusillanime, et qui n’inspire aucun respect.
Il est bon comme du bon pain. Se dit d’une personne qui, par défaut de jugement, ou par foiblesse, se laisse aller à toutes les volontés.
Les bons pâtissent pour les mauvais. Signifie que les innocens portent souvent la peine des coupables.
Les bons maîtres font les bons valets. C’est-à-dire qu’il faut que les maîtres donnent l’exemple de la douceur et de la complaisance à leurs domestiques.
Quand on est trop bon le loup vous mange. Signifie qu’un excès de bonté est toujours nuisible.
À tout bon compte revenir. Veut dire qu’entre honnêtes gens, erreur ne fait pas compte.
Jouer bon jeu bon argent. Jouer loyalement, franchement.
Faire bonne mine et mauvais jeu. Dissimuler les peines, les chagrins que l’on ressent ; le mauvais état de ses affaires.
Avoir bon pied bon œil. Être frais, gaillard et dispos ; prendre garde à tout.
Faire le bon valet. Faire plus que l’on ne commande ; flatter, carresser quelqu’un pour gagner ses faveurs, et en tirer avantage.
Il a une bonne main pour chanter et une bonne voix pour écrire. Raillerie qui signifie qu’une personne n’est habile dans aucun de ces arts.
À bon chat bon rat. Se dit lorsque dans une affaire, un homme fin et subtil rencontre un adversaire aussi rusé que lui.
Ce qui est bon à prendre est bon à rendre. Se dit de ceux qui, provisoirement, et sous un prétexte quelconque, s’emparent du bien d’autrui, sauf à le restituer ensuite, s’il y a lieu. Le peuple, traduit ainsi ce proverbe : Ce qui est bon à prendre est bon à garder, parce qu’on ne rend jamais, ou du moins bien rarement, ce dont on s’est emparé.
Bon jour, bon œuvre. Veut dire que les gens vertueux saisissent l’occasion des grandes fêtes pour faire de bonnes actions ; et les méchans pour commettre leurs crimes.
Mettre quelqu’un sur le bon pied. C’est-à-dire, ne pas lui laisser prendre d’empire sur soi, en agir librement avec lui.
À quelque chose malheur est bon. Signifie que souvent d’un accident il résulte un grand bien.
N’être bon ni à rôtir ni à bouillir ; n’être bon à aucune sauce. C’est n’être propre à aucun emploi ; n’être bon à rien.
Il n’est pas bon à jeter aux chiens. Se dit d’un homme contre lequel on a conçu une grande animadversion ; ou qui, d’une haute faveur, est tombé tout-à-coup dans la disgrace la plus complète.
Tout cela est bel et bon, mais l’argent vaut mieux. Se dit à ceux qui allèguent des excuses, des prétextes, pour ne point remplir leurs engagemens.
Un bon Gaulois. Pour dire un homme qui tient aux anciennes modes, aux anciens usages.
S’expliquer en bon Français. C’est parler ouvertement, sans rien déguiser.
Une bonne fuite vaut mieux qu’une mauvaise attente.
C’est un bon diable ; un bon garçon ; un bon enfant ; un bon vivant ; un bon luron.
Termes familiers, qui se prennent communément en bonne part, à l’exception cependant du second et du troisième, qui s’emploient quelquefois dans un sens ironique.
Après bon vin bon cheval. Signifie que quand on a fait bonne chère, on se remet en route plus aisément.
Faire bon pour quelqu’un. S’engager à payer pour lui, se rendre sa caution.
Trouver bon ; coûter bon. Approuver tout ; payer quelque chose fort cher.
Tenir bon. C’est résister avec courage et fermeté.
Se fâcher pour tout de bon. Bouder, être sérieusement fâché.
On ne peut rien tirer de cet homme que par le bon bout. C’est-à-dire, que par la rigueur, par les voies judiciaires.
C’est un bon Israélite. Se dit par raillerie d’un homme simple et dénué d’esprit.
Rester sur la bonne bouche. C’est-à-dire, sur son appétit ; ne pas manger selon sa faim.
Faire bonne bouche. Flatter, endormir quelqu’un par de belles paroles.
Garder une chose pour la bonne bouche. La réserver pour la fin, comme étant la plus agréable et la plus facile.
C’est bon et chaud. Pour exprimer que ce que l’on mange est brûlant.
Mon bon. Ma bonne. Noms caressans et flatteurs que les bourgeoises de Paris donnent à leurs maris. Les personnes de qualité se servent aussi de ces mots, par bienveillance ou par hauteur, en parlant à leurs inferieurs.

Larchey, 1865 : Bon apôtre, hypocrite.

Vous n’êtes bons ! vous… N’allons, vous n’avez fait vos farces !

(Balzac)

C’est un bon : C’est un homme solide, à toute épreuve.

Ce sont des bons. Ils feront désormais le service avec vous.

Chenu.

Pour un agent de police, un homme bon est bon à arrêter.
Être des bons : Avoir bonne chance.

Delvau, 1866 : s. m. Homme sur lequel on peut compter, — dans l’argot du peuple, à qui l’adjectif ne suffisait pas, paraît-il.

Rigaud, 1881 : Agent des mœurs, — dans l’argot des filles et des voleurs. Le bon me fiole, l’agent des mœurs me dévisage.

Boutmy, 1883 : s. m. Épreuve sur laquelle l’auteur a écrit : Bon à tirer, c’est-à-dire bon à imprimer. Cette épreuve est lue une dernière fois, après l’auteur, par le correcteur en seconde ou en bon.

La Rue, 1894 : Homme bon à voler. Agent des mœurs. Le bon me fiole, l’agent me regarde. Avoir bon, prendre en flagrant délit.

France, 1907 : Naïf, bon à voler. Être le bon, être arrêté à bon escient ; vous êtes bons, vous, vous êtes un farceur ; bon jeune homme, garçon candide ; être des bons, avoir bonne chance ; il est bon, il est amusant ; c’est un bon, c’est un homme sur lequel on peut compter. Bon endroit, le derrière, le podex.

Elle reçut un maître coup de soulier juste au bon endroit.

(Zola.)

Bon pour Bernard, bon pour les cabinets d’aisance.

Bon (avoir du)

Rigaud, 1881 : Avoir de la composition non portée sur son bordereau et qu’on garde, pour la compter à la prochaine banque. C’est le contraire du salé. (Boutmy.)

Boutmy, 1883 : v. Avoir de la composition non portée sur son bordereau, et qu’on garde pour la compter à la prochaine banque. C’est le contraire du salé.

Bon (c’est un)

Rigaud, 1881 : C’est un bon républicain, c’est un pur. L’expression était à la mode en 1848.

Bon (c’est)

Rigaud, 1881 : En voilà assez, inutile d’en dire davantage.

Bon (être)

Rossignol, 1901 : S’il y a des preuves matérielles sur un individu arrêté, il est inutile qu’il aille à Niort, il est monsieur Le Bon.

Bon à nib

Virmaître, 1894 : Paresseux. Mot à mot : bon à rien (Argot des voleurs).

Bon cheval de trompette

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui ne s’effraye pas aisément, dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Homme difficile à effrayer ; argot populaire.

Bon coq n’est jamais gras

France, 1907 : C’est la traduction libre du proverbe latin : Pinquia corpora Veneri inepta (les gras sont impropres au service de Vénus). Inutile d’insister sur ce proverbe, mais les eunuques des harems comme les soprani de Saint-Pierre de Rome sont tous d’un remarquable embonpoint.

Bon Dieu

Delvau, 1866 : s. m. Sabre, — dans l’argot des fantassins.

France, 1907 : Sabre-poignard, à cause de la croix figurée par la lame et la poignée.

Bon endroit

Rigaud, 1881 : Derrière. (L. Larchey) Attraper au bon endroit, donner du pied au derrière.

Bon là (être)

Rigaud, 1881 : Être capable, être bon ouvrier, — dans le jargon des ateliers. — Être des bons, être classé parmi les bons ouvriers, parmi les meilleurs. Au dix-huitième siècle, pour désigner quelqu’un de solide, on disait : Il est des bons.

Bon motif

Larchey, 1865 : « Vous ne savez pas ce que c’est que le bon motif ? — Ah ! vous voulez dire un mariage ? — Précisément. » — Aycard.

Delvau, 1866 : s. m. Mariage, — dans l’argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Mariage, — dans le jargon des bourgeois. Faire la cour pour le bon motif, viser au mariage.

Ce ne peut pas être pour le bon motif.

(E. Augier, Les Fourchambault, 1878.)

France, 1907 : Mariage. Courtiser pour le bon motif, expression populaire et bourgeoise, comme si les unions libres étaient nécessairement pour un mauvais motif.

— Tu sais, ma fille, pas de ça ! Ton nom n’est pas effacé des registres, et du jour où je te pince avec Casimir, tu pourras faire ton paquet pour chez la mère Lefèvre.
Mademoiselle Juliette se le tint pour dit, et, douée d’un esprit pratique, elle arrêta le gendarme au troisième baiser, en lui demandant si c’était pour le bon motif, et, sur sa réponse affirmative, on alla jusqu’au dernier mot de la conversation intime.
— Bon motif ? s’écria Fumeron, excellent ; pas de meilleur !

(Hector France, Marie Queue-de-Vache)

Bon nez

Delvau, 1866 : s. m. Homme fin, qui devine ce qu’on veut lui cacher, au figuré, ou qui, au propre, devine qu’un excellent dîner se prépare dans une maison où il s’empresse d’aller — quoique non invité. C’est l’olfacit sagacissime de Mathurin Cordier.

Bon numéro

Larchey, 1865 : « Deux papas très-bien, ce sont deux papas d’un bon numéro. Comprenez-vous ? — Pas trop. — Deux pères parfaitement ridicules en leur genre. » — Th. Gautier.

Bon poète, mauvais homme

France, 1907 : Ce dicton est du XVIe siècle. Il est évident que, pour le vulgaire, le poète planant au-dessus des choses de la vie et négligeant ses intérêts matériels pour s’occuper des divines chimères ne peut être qu’un homme dont la compagnie n’est pas à désirer. Le proverbe dit aussi vicieux, au lieu de mauvais.

Bon pour Bernard

Rigaud, 1881 : Imprimé, journal, papier quelconque qui ne finira pas dans la hotte du chiffonnier, c’est-à-dire : bon pour les lieux d’aisances.

Bon pour cadet !

Delvau, 1866 : Se dit d’une lettre désagréable ou d’un journal ennuyeux que l’on met dans sa poche pour servir de cacata charta. C’est l’histoire du sonnet d’Oronte.

Bon premier

Fustier, 1889 : Argot de courses. Un cheval arrive bon premier quand il a fourni la course bien avant ses concurrents. Il est bon dernier quand il arrive non seulement le dernier, mais encore avec un retard considérable sur les autres chevaux.

Bon premier (arriver)

France, 1907 : Se montrer supérieur ; terme emprunté au jargon des courses.

Bon sang de bon sang !

Rigaud, 1881 : Autre exclamation poussée en apprenant une nouvelle surprenante. (L. Larchey)

Bon sort de bon sort (sacré) !

Rigaud, 1881 : Exclamation qui exprime le désappointement ou la colère. La variante est : Coquin de bon sort !

Bon-Dieu

Larchey, 1865 : Sabre-poignard ; allusion à la croix figurée par la lame et la poignée.
Bon-dieu (il n’y a pas de) : Mot à mot il n’y a pas de bon Dieu qui puisse l’empêcher.

Gn’y a pas d’Bon-Dieu, Faut s’dire adieu.

Désaugiers.

Fustier, 1889 : « On m’avait réservé la copie d’un petit état récapitulatif des corvées du jour, dont j’avais à faire une douzaine d’exemplaires. J’en avais pour trois quarts d’heure environ… Cela s’appelait des bon-dieu. Je n’ai jamais pu savoir pourquoi. »

(A. Humbert, Mon bagne)

Bonaparteux

Rigaud, 1881 : Bonapartiste, — dans le jargon des adversaires politiques des bonapartistes.

Bonasse

d’Hautel, 1808 : Mot dérisoire, pour dire d’une crédulité, d’une foiblesse extrême, d’une bonté qui va jusqu’à la bêtise.

Bonbon

d’Hautel, 1808 : Mot d’enfant, pour dire, sucreries, dragées, friandises.

France, 1907 : Bouton sur la figure.

Bonbon à liqueur

Rigaud, 1881 : Furoncle, bouton pustuleux. — Bonbon anglais, petit bouton sec, — dans le jargon des voyous.

Bonbon à liqueurs

Virmaître, 1894 : Bouton qui suinte constamment une humeur liquide. Individu qui a des écrouelles (Argot du peuple). N.

Bonbonnière

Rigaud, 1881 : Tinette à vidange, — dans le jargon des vidangeurs.

Rigaud, 1881 : Élégante petite chambre, petit appartement meublé avec goût. — Élégante petite salle de spectacle où l’on croque des bonbons aux avant-scènes et des sucres d’orge aux galeries.

Virmaître, 1894 : Tonneau de vidange. Allusion, sans doute, à ce qu’en l’ouvrant on prend une prise. Dans le peuple on dit d’un vidangeur qu’il en prend plus avec son nez qu’avec une pelle (Argot du peuple).

France, 1907 : Tonneau de vidange.

Bonbonnière à filous

Delvau, 1866 : s. f. Omnibus, — dans l’argot des voyous, qui savent mieux que personne avec quelle facilité on peut barboter dans ces voitures publiques.

Rigaud, 1881 : Omnibus. (Colombey.)

Virmaître, 1894 : Omnibus. Les voyageurs sont serrés, le vol à la tire est facile ; il y a des voleurs qui n’ont que la spécialité de voler les morlingues en bonbonnière (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Omnibus. (Charles Virmaître.)

Bonbons à liqueurs

Rossignol, 1901 : Traces de scrofules sur le visage.

Elle est blécharde, elle a des bonbons à liqueurs autour de la tirelire.

Bond

d’Hautel, 1808 : Prendre la balle au bond. Saisir une occasion favorable aussitôt qu’elle se présente ; prendre tout au pied de la lettre.
Faire faux bond. Manquer à ses promesses, à sa parole, à son honneur ; faire banqueroute.
Autant de bond que de volée. C’est-à-dire, tant d’une manière que de l’autre.
Faire les choses du second bond. Agir de mauvaise grâce ; se faire redire plusieurs fois la même chose.

Bonde

d’Hautel, 1808 : Lâcher la bonde à ses larmes. Pour, donner un libre cours à ses pleurs ; pleurer sans contrainte.

Halbert, 1849 : Maladie de Naples.

Fustier, 1889 : Maison centrale.

Il a filé deux ou trois berges aux bondes.

(A. Humbert, Mon bagne)

Virmaître, 1894 : Prison Centrale. Dans les prisons, le fromage réglementaire est le bondon, sorte de fromage rond qui se fabrique à Neufchâtel. La portion, une moitié, se nomme un système. Par corruption, on a fait bonde (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Prison centrale.

France, 1907 : Prison centrale ; argot des voleurs, qui disent aussi centrousse ou centrousse aux bondes, sans doute à cause des fromages de Neufchâtel, appelés bondons.

Bondes (aux)

La Rue, 1894 : Maison centrale.

Bondieusard

Rigaud, 1881 : Marchand d’objets de dévotion. Le quartier St-Sulpice est peuplé de bondieusards. — Enlumineur d’images de sainteté.

Un bondieusard habile pouvait faire ses six douzaines en un jour. Un bondieusard passable, ni trop coloriste ni trop voltairien, pouvait gagner son salut dans l’autre monde et ses quarante sous dans celui-ci.

(J. Vallès, Les Réfractaires)

Le mot a été créé par Gustave Courbet, qui l’employait souvent pour désigner soit un peintre de sujets religieux, soit un de ces peintres qui semblent s’inspirer des enlumineurs d’estampes. Par extension les libres-penseurs donnent du « bondieusard » à quiconque croit en Dieu, à quiconque fait montre de sentiments religieux.

France, 1907 : Marmotteur de prières ; fabricant ou marchand d’objets de sainteté.

Bondieusarderie

Rigaud, 1881 : Dévotion, pratique religieuse, hommage à la religion, — dans le jargon des libres-penseurs.

Bondieusardisme

France, 1907 : Cagotisme, hypocrisie religieuse.

On demandait à une fille en pleine maturité, atteinte, comme beaucoup, de bondieusardisme, pourquoi elle déployait pour aller à la messe un si grand luxe de jupons blancs ornés de dentelles et des bas de soie bien tirés sur le mollet…
— Que voulez-vous, répondit la dévote, par ce temps de perdition, ces précautions sont indispensables… On peut rencontrer un… insolent. Il trouverait le tout propre, le dessous comme le dessus.

Bondieuserie

Rigaud, 1881 : Métier du bondieusard. — Commerce d’objets de sainteté, — dans le jargon des peintres réalistes.

C’étaient ces nombreuses boutiques, ces innombrables bondieuseries, dont la rue est pleine.

(Huysmans, Les sœurs Vatard, 1879.)

France, 1907 : Objets de dévotion.

Bondieutisme

Rigaud, 1881 : Pratique religieuse intermittente à l’usage des gens frileux.

J’en ai connu plusieurs qui, à l’époque des grands froids, se réfugiaient dans les bras de la religion, près du réfectoire, autour du poêle. Ils engraissaient là dans l’extase ! Quand ils avaient deux mentons, et qu’ils voyaient à travers les barreaux de la cellule revenir les hirondelles, ils sortaient et allaient prendre l’absinthe au caboulot.

(J. Vallès, Les Réfractaires)

Bondir

d’Hautel, 1808 : Faire bondir le cœur. Être transporté de joie ; cette locution exprime aussi l’aversion, la répugnance qu’on a pour quelque chose que l’on ne peut aborder sans éprouver un soulèvement d’estomac.

Bondon

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour désigner le membre viril.

À peine sont-elles aussi grandes qu’un tonneau qu’elles veulent avoir le bondon.

Tabarin.

C’est mon tonneau, j’en porte le bondon.

Voltaire.

France, 1907 : Bâton avec lequel on plante des enfants… Vieux style.

À peine nos filles sont-elles aussi hautes qu’un tonneau, qu’elles veulent avoir le bondon.

(Tabarin.)

Bondy (refouler à)

Rigaud, 1881 : Envoyer promener quelqu’un d’autant plus grossièrement que c’est à Bondy qu’on refoule l’engrais parisien.

Bondy-sous-Merde

Delvau, 1866 : n. de l. Le village de Bondy, à cause du dépotoir. Argot des faubouriens. Autrefois on disait Pantin-sur-Merde.

Bonheur, aller au bonheur

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.

Il ne répondit aux reproches qu’on lui faisait qu’en achevant son bonheur.

Diderot.

Bonhomme

d’Hautel, 1808 : Un petit bonhomme. Un nabot ; un marmouset ; un bamboche. Au pluriel des petits bonshommes, (bonzommes) et non des bonhommes, comme on le dit fréquemment parmi le peuple.

Larchey, 1865 : Saint (Vidocq). — Allusion aux statuettes qui peuplent les églises.

Delvau, 1866 : s. m. Saint, — dans l’argot des voleurs, et du peuple.

Rigaud, 1881 : Personnage, statue de saint, en terme d’atelier. Votre bonhomme n’est pas d’aplomb.

Bonhomme (creuser son)

Rigaud, 1881 : Creuser son rôle, l’approfondir.

Pendant des années il a, comme on dit, creusé son bonhomme.

(Figaro, du 14 juillet 1880.)

Bonhomme (entrer dans la peau du)

Rigaud, 1881 : Dans le jargon du théâtre, c’est s’identifier avec son rôle. — Dans le jargon des peintres, c’est se bien pénétrer de son sujet.

L’autre (le peintre de sujets religieux) a besoin de s’entraîner pour se mettre à la hauteur d’une transfiguration ; et l’on comprend qu’il lui soit interdit d’entrer dans la peau du bonhomme.

(L. Leroy, Artistes et rapins.)

L’expression est de l’acteur Bignon.

Bonhomme (faire)

Boutmy, 1883 : v. Se dit, au jeu des cadratins, quand l’un d’eux, par un hasard inouï, reste debout. Ce coup merveilleux annule le coup de blèche.

Bonicard

Halbert, 1849 : Vieil homme.

Delvau, 1866 : s. m. Vieil homme, — dans l’argot des voleurs. Bonicarde. Vieille femme.

Rigaud, 1881 : Vieux. — Bonicarde, vieille, — dans le jargon des voleurs.

Bonicard, bonicarde

France, 1907 : Vieil homme, vieille femme.

Bonicarde

Halbert, 1849 : Vieille femme.

Bonicot

d’Hautel, 1808 : C’est bonicot. Pour dire, bon, agréable, excellent ; se dit plus particulièrement des choses qui flattent le goût, et que l’on mange avec délectation et sensualité.
Bonicot signifie aussi, gratification, libéralité, revenant bon, qui arrivent inopinément. C’est à peu-près ce qu’en terme de finances on appelle boni.

Boniface

Delvau, 1866 : s. m. Homme simple et même niais, — dans l’argot du peuple, auprès de qui la bonté n’a jamais été une recommandation.

France, 1907 : Homme simple, facile à duper.

Bonifacement

Delvau, 1866 : adv. Simplement, à la bonne franquette.

Boniment

M.D., 1844 : Conversation.

un détenu, 1846 : Parole, récit ; avoir du boniment : avoir de la blague.

Halbert, 1849 : Couleur, mensonge.

Larchey, 1865 : Discours persuasif. — Mot à mot : action de rendre bon un auditoire.

Delvau, 1866 : s. m. Discours par lequel un charlatan annonce aux badauds sa marchandise, qu’il donne naturellement comme bonne ; Parade de pitre devant une baraque de « phénomènes». Par analogie, manœuvres pour tromper.

Rigaud, 1881 : Annonce que fait le pitre sur les tréteaux pour attirer la foule ; de bonir, raconter. — Discours débité par un charlatan, discours destiné à tenir le public en haleine, à le séduire, coup de grosse caisse moral. Depuis le député en tournée électorale, jusqu’à l’épicier qui fait valoir sa marchandise, tout le monde lance son petit boniment.

C’était le prodige du discours sérieux appelé le boniment : boniment a passé dans la langue politique où il est devenu indispensable.

(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris)

Le coup du boniment, le moment, l’instant où le montreur de phénomènes, le banquiste, lance sa harangue au public. — Y aller de son boniment, lâcher son boniment, dégueuler, dégoiser, dégobiller son boniment.

La Rue, 1894 : Propos, discours.

Virmaître, 1894 : Discours pour attirer la foule. Forains, orateurs de réunions publiques, hommes politiques et autres sont de rudes bonimenteurs. Quand un boniment est par trop fort, on dit dans le peuple : c’est un boniment à la graisse de chevaux de bois (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Discours.

France, 1907 : Discours destiné à tromper le public ; camelots, charlatans, bazardiers, orateurs de mastroquets, candidats électoraux et bonneteurs font tous leur boniment.

Accroupi, les doigts tripotant trois cartes au ras du sol, le pif en l’air, les yeux dansants, un voyou en chapeau melon glapit son boniment d’une voix à la fois trainante et volubile… « C’est moi qui perds. Tant pire, mon p’tit père ! Rasé le banquier ! Encore un tour, mon amour. V’là le cœur, cochon de bonheur ! C’est pour finir. Mon fond, qui se fond. Trèfle qui gagne. Carreau, c’est le bagne. Cœur, du beurre pour le voyeur. Trèfle, c’est tabac ! Tabac pour papa. Qui qu’en veut ? Un peu, mon n’veu ! La v’là. Le trèfle gagne ! Le cœur perd. Le carreau perd. Voyez la danse ! Ça recommence. Je le mets là. Il est ici, merci. Vous allez bien ? Moi aussi. Elle passe ! Elle dépasse. C’est moi qui trépasse, hélas… Regardez bien ! C’est le coup de chien. Passé ! C’est assez ! Enfoncé ! Il y a vingt-cinq francs au jeu ! etc… »

(Jean Richepin)

Boniment (faire du)

Rossignol, 1901 : Beaucoup causer pour obtenir ce qu’on désire. Celui qui fait la cour à une femme fait du boniment pour la posséder. Un commerçant fait du boniment à une voisine pour l’avoir comme cliente. Un saltimbanque fait du boniment pour attirer le public dans sa baraque.

Bonimenter

France, 1907 : Complimenter.

Bonimenteur

Rossignol, 1901 : Celui qui fait du boniment.

Bonique

France, 1907 : Vieux ou vieille.

Bonir

Clémens, 1840 : Dire.

un détenu, 1846 : Dire, parler.

Delvau, 1866 : v. n. Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière.

Delvau, 1866 : v. a. Dire, parler, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière. (A. Delvau)

Rigaud, 1881 : Parler, raconter, affirmer, avertir avec emphase, chercher à persuader. — Bonir au ratichon, se confesser. — N’en bonir pas une, garder le silence ; mot à mot : ne pas prononcer une parole, — dans le jargon des voyous.

La Rue, 1894 : Parler, raconter. Signifie aussi se taire.

Hayard, 1907 : Parler.

Bonir ou bonnir

France, 1907 : Parler, avertir ; argot des voleurs. Bonir au ratichon, se confesser.

On y entendait des choses étranges, burlesques, sinistres. Dans un coin, deux anciens relingues y dévidait le vieux jars. Un jeune freluqueux, assis entre deux gonzesses recoquinchées, y bonissait le neu filin.

(Louise Michel.)

Bonir, bonnir

Larchey, 1865 : Persuader, avertir, dire. V. Servir, Parrain, Criblage, Girofle.

Bonire

M.D., 1844 : Parler.

Bonis (le)

anon., 1827 : Le fouet.

Bonisse (être en)

Rigaud, 1881 : Être très loquace, bavarder beaucoup, être très expansif. Vient de bonir, raconter. — Veut dire encore se répandre en invectives.

Bonisseur

Delvau, 1866 : s. m. Celui qui fait l’annonce, le boniment. Argot des saltimbanques.

Rigaud, 1881 : Pitre chargé du boniment. — Candidat à la députation en tournée électorale.

La Rue, 1894 : Discoureur. Celui qui fait le boniment dans les foires.

Hayard, 1907 : Parade de forain, beau parleur.

France, 1907 : Faiseur de boniments, menteur, avocat.

Un accusé fait de grands frais d’imagination pour convaincre le tribunal de sa prétendue innocence. — Pourquoi mentir, lui demande doucement le président, n’avez-vous pas un avocat ?

(Triboulet.)

Bonisseur de la batte, témoin à décharge (batte, apocope de batterie, mensonge).

Bonisseur de la bath

La Rue, 1894 : Témoin à décharge.

Bonisseur de la batte

Rigaud, 1881 : Témoin à décharge. — Mot à mot : diseur, de bonnes choses.

Bonjour

d’Hautel, 1808 : Uni comme bonjour. C’est-à-dire sans façon : franc, ouvert et naturel, plein de candeur et de bonne foi.

Rigaud, 1881 : Sacrifice matinal à Vénus, — dans le jargon des bourgeois. — Dire bonjour à sa moitié.Bonsoir, sacrifice nocturne à la même Vénus. — Un bon mari doit le bonjour et le bonsoir à sa femme.

Bonjour (vol au)

Delvau, 1866 : s. m. Espèce de vol que son nom désigne clairement. Le chevalier d’industrie, dont c’est la spécialité, monte de bonne heure dans un hôtel garni, où on laisse volontiers les clés sur les portes, frappe au hasard à l’une de celles-ci, entre s’il n’entend pas de réponse, et, profitant du sommeil du locataire, fait main basse sur tout ce qui est à sa portée, — quitte à lui dire, s’il se réveille : « Bonjour, Monsieur ; est-ce ici que demeure M. *** ? »

France, 1907 : Vol appelé ainsi à cause de l’heure matinale choisie par le voleur, qui s’introduit de grand matin dans les hôtels garnis où l’on laisse d’ordinaire les clés sur les portes, frappe au hasard et, ne recevant pas de réponse, entre. En cas d’absence ou de sommeil du locataire, il fait main basse sur tout ce qui est à sa convenance.

Bonjour (voleur au), bonjourier

Larchey, 1865 : « Voleur s’introduisant de grand matin dans les maisons où les bonnes laissent les portes entr’ouvertes et dans les hôtels garnis dont les locataires ne ferment pas leurs chambres. » — Canler. — Allusion ironique à l’heure matinale choisie par le voleur ; il vous souhaite en quelque sorte le bonjour.

Bonjourien ou bonjourier

France, 1907 : Celui qui pratique le vol au bonjour. On les appelle aussi chevaliers grimpants : ils grimpent les étages. Le bonjourier exploite également les loges de concierges, tandis qu’un copain fait le guet.

Bonjourier

Delvau, 1866 : s. m. Voleur au Bonjour. On dit aussi : Chevalier grimpant, — par allusion aux escaliers que ce malfaiteur doit grimper.

La Rue, 1894 : Voleur dans les chambres d’hôtel.

Virmaître, 1894 : Vol au bonjour. Ce vol se pratique dans les chambres d’hôtels. Le bonjourier monte lestement les escaliers comme s’il allait faire une visite, généralement le matin à l’heure à laquelle les gens dorment encore ; il voit une clé sur la porte, il entre doucement. Si le dormeur s’éveille, il lui souhaite le bonjour et s’excuse de s’être trompé de porte ; au cas contraire, il vole rapidement ce qui lui tombe sous la main et s’esquive. Il y a six mois, on arrêta une bande de bonjouriers qui avaient la spécialité de voler les souliers des locataires. Ils avaient sous le bras une serviette d’avocat gonflée de vieux journaux ; ils les jetaient dans un coin du couloir et les remplaçaient par les bottines et les souliers (Argot des voleurs).

Bonjourier, voleur au bonjour

Rigaud, 1881 : Voleur qui exerce dans les chambres dont on a négligé d’enlever les clés. Il est matinal et peu bruyant parce qu’il sait qu’il ne faut pas réveiller le chat qui dort. Si on lui demande où il va, ce qu’il veut, il en est quitte pour donner un prétexte ; il s’excuse, souhaite le bonjour, s’esquive et va voir à l’étage au-dessus s’il sera plus heureux.

Bonjourière

Rigaud, 1881 : La femelle du bonjourier. C’est une drôlesse qui, au bal, à la promenade, incendie une dupe de ses regards, se fait conduire au domicile de la dupe et la dévalise pendant la nuit. Combien de niais, croyant à une bonne fortune, se sont réveillés, le lendemain, allégés de leur montre, de leur argent et quelquefois de leurs vêtements !

Bonnard

France, 1907 : Naïf.

Bonne

Delvau, 1866 : s. f. Chose amusante ou étonnante, bonne à noter. En dire de bonnes. Raconter des histoires folichonnes. En faire de bonnes. Jouer des tours excessifs.

France, 1907 : Une chose ou une histoire amusante, quand ce n’est pas tout le contraire. Elle est bien bonne ! Quelle bonne plaisanterie ! Elle est bonne, celle-là ! Quelle fâcheuse affaire ! C’est trop fort, on veut me duper. Être à la bonne, être aimé ; être de la bonne, avoir de la chance ; avoir à la bonne, aimer, prendre en amitié ; en dire, en faire de bonnes, dire des plaisanteries salées ou faire des escapades.

Bonne !

Fustier, 1889 : Exclamation qu’emploient les enfants dans la plupart de leurs jeux pour signifier à leur adversaire que le coup qu’il vient de jouer compte et ne saurait être annulé. (V. Mauvaise.)

Bonne (à la)

Rigaud, 1881 : Franchement, sans tricher, — dans l’argot des grecs. — Flanchons-nous une manche à la bonne ?

Bonne (avoir à la)

Rigaud, 1881 : Avoir en grande estime, faire grand cas de. — Être dans ses bonnes, être de bonne humeur.

Bonne (avoir quelqu’un à la)

Rossignol, 1901 : Aimer ou avoir une grande amitié pour une personne ou une chose est l’avoir à la bonne.

Bonne (prendre à la)

Larchey, 1865 : Prendre en bonne amitié. — Être à la bonne : Être aimé.

Je ne rembroque que tézigue, et si tu ne me prends à la bonne, tu m’allumeras bientôt caner.

(Vidocq)

Bonne : Bonne histoire.

Ah ! par exemple, en v’là une bonne.

Cormon.

Bonne-grâce : Toile dans laquelle les tailleurs enveloppent les habits.

Le concierge de l’hôtel dépose qu’il a vu Crozard traverser la cour avec une bonne grâce sous son bras.

La Correctionnelle.

Bonne amie

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des ouvriers. Une expression charmante, presque aussi jolie que le sweetheart des ouvriers anglais, et qu’on a tort de ridiculiser.

Bonne enfant (être)

Delvau, 1864 : C’est, pour une putain, se prêter tous les caprices libertins de l’homme qu’elle a raccroché.

Déboutonn’-toi, tu verras comme
J’s’rai bonne enfant : j’ t’amus’rai bien

Henry Monnier.

Bonne ferte

La Rue, 1894 : Bonne aventure.

Rossignol, 1901 : Bonne aventure. Les bohémiennes qui, dans les fêtes, disent la bonne aventure dans leur entresort (voiture) font la bonne ferte.

France, 1907 : Bonne aventure. (Jean La Rue.)

Bonne fortanche

Fustier, 1889 : (V. Infra Frangeuse.)

France, 1907 : Tireuse de cartes, diseuse de bonne aventure.

Bonne grâce

Rigaud, 1881 : Toilette en lustrine à l’usage des tailleurs.

France, 1907 : Toile noire dans laquelle les tailleurs ou les couturières enveloppent les habits qu’ils portent à domicile.

Bonne pour un homme (avoir été)

Rigaud, 1881 : S’être livrée à un homme, dans le jargon des bourgeoises qui ne savent rien refuser.

Bonne truie à pauvre homme

France, 1907 : Se disait autrefois d’une femme qui avait beaucoup d’enfants. C’est malheureusement une des fatalités sociales ; plus l’homme est pauvre, moins il a les moyens d’élever une famille, plus sa femme est féconde. Dieu bénit les familles nombreuses, — à ce que prétendent les prêtres, — mais il ne les nourrit pas.

Bonne-grâce

Delvau, 1866 : s. f. Toilette de tailleur.

Bonne, bien bonne (une)

Rigaud, 1881 : Une bonne histoire, une bien bonne plaisanterie.

Impossible de se fâcher, quand, après quelque farce de sa façon, il vous disait avec sa grosse voix : Elle est toujours bien bonne !

(Vicomte Richard, Les Femmes des autres.)

En dire une bonne, en raconter une bien bonne, et, avec un déplorable jeu de mots : une bien bonne d’enfants.

Bonneau

Clémens, 1840 : Bête.

Delvau, 1864 : Homme serviable qui se charge — moyennant finance — d’aplanir les difficultés que pourraient éprouver à se rencontrer une femme mariée et son amant. Son obligeance va même jusqu’à procurer des amants à celles et des maîtresses à ceux qui en désirent.

Bonnes fortunes

Delvau, 1864 : Coups qu’un homme tire avec le sexe : autant de femmes, autant de bonnes fortunes.

Une jeune fille dira sans rougir, d’un jeune homme : — Il a eu tant de bonnes fortunes. — Mais elle se croirait déshonorée si elle disait de lui : — Il a foutu tant de femmes. Et pourtant, c’est exactement la même chose.

A. François.

Chacun rencontre sa chacune,
Nul ne fut sans bonne fortune.

Voiture.

Bonnet

d’Hautel, 1808 : Ramasse ton bonnet. Se dit en plaisantant à quelqu’un qui se laisse tomber, ou lorsqu’on a adressé quelqu’épithète satirique à une personne qui ne peut y parer sur-le-champ.
Un bonnet de cochon. Facétie grossière ; pour dire un bonnet de coton porté par un rustre, un malpropre.
Triste comme un bonnet de nuit. Se dit d’un homme taciturne et ennuyeux, parce qu’un bonnet de nuit est ordinairement dépourvu d’ornemens.
Ce sont trois têtes dans un bonnet. Se dit de trois personnes qui, par la bonne intelligence qui règne entr’elles, sont toujours du même sentiment ; et quelquefois en mauvaise part, de trois personnel qui forment entr’elles une coalition.
Un janvier à trois bonnets. Homme extrêmement frileux, qui se couvre beaucoup.
Il a mis son bonnet de travers. Pour dire, il ne sait à qui il en veut ; il est de mauvaise humeur ; il querelle tout le monde.
On dit des Picards, qu’ils ont la tête près du bonnet, parce que les gens de ce pays s’emportent aisément, et se mettent facilement en colère.
J’y mettrois mon bonnet. Espèce d’affirmation qui équivaut à, je gagerois, je parierois, etc.
Un bonnet vert. Banqueroutier ; parce qu’autrefois ces sortes de gens portoient un bonnet vert comme marque de réprobation.
Opiner du bonnet. C’est marquer par un signe de tête que l’on adopte un avis, que l’on y donne sa sanction.
Jeter son bonnet par-dessus les moulins. Se moquer du qu’en dira-t-on ; braver l’opinion et les conséquences ; n’être arrêté par aucune considération.
C’est bonnet blanc blanc bonnet. Pour, c’est tout de même, c’est absolument la même chose d’un côté comme de l’autre.
Un gros bonnet. Un matador, un personnage important par sa fortune, son crédit et ses emplois.

Rigaud, 1881 : Coterie autoritaire dans un atelier typographique.

Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste.

(Boutmy)

Boutmy, 1883 : s. m. Espèce de ligue offensive et défensive que forment quelques compositeurs employés depuis longtemps dans une maison, et qui ont tous, pour ainsi dire, la tête sous le même bonnet. Rien de moins fraternel que le bonnet. Il fait la pluie et le beau temps dans un atelier, distribue les mises en pages et les travaux les plus avantageux à ceux qui en font partie d’abord, et, s’il en reste, aux ouvriers plus récemment entrés qui ne lui inspirent pas de crainte. Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste, comme toute coterie. Il tend, Dieu merci ! à disparaître ; mais c’est une peste tenace.

Hayard, 1907 : Bonneteau.

France, 1907 : Secrète entente parmi les imprimeurs.

Espèce de ligue offensive et défensive que forment quelques compositeurs employés depuis longtemps dans une maison, et qui ont tous, pour ainsi dire, la tête sous le même bonnet. Rien de moins fraternel que le bonnet. Il fait la pluie et le beau temps dans un atelier, distribue les mises en pages et les travaux les plus avantageux à ceux qui en font partie.

(E. Boutmy.)

Bonnet à poil

Virmaître, 1894 : Le bonnet que portaient les grenadiers et les sapeurs. Cette coiffure a été supprimée. On l’applique à un tout autre objet (Argot du peuple). V. As de pique. N.

Bonnet carré

Rossignol, 1901 : Juge.

France, 1907 : Juge. Bonnet vert à perpèt, forçat condamné à perpétuité ; — de coton, homme mesquin aux idées étroites, à cause de ce couvre-chef, ridiculisé par Louis Reybaud, et dont se coiffe le bourgeois ; — de nuit, homme mélancolique, ennuyeux : Triste comme un bonnet de nuit ; — d’évêque, croupion d’une volaille ; — jaune, pièce d’or, argot des filles, jeu de mot signifiant : « Elle est bonne et jaune. »

Bonnet d’évêque

Delvau, 1866 : s. m. Petite loge du cintre. Argot des coulisses.

Delvau, 1866 : s. m. Le train de derrière d’une volaille. Argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Loge des quatrièmes en forme de mitre, d’où le nom. — Train de derrière d’une volaille découpée de façon à ce qu’il figure la mitre. C’est un des morceaux les plus délicats, et, à table, chez d’honnêtes bourgeois, l’objet d’aimables plaisanteries.

Bonnet de nuit

Virmaître, 1894 : Triste comme un bonnet de nuit. Homme taciturne, mélancolique, dont la tristesse est communicative, sa présence dans une réunion jette un froid (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Celui qui n’est pas gai est triste comme un bonnet de nuit.

Bonnet de nuit sans coiffe

Delvau, 1866 : s. m. Homme mélancolique, — dans l’argot du peuple.

Bonnet de police

France, 1907 : Sobriquet que les anciens donnaient autrefois aux conscrits qui, pour l’école de soldat, étaient coiffés du bonnet de police et ne prenaient le shako qu’à l’école de peloton. Argot militaire.

Bonnet jaune

Delvau, 1866 : s. m. Pièce de vingt francs, — dans l’argot des filles.

Rigaud, 1881 : Pièce d’or, — dans le jargon des filles.

Bonnet ou bonnet à poil

Delvau, 1864 : La nature de la femme, que l’homme place sur la tête de son priape à la grande satisfaction de celui-ci. Il y a des bonnets pour toutes les têtes et des têtes pour tous les bonnets.

Ma Lisa, ma Lisa, tiens bien ton bonnet.

E. Debraux.

Tu vas me dire, je le gage,
Que la chaleur de ton bonnet
Fera transpirer son… visage.

Guillemé.

Un bonnet à poil, je te jure,
Aujourd’hui ferait son bonheur ;
Pour faire admirer sa tournure,
Coiffe mon petit voltigeur.

Guillemé.

Mon ourson ne serait plus guère ;
Car, comm’ disait notre aumônier :
J’connais c’pays qu’on prône,
Novi, Florence, Ancône ;
Mais l’Italien, peu guerrier,
Rarement coiffe — un bonnet d’guernadier.

Henri Simon.

Bonneteau

Rigaud, 1881 : Toute espèce de jeux de cartes tenus dans les foires, où le public est naturellement dupe. L’antique jeu de bonneteau consiste à faire deviner une carte parmi trois que manie avec une maladresse affectée le bonneteur. On ne devine jamais, grâce à une substitution.

La Rue, 1894 : Jeu de cartes où le public est toujours dupe.

Virmaître, 1894 : Jeu des trois cartes. Ce jeu ou plutôt ce vol s’exécute à Auteuil, Saint-Ouen et dans les wagons de chemin de fer. M. Marcel Schwob, pour arriver à expliquer l’expression de bonneteur dit qu’il faut passer par des intermédiaires : bonnet. bonneteur, lingerie. Bonnet, dans les ateliers, signifie se réunir plusieurs pour former une coterie, résister au patron ou aux autres camarades. Les bonneteurs sont généralement trois pour opérer : le bonneleur qui tient le jeu, l’engayeur qui ponte pour allécher les naïfs, le nonneur qui est en gaffe pour avertir si la rousse dévale. Ce trio forme donc bien un bonnet, et bonneteur en dérive tout naturellement, et il n’est nullement question de lingerie. Bonnet et bonneteur sont deux expressions en circulation depuis plus de cinquante ans ; Vidocq en parle dans ses Voleurs (Argot du peuple).

France, 1907 : Sorte de jeu de cartes dont se servent certains filous pour attraper les naïfs. En voici une description minutieuse dans un arrêt du tribunal de Compiègne.

Le jeu des trois cartes, dit de bonneteau, qui consiste en un pari sur la place occupée par telle ou telle des cartes que le banquier a montrées à découvert et que les joueurs croient pouvoir suivre et désigner à coup sûr, constitue une escroquerie lorsque, par un tour de main pratiqué avec dextérité, le banquier est parvenu à substituer aux deux autres une carte de couleur différente sur laquelle il avait fixé l’attention des compères, et à déjouer ainsi l’attention de celui qui a parié avec lui.
En opérant ainsi, il modifie à sa volonté les conditions de l’aléa qui forme l’essence du jeu, et s’assure à l’avance un gain illicite.

Jouer sur une borne ou sur une petite tablette, le nom est bonneteau. En wagon, on appelle ce même jeu consolation, car c’est généralement en revenant des courses que les bonneteurs cherchent la victime parmi les perdants.

Bonneter

d’Hautel, 1808 : Avoir toujours le bonnet ou le chapeau à la main ; faire des révérences à ne plus finir ; des soumissions sans nombre à quelqu’un, pour s’en attirer les faveurs et les bonnes graces.

France, 1907 : Amadouer.

Bonneteur

Larchey, 1865 : Industriel tenant aux foires de campagne un de ces jeux de cartes auxquels on ne gagne jamais. — Vidocq.

Delvau, 1866 : s. m. Filou qui, dans les fêtes des environs de Paris, tient des jeux de cartes où l’on ne gagne jamais.

Rigaud, 1881 : Industriel, doublé d’un filou, tenant un jeu de bonneteau.

La Rue, 1894 : Escroc tenant un jeu de bonneteau. Annonceur ; il amadoue (bonnette) le public.

Bonnetier

d’Hautel, 1808 : Il est comme le bonnetier, il n’en fait qu’à sa tête. Se dit d’un homme opiniâtre, revêche et entêté, qui ne veut suivre l’avis de personne.

Delvau, 1866 : s. m. Homme vulgaire, ridicule, — dans l’argot des gens de lettres, qui méprisent les commerçants autant que les commerçants les méprisent.

Bonneton

Rigaud, 1881 : Commis employé au rayon de la bonneterie, dans le jargon de la nouveauté.

Bonniche

anon., 1907 : Bonne.

Bonnichon

Delvau, 1866 : s. m. Petit bonnet d’ouvrière, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Bonnet.

France, 1907 : Chapeau d’ouvrière.

Bonniments

Clémens, 1840 : Discours.

Bonnir

Virmaître, 1894 : Parler. On appelle le pitre qui fait le boniment le bonnisseur (Argot des camelots).

Rossignol, 1901 : Dire, parler. Le camelot bonnit pour vendre sa camelote. Celui qui nous dit quelque chose nous le bonnit. Dire c’est bonnir.

Bonnir que peau

Virmaître, 1894 : Être muet comme une carpe (Argot des voleurs).

Bonnisseur

Rossignol, 1901 : Celui qui fait l’annonce à la porte d’un établissement forain ou autre est un bonnisseur ; un bon bonnisseur est recherché.

Bono

Delvau, 1866 : adj. Bon, passable, — dans l’argot des faubouriens qui ont servi dans l’armée d’Afrique.

France, 1907 : Bon, bien. On dit plus souvent bono besef, du petit sabir, introduit par les soldats d’Afrique.

Bons comptes font les bons amis

France, 1907 : Il y a une suite de vieilles expressions telles que celle-ci, réunissant des choses qui ne sont bonne que l’une par l’autre.

Bonnes gens font les bons pays.
Bon cœur fait le bon caractère.
Bons comptes font les bons amis.
Bon fermier fait la bonne terre.
Bons livres font les bonnes mœurs.
Bons maigres les bons serviteurs.
Les bons bras font les bonnes lames.
Le bon goût fait les bons serviteurs.
Bons maris font les bonnes femmes.
Bonnes femmes les bons maris.

Bons de tabac (sonnerie des)

Merlin, 1888 : Sonnerie des consignés. Plaisanterie ironique. On appelle aussi bons de tabac, les médailles commémoratives sans valeur, qu’on distribue à tous, comme les bons de tabac.

Bonshommes

Delvau, 1866 : s. m. pl. Nom que, par mépris, les filles donnent à leurs amants, et les gens de lettres à leurs rivaux.

Delvau, 1866 : s. m. pl. Croquis, — dans l’argot des écoliers. Ils disent Bonhommes.

Bonsoir

d’Hautel, 1808 : Bonsoir la compagnie. Se dit en riant de quelque chose qui vient à cesser subitement, ou qui échappe tout-à-coup des mains.
Bonsoir, n’en parlons plus. Pour c’est fini ; qu’il n’en soit plus question. Se dit lorsque quelqu’un rompt un marché, ou qu’il se désiste d’une affaire.

Bontés

Delvau, 1864 : Coups tirés avec un homme. Expression chaste, sens obscène.

Vous êtes un ingrat : je regrette d’avoir eu des bontés pour vous, et de vous avoir ainsi donné le droit de me mépriser.

J. Du Boye.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique