(Delvau, 1864)
Aller à la visite
Se dit des filles publiques qui, au jour fixé par les règlements de police, doivent se rendre au Dispensaire pour subir un examen de santé de la part de médecins ad hoc qui les renvoient si elles sont saines et les retiennent si elles sont malades.
C’est demain, âmes sœurs, le jour de la visite.
Albert Glatiny.
(Delvau, 1867)
Avoir une écrevisse dans la tourte
v. a. Être fou, non à lier, mais à éviter. On dit aussi Avoir une écrevisse dans le vol-au-vent, et Avoir une hirondelle dans le soliveau.
(Larchey, 1865)
Billard (décoller, dévisser son)
(Delvau, 1867)
Dévisager
v. a. Égratigner le visage, le meurtrir de coups, — dans le même argot [du peuple]. Signifie aussi : Regarder quelqu’un avec attention.
(Rigaud, 1881)
Dévisser
Estropier, casser un ou plusieurs membres.
Tu veux donc te faire dévisser ?
(L. Cladel, Ompdrailles, le Tombeau des lutteurs.)
(La Rue, 1894)
Dévisser
Estropier. Dévisser son billard, mourir.
(Fustier, 1889)
Dévisser (se)
« C’était l’école préparatoire de Sainte-Barbe qui dévissait. Et pourquoi dévissait-elle l’école préparatoire ? Parce que beaucoup d’élèves étaient mécontents de ce que quelques-uns de leurs camaraaes avaient été renvoyés… »
(Constitutionnel, février 1883.)
(Rigaud, 1881)
Dévisser la pétronille (se.)
Se mettre en frais d’imagination, se creuser la cervelle, — dans le jargon des voyous.
(Rigaud, 1881)
Dévisser le coco
Tordre le cou, étrangler.
(Delvau, 1867)
Dévisser son billard
v. a. Mourir, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1881)
Dévisser son billard
Mourir, — dans le jargon des piliers de café. Et par abréviation : dévisser. — Que devient, Machin ? Il a dévissé.
(Virmaître, 1894)
Dévisser son billard
Mourir. Quand le billard est dévissé, adieu la partie. Un à peu près dit qu’il n’y a plus Moyaux de faire une partie de Billoir quand on joue Troppmann (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Dévisser son billard
(Hayard, 1907)
Dévisser son billard
(Delvau, 1867)
Dévisseur
s. m. et adj. Médisant, débineur, — dans l’argot des gens de lettres et des faubouriens.
(d’Hautel, 1808)
Écrevisse
Rouge comme une écrevisse. Se dit par exagération d’un homme qui a le visage d’un rouge animé, par allusion avec cet insecte, quand il est cuit.
Et de quelqu’un dont les affaires reculent au lieu d’avancer, qu’Il va à reculons, comme les écrevisses.
(Delvau, 1867)
Écrevisse
s. f. Cardinal, — dans l’argot des voleurs, qui ont l’honneur de se rencontrer avec Jules Janin, lequel a employé le même trope à propos du Homard, « ce cardinal de la mer ». Cardinaux sans doute, ces crustacés décapodes, — mais seulement lorsqu’ils ont subi la douloureuse épreuve du court-bouillon.
(Rigaud, 1881)
Écrevisse
Cardinal, à ce que dit M. Fr. Michel, dans son dictionnaire de l’argot comparé. C’est une aimable plaisanterie à laquelle il se sera laissé prendre, sans songer que ce cardinal-là descend en ligne directe du « cardinal des mers », dont a parlé Jules Janin et dont a tant ri Nestor Roqueplan.
(Rigaud, 1881)
Écrevisse dans la tourte (avoir une)
Dire, faire des extravagances.
(Virmaître, 1894)
Écrevisse dans la tourte (avoir une)
Être à moitié toqué (Argot du peuple).
(Rigaud, 1881)
Écrevisse de boulanger
(Rigaud, 1881)
Écrevisse de rempart
Fantassin, — dans le jargon des soldats de cavalerie.
(Merlin, 1888)
Écrevisse de rempart
Lignard. — Toujours à cause du pantalon garance, beaucoup ne connaissant que l’écrevisse cuite et baptisant volontiers, comme Jules Janin, le homard du surnom de cardinal des mers.
(Rossignol, 1901)
Écrevisse de rempart
(Rossignol, 1901)
Faire la révision
Tous les brocanteurs, ou autres marchands, dans les ventes par autorité de justice ou du mont-de-piété, font la révision ; il y en a qui ne font absolument que cela et qui gagnent de l’argent sans avoir de marchandises. Ils sont par groupes de cinq ou six, jamais ils ne poussent les enchères et achètent pour leur compte personnel. Ils sont tellement connus par les commissaires-priseurs que lorsqu’un lot est adjugé à l’un d’eux on ne lui demande pas son nom pour le transcrire sur le procès verbal, La vente terminée, on fait la révision et la marchandise reste au plus enchérisseur d’entre eux ; le surplus qu’a produit la surenchère est à partager entre le groupe. Dans les monts-de-piété, notamment dans la salle de vente des bijoux, il y a plusieurs groupes qui sont toujours les mêmes marchands, qui ont une place attitrée ; chacun prend note de l’objet acheté, du prix et de la valeur approximative. La révision se fait ensuite le plus souvent d’une autre façon que les brocanteurs ; chacun inscrit en cachette, sur un morceau de papier qu’il plie, ce qu’il offre de tout le lot ; chacun dépose son papier, on en fait le dépouillement et le lot reste au plus enchérisseur, et alors chacun touche au prorata de ce qu’il a offert. Cela se passe rarement en présence des commissaires-priseurs qui n’interviennent pas, quoique cela constitue une escroquerie.
(d’Hautel, 1808)
Invisible
On dit qu’une chose a passé par l’invisibilium, pour dire qu’elle est demeurée invisible ; qu’elle a été perdue ; volée, saccagée.
(d’Hautel, 1808)
Provision
Il a une bonne provision de bois pour son hiver. Se dit facétieusement de celui à qui on a donné une volée de coups de bâton.
(Delvau, 1867)
Quatorzième écrevisse
s. f. Figurante, — dans l’argot des coulisses. L’expression est récente. Elle sort du théâtre des Folies-Marigny, aux Champs-Elysées, où l’on a joué je ne sais quelle revue-féerie où paraissaient beaucoup de femmes chargées de représenter, celles-ci des légumes, et celles-là des poissons, — crustacés ou non. Vous avez compris ?
(Delvau, 1867)
Rendre visite à M. Du Bois
Aller « où le Roi va à pied », — dans l’argot des faubouriens.
(La Rue, 1894)
Revidage, révision
Nouvelles enchères ou partage entre marchands d’objets adjugés aux enchères à l’un d’eux.
(Rigaud, 1881)
Revider, Réviser
(Delvau, 1867)
Serrer la vis
Achever une affaire, presser un travail. Étrangler quelqu’un. Argot du peuple.
(Rigaud, 1881)
Serrer la vis
Serrer le frein, — dans l’argot des mécaniciens des chemins de fer.
(Virmaître, 1894)
Serrer la vis
Étrangler quelqu’un (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Serrer la vis
(Rigaud, 1881)
Tonneau diviseur
Fiacre, — dans le jargon des voyous. — Médéme, faut-y faire avancer votre tonneau diviseur ?
(Fustier, 1889)
Tortiller la vis
Étrangler.
Je l’avais prévenu que s’il faisait un mouvement, j’allais lui tortiller la vis.
(Gazette des Tribunaux, 1864.)
(Fustier, 1889)
Tourne-vis
Gendarme. Argot des malfaiteurs.
Le gendarme est naturellement l’obsession du repris de justice ; il le voit partout et l’a baptisé d’un nom caractéristique ; le tourne-vis.
(Figaro, février 1885.)
(La Rue, 1894)
Tourne-vis
Gendarme. Chapeau à cornes.
(Virmaître, 1894)
Tourne-vis
(Virmaître, 1894)
Tourne-vis
Chapeau à cornes que portent les gendarmes. Ce terme s’est généralisé, il est employé pour tous les chapeaux quelles que soient leurs formes (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Tourner la vis
v. a. Tordre le cou à quelqu’un.
(Rigaud, 1881)
Tournevis
Chapeau à cornes. (L. Larchey)
(Virmaître, 1894)
Vis
Serrer la vis à quelqu’un, c’est l’étrangler. Opération qui n’a rien d’agréable à subir au point de vue physique. Au point de vue moral non plus, car serrer la vis à un individu, c’est l’étrangler au point de vue de l’existence. Être dur, injuste, ne rien jamais trouver de bien de ce que fait un individu, c’est lui serrer la vis (Argot du peuple).
(d’Hautel, 1808)
Vis-à-vis
Au vis-à-vis de moi. Manière triviale, qui signifie à mon égard.
(Larchey, 1865)
Vis-à-vis
Un des deux couples nécessaires pour danser le quadrille.
Le vis-à-vis de ces deux danseurs était non moins ignoble.
E. Sue.
(d’Hautel, 1808)
Visage
Un visage de plâtre. Pour dire une mine fardée, plâtrée de blanc et de rouge.
Visage de prospérité. Un visage enjoué, bien, rempli, et frais.
Cela ne paroit pas plus que le net au milieu du visage. Pour dire que quelque chose que l’on cherche à cacher, est très-ostensible.
Le gros visage. Le postérieur, le derrière.
Un visage à cracher contre. Une figure laide, revêche et rebutante.
Trouver visage de bois. Se dit, lorsqu’on a été pour visiter quelqu’un ; et qu’on n’a trouvé personne.
(Rigaud, 1881)
Visage à culotte
Vilain visage digne de figurer dans un pantalon.
(Delvau, 1867)
Visage cousu
s. m. Homme très maigre, — dans l’argot du peuple.
(Larchey, 1865)
Visage de bois
Porte fermée.
Fontenay Coup-d’Épée n’en fit que rire, et il retourne, mais il trouve, comme on dit, visage de bois.
Tallemant des Réaux.
(Delvau, 1867)
Visage de bois
(Virmaître, 1894)
Visage de bois
Se casser le nez contre une porte fermée. Éprouver une déception à laquelle on ne s’attendait pas. Aller dîner en ville et ne trouver personne : visage de bois. On dit également : rester en figure (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Visage de bois
Aller chez quelqu’un et n’y trouver personne est trouver visage de bois.
(Delvau, 1867)
Visage de bois flotté
s. m. Mauvaise mine, figure pâle, allongée. L’expression a des ancêtres :
Je ne suis pas un casse-mottes,
Un visage de bois flotté :
Je suis un Dieu bien fagotté,
a dit d’Assoucy.
(Rigaud, 1881)
Visage de constipé
Mauvais visage, mine allongée et jaune.
(Delvau, 1867)
Visage de cuir bouilli
(Delvau, 1867)
Visage sans nez
s. m. Messire Luc. On dit aussi tout simplement Visage, ainsi que le constatent ces vers de Voiture à une dame :
… Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.
(Virmaître, 1894)
Visage sans nez
Le derrière. C’est un visage qui n’est pas désagréable à voir, surtout lorsqu’il est blanc, jeune, dodu et ferme. Voiture était de cet avis :
…Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.
Ce visage a l’avantage sur l’autre de ne pas faire de grimaces (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Viscope
s. f. Visière, — dans l’argot des voyous.
(Virmaître, 1894)
Viscope
Casquette à longue visière, comme en portent les gens faibles de la vue. Un képi de troupier se nomme également une viscope. On dit aussi un abat-jour (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Viscope
Visière de casquette.
Tu en as une viscope à ta bâche.
(Virmaître, 1894)
Vise au trèfle
Infirmier. L’allusion est amusante (Argot du peuple).
(Rigaud, 1881)
Vise-au-tréfle
Apothicaire du temps de M. de Pourceaugnac.
(Rossignol, 1901)
Viselot
Être malin, vicieux. C’est un madre, il a du viselot.
(d’Hautel, 1808)
Viser
Voilà bien visé pour un borgne. Manière ironique de dire qu’une personne s’est bien éloignée du but.
(Delvau, 1867)
Visiteur
s. m. Frère qui se présente à une loge qui n’est pas la sienne, — dans l’argot des francs-maçons.
(d’Hautel, 1808)
Vison, visu
Mot burlesque, pour dire vis-à-vis, en droiture, face à face.
Argot classique, le livre • Telegram
