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A (petites)

France, 1907 : Ce mot énigmatique sert à désigner ces associations amicales d’anciennes et d’anciens élèves d’écoles primaires qui n’étaient que 50 en 1889 et qui sont aujourd’hui plus de 4000.

A b c

d’Hautel, 1808 : Renvoyer quelqu’un à l’A b c. Lui faire connoître avec peu de ménagement son ignorance et son incapacité.

À Chaillot !

Delvau, 1866 : Exclamation populaire, passée dans l’argot des drôlesses de Breda-Street, et par laquelle on se débarrasse de quelqu’un qui gêne.

À cherche

Rigaud, 1881 : À rien ; pas un point ; c’est-à-dire qui cherche à faire un point. Terme de joueurs d’écarté. Nous sommes trois à cherche.

À cran

Rossignol, 1901 : Être en colère.

À d’autres, dénicheur de merles !

France, 1907 : « Essayez de duper d’autres personnes ; quant à moi, je vous connais, vous ne m’attraperez plus. » Vieux dicton.

Un jeune paysan se confessait d’avoir endommagé la haie d’un voisin pour s’emparer d’un nid de merles.
— Avez-vous au moins pris les petits ? lui demanda le curé. — Non, je les ai laissés dans le nid, ils étaient trop jeunes encore. J’irai les prendre samedi prochain.
Le curé lui donna l’absolution en l’engageant à ne plus trouer les haies. Le samedi arrive, le villageois court à son nid, mais le trouva vide… Bon, se dit-il, le curé m’a prévenu. — Quelque temps après, il revint en confesse. Cette fois ce n’était plus une haie qu’il avait endommagée.
— Oh ! oh ! dit le curé, quel âge a-t-elle ? — Seize ans. — Jolie ? — La plus jolie du village. — La plus jolie ! Oh ! oh ! J’en connais beaucoup de jolies. Comment s’appelle-t-elle ? Où demeure-t-elle ? — Comment elle se nomme ? Où elle demeure ? s’écrie le paysan indigné. À d’autres, dénicheur de merles !
Et il sortit aussitôt du confessionnal.

À l’aveuglette

d’Hautel, 1808 : À tâtons, sans y voir le moins du monde.

À la balade (chanteurs)

France, 1907 : Chanteurs ambulants.

À la bonne (prendre une chose)

France, 1907 : La prendre de bonne humeur ; faire contre fortune bon cœur. Avoir quelqu’un à la bonne se dit pour aimer.

À la carre

Halbert, 1849 : Mettre de côté.

À la carre (dégringoler)

France, 1907 : Voler dans les boutiques. Ces sortes de larcins sont principalement effectués par les femmes, et les mieux mises, dans les grands magasins.

À la clé

Delvau, 1866 : Façon de parler explétive des comédiens, qui entendent fréquemment leur chef d’orchestre leur dire : « Il y a trois dièzes ou trois bémols à la clé, » et qui ont retenu l’expression sans en comprendre le sens exact. Ainsi : Il y a des femmes, ou des côtelettes à la clé, signifie simplement : Il y a des femmes, — ou des côtelettes.

France, 1907 : Façon de parler explétive des comédiens, qui entendent fréquemment leur chef d’orchestre leur dire : « Il y a trois dièses ou trois bémols à la clé », et qui ont retenu l’expression sans en comprendre le sens exact. Ainsi : Il y a des femmes ou des côtelettes à la clé, signifie simplement : Il y a des femmes ou des côtelettes. (A. Delvau.)

À la corde (logement)

France, 1907 : Abri de nuit où les clients n’ont pour tout oreiller qu’une corde tendue que l’on détend au matin.

Dans Paris qui dort, Louis Bloch et Sagari donnent des détails fort intéressants sur les pauvres diables qui n’ont pas de gite :
Parmi les vagabonds, les uns couchent en plein air, les autres sous un toit hospitalier. Suivons d’abord ces derniers : les garnis ne leur manquent pas à Paris ; la rue des Vertus, près de la rue Réaumur, leur en offre un certain nombre, parmi lesquels il faut citer : Au perchoir sans pareil, À l’arche de Noé, À l’Assurance contre la pluie, Au Parot salutaire, Au Lit, dors (au lit d’or), Au Temple du sommeil, Au Dieu Morphée, Au Matelas épatant. Ce dernier garni est ainsi appelé parce que les matelas étaient garnis de paille de maïs, et qu’un matelas, mais un seul, était véritablement bourré de laine. Il est vrai qu’il n’avait pas été cardé depuis le règne de Louis XIII.
Ces garnis sont aristocratiques à côté de ceux à la corde que l’on trouve rue Brisemiche, Pierre-au-Lard, Maubuée, Beaubourg, et, sur la rive gauche, dans les quartiers Maubert et Mouffetard. Il y a là des grabats à six sous sur lesquels on peut rester couché toute la nuit, des grabats à quatre sous sur lesquels on ne peut dormir que jusqu’à quatre heures du matin ; enfin la dernière catégorie de clients paye deux sous et même un sou avec le droit de dormir une heure ou deux.
Des garnis, il y en a de toute espèce et de tout genre ; les auteurs de Paris qui dort nous disent qu’il en existe dix mille dans la capitale. Mais tout le monde ne peut, hélas ! se payer le luxe de coucher à couvert. Aussi les fours à plâtre, les carrières, les quais de la Seine sous les ponts, les bancs des promenades publiques, les arbres mêmes sont transformés en dortoirs. Il n’y a pas d’accident de terrain, de tranchées ouvertes, de constructions délaissées, de cavités abandonnées qui ne deviennent pas un asile improvisé : on a souvent trouvé des vagabonds dans les énormes tuyaux en fer bitumé posés sur la voie publique pendant l’exécution des travaux d’égout. Les pauvres diables se couchent là sur de la paille trouvée ou volée et passent tranquillement la nuit sans souci des courants d’air.
Mais c’est encore les carrières qui reçoivent le plus grand nombre de clients.

(Mot d’Ordre)

À la coule (être)

France, 1907 : Être au fait d’une chose, la connaître.

S’il avait été au courant, à la coule, il aurait su que le premier truc du camelot, c’est de s’établir au cœur même de la foule.

(Jean Richepin)

À la douce

Larchey, 1865 : Doucement.

Comment qu’ça va, vous, à ce matin ? — Mais, merci, à la douce.

H. Monnier.

On dit quelquefois à la douce, comme les marchands de cerises, par allusion au cri de ce métier (à la douce ! à la douce !).

À la flan, à la rencontre (fabriquer un gas)

France, 1907 : Attaquer et voler la nuit au petit bonheur.

À la flanc

M.D., 1844 : Au hasard.

À la fourche

France, 1907 : On dit adverbialement et proverbialement : à la fourche, pour dire négligemment et grossièrement. Cela est fait à la fourche, Panser des chevaux à la fourche. (Dict. de l’académie.) Mais, comme le fait observer judicieusement l’auteur des Remarques morales, philosophiques et grammaticales sur ledit dictionnaire, l’expression prétendue proverbiale à la fourche ne devrait point se trouver là ; car elle ne peut être grammaticalement expliquée avec la bienséance convenable à un dictionnaire d’Académie. On se souvient d’une jeune demoiselle qui dit à Huet, évêque d’Avranches, en présence de père et mère : Monseigneur paroit tout Jean fourche. L’Académie française, dont ce docte prélat fit lui-même partie durant un demi-siècle, ne fut guère moins naïve que cette enfant.
C’est à la foutre qu’il faudrait dire et comme s’expriment les gens qui ne se piquent pas de purisme et de délicatesse dans leur langage.

À la grive !

France, 1907 : Avertissement des voleurs entre eux pour indiquer l’approche de la police, pour veiller au grain, ce qui répond au vesse ! vesse ! des collégiens. Grive signifie la garde, de grivois, ancien sobriquet des soldats.

Par contretemps ma largue
. . . . . . . . .
Pour gonfler ses valades,
Encasque dans un rade,
Sert des sigues à foison ;
On la crible à la grive,
Je m’la donne et m’esquive :
Elle est pommée marron.

(Mémoires de Vidocq)

À la manque

France, 1907 : À gauche ; argot des ouvriers. Avoir du pognon à la manque, être sans argent ; Être à la manque, trahir.

Pas un de nous ne sera pour le dab à la manque.

(Balzac)

À la ringue

France, 1907 : Mettre quelqu’un à la ringue, le battre.

À la ringué

La Rue, 1894 : Un homme à la ringué est un homme battu.

À la six-quatre-deux

France, 1907 : En désordre, à l’envers. Faire une chose à la six-quatre-deux, la faire sans goût et sans soin. On dit dans le même sens : à la va te faire foutre.

À la sonde

France, 1907 : Être rusé, éveillé, habile.

À la tarre

Halbert, 1849 : Voler des mouchoirs.

À la tête du can

M.D., 1844 : Devant tout le monde.

À pince

Rossignol, 1901 : Pédestrement.

J’ai fait le trajet de Paris à Marseille à pince.

À poils

Larchey, 1865 : Un homme à poils est un homme résolu. C’est le brave à trois poils de Molière.

Des bougres à poil, déterminés à vivre libres ou mourir.

1793, Hébert.

M’est avis qu’il faut z’être un artiste à poil (de mérite) pour ça.

Désaugiers.

À priori

France, 1907 : D’abord, en premier lieu. Latinisme.

La tentative de faire rentrer dans l’histoire, d’arracher aux brouillards de la théologie une personnalité qui, jusqu’à l’âge de trente ans, est absolument inconnue et qui, à partir de cet âge, apparaît au milieu des miracles, tantôt absurdes et tantôt ridicules, est une tentative si difficile qu’on peut à priori la déclarer impossible.

(Auguste Dide, La Fin des religions)

À reculons

d’Hautel, 1808 : Aller à reculons. Pour dire en arrière, en reculant.
Ils sont comme les cordiers, ils gagnent leur vie à reculons. Se dit de ceux dont les affaires vont mal, dont la fortune va en déclinant, au lieu d’augmenter. On dit aussi de ceux qui n’avancent nullement dans leurs entreprises, Ils vont à reculons comme les écrevisses.

À renaud (être)

M.D., 1844 : Être contrarié.

À table (se mettre)

France, 1907 : Confesser un crime.

À tout casser

Delvau, 1866 : Extrêmement, — dans l’argot du peuple.

À user le soleil

M.D., 1844 : À vie.

À vau-l’eau

d’Hautel, 1808 : Toute ses espérances sont à vau-l’eau. Pour dire, évanouies, perdues.

Ab hoc et ab hac

d’Hautel, 1808 : Mots empruntés du latin, et qui signifient confusément, sans rime ni raison. On doit éviter de se servir de ces sortes d’expressions, et généralement de tous les mots pris du latin, qui, en n’ajoutant rien à l’agrément de la conversation, ne servent qu’à montrer la prétention de celui qui les emploie.

France, 1907 : Çà et là, confusément. Locution latine.

Qu’on raisonne ab hoc et ab hac
Sur mon existence présente.
Je ne suis plus qu’un estomac ;
C’est bien peu, mais je m’en contente.

(Fontenelle.)

Ab irato

France, 1907 : En colère ; latinisme.

Abadie

Delvau, 1866 : s. f. Foule, — dans l’argot des voleurs, qui l’appellent ainsi, avec mépris, parce qu’ils ont remarqué qu’elle se compose de badauds, de gens qui ouvrent les yeux, la bouche et les oreilles d’une façon démesurée.

Abadie, abadis

France, 1907 : Foule ; argot des voleurs. D’après Alfred Delvau, ce mot viendrait de badaud, le badaud formant l’élément général des foules. Mais j’opine pour le provençal Abadie, abbaye, dérivé lui-même de l’italien Abbadia, les abbayes étant remplies d’une foule de moines fainéants.

Abadis

Larchey, 1865 : Foule, rassemblement (Vidocq). — Vient du vieux mot de langue d’oc : abadia : forêt de sapins. V. Du Cange. — L’aspect d’une multitude ressemble à celui d’une forêt. On dit : Une forêt de têtes.

Pastiquant sur la placarde, j’ai rembroqué un abadis du raboin.

(Vidocq)

Abadis ou abadie

Virmaître, 1894 : V. Trépe.

Abadouce

Clémens, 1840 : Toile fine, mousseline.

Abajoues

Delvau, 1866 : s. f. pl. La face, — dans l’argot du peuple.
Il n’est pas de mots que les hommes n’aient inventés pour se prouver le mutuel mépris dans lequel ils se tiennent. Un des premiers de ce dictionnaire est une injure, puisque jusqu’ici l’abajoue signifiait soit le sac que certains animaux ont dans la bouche, soit la partie latérale d’une tête de veau ou d’un groin de cochon. Nous sommes loin de l’os sublime dédit. Mais nous en verrons bien d’autres.

France, 1907 : La face, dans l’argot du peuple qui compare volontiers son semblable à un cochon.

Abalobé

France, 1907 : Argot du peuple. Étonné, stupéfait.

Abalourdir

Delvau, 1866 : v. a. Rendre balourd, niais, emprunté.

France, 1907 : Rendre balourd, gauche, niais.

Abandonner (s’)

Delvau, 1864 : Se livrer complètement à un homme, lui ouvrir bras et cuisses, lui laisser faire tout ce que lui conseillent son amour et sa lubricité.

Ce n’est pas le droit naturel
À fille de s’abandonner.

(Farces et Moralités.)

Si ma femme, impatiente de ma langueur, à autrui se abandonne.

Rabelais.

Lise, qui partout s’abandonne,
Ne fait qu’en flatter son mari.

Théophile.

Abasourdir

d’Hautel, 1808 : Étourdir quelqu’un de plaintes sans fondement ; l’importuner, l’obséder ; le jeter dans la consternation, et l’abattement.
Cet homme est abasourdissant. Pour, est ennuyeux, fatigant ; ses discours sont d’une insipidité accablante.

France, 1907 : Tuer ; argot des voleurs.

Abat-faim

Delvau, 1866 : s. m. Plat de résistance, — gigot ou roastbeef plantureux.

France, 1907 : Plat de résistance.

Abat-joues

Rigaud, 1881 : Les joues de ce second visage qu’il n’est pas bienséant de montrer en public.

Abat-reluit

Delvau, 1866 : s. m. Abat-jour à l’usage des vieillards. Argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Cette expression désigne la visière placée sur la casquette des vieillards ou des gens faibles de la vue pour adoucir l’intensité de la lumière (Argot des voleurs).

France, 1907 : Abat-jour ; argot des voleurs.

Abatage

d’Hautel, 1808 : Avoir de l’abatage. Locution figurée et populaire, qui signifie être d’une haute stature ; être fort, vigoureux, taillé en Hercule.
En terme de police, ce mot signifie l’action de tuer les chiens errans ; c’est aussi un terme reçu parmi les acheteurs de bois vif.

Rigaud, 1881 : Ouvrage vivement exécuté. — Graisse d’abatage, ardeur à l’ouvrage.

Rigaud, 1881 : Forte réprimande. Écoper un abatage, recevoir une forte réprimande, — dans le jargon des ouvriers.

Le lendemain, tout le monde sur le tas. Avant de commencer, j’ai écopé mon abatage.

(Le Sublime).

Rigaud, 1881 : Développement du bras, haute stature d’un joueur de billard. C’est un avantage qui lui permet de caramboler avec facilité et de se livrer, en été, à des effets de biceps.

Rigaud, 1881 : Action d’abattre son jeu sur la table, en annonçant son point, — dans le jargon des joueurs de baccarat. Il y a abatage, toutes les fois qu’un joueur a d’emblée le point de neuf ou de huit. — Bel abatage, fréquence de coups de neuf et de huit. — Il y a abatage sur toute la ligne, lorsque le banquier et les deux tableaux abattent simultanément leurs jeux.

Les abatages se succédaient entre ses mains, drus comme grêle.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Hayard, 1907 : Réprimande, de patron à ouvrier.

France, 1907 : Abattre son jeu au baccara, argot des joueurs.

Ainsi qu’un bon comptable, il laissa passer les premiers coups sans risquer aucun enjeu ; il attendait sa main. Quand les cartes lui vinrent, il poussa trois louis, et abattit huit ; mais, en consultant son point, ses mains tremblaient de plus en plus, et de la sueur lui coulait des cheveux sur les tempes. Il fit ce qu’on appelle paroli, et, toujours plus convulsif, abattit neuf.

(Maurice Montégut.)

L’autre soir, au cercle. Le banquier perdait beaucoup. Un ponte qui venait de passer quatre fois prend les cartes pour le cinquième coup, et tombe sur le tapis, foudroyé par une attaque d’apoplexie.
Le banquier (très tranquillement). — Allons bon ! encore un abatage !

On appelle aussi abatage un ouvrage rapidement exécuté, d’après l’expression bien connue : abattre de la besogne.

Abatage (vente à l’)

Rigaud, 1881 : Vente sur la voie publique. Aujourd’hui presque tous les grands magasins de nouveautés pratiquent la vente à l’abatage et encombrent les trottoirs avec des marchandises plus ou moins défraîchies.

Abati

Clémens, 1840 : Bras.

Abatis

d’Hautel, 1808 : En style vulgaire, les extrémités supérieures : les mains, les doigts.
On lui a donné sur les abatis. Pour, on l’a corrigé, châtié ; on l’a remis à sa place.
On dit aussi par menace à un enfant mutin qui s’expose à la correction, qu’Il se fera donner sur les abatis.

Larchey, 1865 : Pieds, mains. — Allusion aux abatis d’animaux. — Abatis canailles : Gros pieds, grosses mains.

Des pieds qu’on nomme abatis.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. pl. Le pied et la main, — l’homme étant considéré par l’homme, son frère, comme une volaille. Avoir les abatis canailles Avoir les extrémités massives, grosses mains et larges pieds, qui témoignent éloquemment d’une origine plébéienne.

Rigaud, 1881 : Pieds, mains et, par extension, les autres membres. S’applique en général aux extrémités grosses et communes. Avoir les abatis canailles.

Tu peux numéroter tes abatis.

(La Caricature du 7 fév. 1880.)

Virmaître, 1894 : Les pieds ou les mains. Dans le peuple, on dit d’un individu mal conformé : Il a des abatis canailles, ou encore il a des abatis à la manque. Quand deux hommes se battent, la foule dit du plus faible : il peut numéroter ses abatis (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Les membres du corps humain.

Abattage

La Rue, 1894 : Étalage de marchandises en plein vent. Vive réprimande.

Rossignol, 1901 : Recevoir des réprimandes d’un chef ou d’un patron.

Rossignol, 1901 : Celui qui est grand de taille, a de longs abattis et, par conséquent, de l’abattage.

Abattage (en avoir)

Virmaître, 1894 : Être grand, fort, d’une taille à dominer. — Il a de l’abattage, il peut frapper fort (Argot du peuple). N.

Abattage (en recevoir un)

Virmaître, 1894 : Être grondé à en être abattu. Équivalent à recevoir un gras, un suif, en un mot, à être enlevé (Argot du peuple). N.

Abatteur

d’Hautel, 1808 : Sobriquet injurieux et méprisant que l’on donne à un ouvrier brouillon et envahisseur, qui s’attache moins à bien travailler, qu’à faire beaucoup de besogne.
Abatteur de quilles, ou Abatteur de bois. Hâbleur, fat, fanfaron ; homme incapable de grandes actions, et dont tout le talent consiste dans un débordement de paroles frivoles et stériles.

Abatteur de bois

Delvau, 1864 : Fouteur, — son outil étant considéré comme une cognée, et la nature de la femme, à cause de son poil, comme une forêt.

Il n’étoit pas grand abatteur de bois, aussi étoit-il toujours cocu.

Tallemant des Réaux.

Les beaux abatteurs de bois sont, comme les rois et les poètes, des rares aves.

Baron Wodel.

Ce Jacques était un grand abatteur de bois remuant.

(Moyen de parvenir)

Il lui présenta cent mille choses que ces abatteurs de femmes savent tout courant et par cœur.

(Les Cent Nouvelles nouvelles.)

Je me connais en gens ;
Vous êtes, je le vois, grand abatteur de quilles.

Régnier.

Abatteur de bois, abatteur de bois remuant, de femmes ou de quilles

France, 1907 : Se disait autrefois pour désigner un homme valeureux en amour.

Bien que je sois poussé du désir de paraître,
Ne me souhaitez pas que la faveur des rois
Me fasse quelque jour grand veneur ou grand maître :
C’est assez que je sois grand abatteur de bois.

(Le cabinet satyrique.)

Ce Jacques était un grand abatteur de bois remuant.

(Béroalde de Verville)

Il lui présenta cent mille choses que ces abatteurs de femmes savent tout courant et par cœur.

(Les Cent Nouvelles nouvelles.)

Je me connais en gens ; vous êtes, je le vois, grand abatteur de quilles.

(Régnier.)

Abatteurs de noix

Merlin, 1888 : Les anciens lanciers (Voyez Allumeurs de gaz).

Abattis

Rigaud, 1881 : Nombreuses révocations dans un personnel administratif. — Hécatombes de fonctionnaires de l’État que la cognée ministérielle abat comme la cognée du bûcheron abat les arbres d’une forêt.

C’est pour affirmer… que le journal de M. Decazes a collaboré à l’abattis, en quelques semaines, de 54 préfets, de 38 secrétaires généraux et de 125 sous-préfets.

(Aug. Vacquerie, le Rappel du 23 octobre 1877.)

La Rue, 1894 : Les pieds, les mains, les membres en général. Abattis canailles, extrémités grosses, rougeaudes, massives.

Rossignol, 1901 : Les bras et jambes sont des abattis.

France, 1907 : Les pieds et les mains ; argot du peuple.

Parigo, quoi !… Des Batigneulle’,
Toujours prêt à coller un paing,
Mais j’comprends pas qu’on s’cass’ la gueule
Pour gagner d’quoi s’y tout’ du pain
El’travail… c’est ça qui nous crève,
Mêm’ les ceux qu’est les mieux bâtis,
V’là pourquoi j’m’ai mis en grève…
Respec’ aux abattis.

(Aristide Bruant)

Avoir les abattis canailles, avoir les extrémités massives et larges. Numérote tes abattis.

anon., 1907 : Membres. Mettre ses abattis dans les torchons : se coucher.

Abattis (les)

M.D., 1844 : Les bras.

Abattoir

Halbert, 1849 : Cachot des condamnés.

Delvau, 1866 : s. m. Le cachot des condamnés à mort, à la Roquette, — d’où ils ne sortent que pour être abattus devant la porte de ce Newgate parisien.

Rigaud, 1881 : Cellule des condamnés à mort à la Roquette.

Fustier, 1889 : Cercle de jeu. On y immole en effet force pigeons.

Virmaître, 1894 : Lieu où l’on abat les animaux ; les prisonniers ont donné ce nom au cachot des condamnés à mort (Argot des voleurs).

France, 1907 : Cellule à la prison de la Roquette, occupée par les condamnés à mort, d’où ils ne sortent que pour être abattus. Se dit aussi des ateliers malsains où les ouvriers sont maltraités et qui, par le fait, sont de véritables abattoirs d’hommes.

Abattre

d’Hautel, 1808 : En abattre. Jeter à bas beaucoup d’ouvrage ; travailler à la hâte et sans aucun soin ; en détacher. Voyez Détacher.
On dit aussi en bonne part d’un ouvrier expéditif, habile dans tout ce qu’il fait, qu’Il abat bien du bois.
Petite pluie abat grand vent. Signifie qu’il faut souvent peu de chose pour apaiser un vain emportement ; pour rabattre le caquet à un olibrius, un freluquet.

Rigaud, 1881 : Faire beaucoup d’ouvrage en peu de temps. J’en ai-t’y abattu !

Rigaud, 1881 : Étaler son jeu sur la table, en style de joueur de baccarat. — Méry, qui cultivait pour le moins autant ce jeu que la Muse, avait érigé en axiome le distique suivant :

Quand on a bien-dîné, qu’on est plein comme un œuf, Il faut après un huit toujours abattre un neuf.

Virmaître, 1894 : Faire des dettes, L. L. Abattre veut dire faire beaucoup d’ouvrage. — C’est un ouvrier habile, il en abat en un jour plus que ses compagnons en une semaine (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Faire beaucoup de travail est en abattre.

France, 1907 : Se disait dans le sens de posséder une femme.

Il fut trouver la dame en sa chambre, laquelle, sans trop grand effort de lutte, fut abattue.

(Brantôme.)

Je me laissai abattre par un garçon de taverne sur belles promesses.

(Variétés historiques et littéraires)

Abattre (en)

Delvau, 1866 : Travailler beaucoup, — dans l’argot des ouvriers et des gens de lettres.

France, 1907 : Travailler beaucoup ; argot des ouvriers et des gens de lettres. J’en ai abattu beaucoup ce matin.

Abattuci

Rigaud, 1881 : Abatage, — dans le jargon des joueurs de baccarat, par similitude de nom. Encore un abattuci ! c’est un abonnement.

Abbaye

d’Hautel, 1808 : Faute d’un moine l’abbaye ne manque pas. Proverbe fort usité, et qui veut dire, que pour une seule personne qui manque à une partie de plaisir, les autres ne doivent pas moins s’en divertir pour cela. Cette manière de parier marque l’humeur, le dépit.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Four.

Halbert, 1849 : Four.

Delvau, 1866 : s. f. Four, — dans l’argot des rôdeurs de nuit qui, il y a une quinzaine d’années, se domiciliaient encore volontiers dans les fours à plâtre des buttes Chaumont, où ils chantaient matines avant l’arrivée des ouvriers chaufourniers.

Rigaud, 1881 : Carrière à plâtre, four à plâtre, domicile ordinaire des vagabonds de Paris.

La Rue, 1894 : Four. Four à plâtre ; il sert de domicile aux vagabonds.

France, 1907 : Réduit, briquetterie ou four à chaux dans lequel les voleurs et les vagabonds se réfugient la nuit. Les Buttes-Chaumont étaient jadis une grande Abbaye.

Abbaye de cinq pierres

Virmaître, 1894 : Les cinq dalles de granit placées devant la Roquette, sur lesquelles on monte l’échafaud. Lacenaire dédia ces strophes à ces cinq dalles :

Oh ! je vous connais bien, dalles qui faites place
Aux quatre pieds de l’échafaud.
Dalles de pierres blanches ou ne reste plus trace
Du sang versé par le bourreau.

Abbaye de clunis (l’)

Delvau, 1864 : Le cul. — de clunis, fesse, croupe, — une abbaye qui ne chômera jamais faute de moines.

Abbaye de monte à regret

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Potence, guillotine.

Abbaye de Monte-à-Regret

Bras-de-Fer, 1829 : Guillotine.

un détenu, 1846 : Échafaud.

Halbert, 1849 : L’échafaud.

Larchey, 1865 : Échafaud (Vidocq). — Double allusion. — Comme une abbaye, l’échafaud vous sépare de ce bas monde, et c’est à regret qu’on en monte les marches.

Delvau, 1866 : s. f. L’échafaud, — dans l’argot des voleurs, qui se font trop facilement moines de cette Abbaye que la Révolution a oublié de raser.

Rigaud, 1881 : L’ancienne guillotine, — dans le langage classique de feu les pères ignobles de l’échafaud. Terrible abbaye sur le seuil de laquelle le condamné se séparait du monde et de sa tête.

La Rue, 1894 : L’échafaud.

Virmaître, 1894 : La guillotine. L’expression peut se passer d’explications : ceux qui y montent le font sûrement à regret (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : La guillotine. Cette désignation n’a plus raison d’être depuis 1871, époque à laquelle les treize marches pour y monter ont été supprimées.

Hayard, 1907 : L’échafaud.

France, 1907 : La potence ou l’échafaud.

Comme une abbaye l’échafaud sépare de ce monde, et c’est à regret qu’on monte les marches.

(Lorédan Larchey.)

Mon père a épousé la veuve, moi je me retire à l’Abbaye de Monte-à-regret.

(Victor Hugo, Le Dernier jour d’un condamné)

Les voleurs appellent encore l’échafaud Abbaye de Saint Pierre, la guillotine étant autrefois placée sur cinq pierres, devant la Roquette.

Abbaye de s’offre à tous

Delvau, 1864 : Bordel, dont les victimes cloîtrées s’offrent volontiers à tout venant qui tient à communiquer avec elles sur l’autel de leur dieu des jardins.

Rigaud, 1881 : Maison de tolérance du temps jadis.

Abbaye de s’offre-à-tous

Virmaître, 1894 : V. Bocard.

Abbaye de Saint-Pierre

Rigaud, 1881 : Nom que donnaient à la guillotine, il y a une quinzaine d’années, les lauréats de Cour d’assises ; jeu de mots sur saint Pierre et cinq pierres, par allusion aux cinq dalles qui formaient le plancher de l’échafaud. Depuis qu’il est à ras de terre, c’est la Plaine rouge, le Glaive ou encore la Veuve Razibus.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique