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Chaussettes polonaises

Delvau, 1866 : s. f. pl. Morceaux de papier dont les soldats s’enveloppent les pieds.

Chaussettes polonaises ou russes

France, 1907 : Bandes de linge dont les pauvres diables et les soldats, faute de chaussettes, s’enveloppent les pieds.

Ils dormaient, les sans logis, à plat sur le sol, la tête, en guise d’oreiller, un peu haussée par leurs souliers. Leurs pieds blessés, leurs pieds d’errants, s’enveloppaient comme dans un bandage avec les croisés de la chaussette polonaise.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Il colla, d’une goutte de suif, une chandelle au bout de sa patience dont il introduisit l’autre extrémité sous la pile des vêtements que contenait sa charge, et ayant enlevé ses bottes à la lueur de ce chandelier improvisé, il commença, assis de côté sur son lit, a déligoter ses chaussettes russes.

(Georges Courteline, Le 51e chasseurs)

Côtelette polonaise

Rigaud, 1881 : Crotte du nez.

Faire descendre le polonais

Delvau, 1864 : Expression usitée dans les bordels, lorsque les hôtes momentanés, les michés, font trop de vacarme : au lieu de menacer les perturbateurs d’aller chercher la garde, on les menace de faire descendre le Polonais — qui n’est autre, souvent, qu’un pauvre diable sans feu ni lieu recueilli par charité et logé dans les combles de la maison, — et les perturbateurs se taisent, effrayés par cette mystérieuse menace, — par cette épée de Damoclès.

Polonais

Delvau, 1866 : s. m. Ivrogne, dans l’argot du peuple. L’expression, quoique injurieuse pour une nation héroïque, mérite d’être conservée, d’abord parce qu’elle est passée dans le sang de la langue parisienne, qui s’en guérira difficilement ; ensuite parce qu’elle est, à ce qu’il me semble, une date, une indication historique et topographique. Ne sort-elle pas, en effet, de l’ancienne rue d’Errancis, — depuis rue du Rocher, — au haut de laquelle était le fameux cabaret-guinguette dit de la Petite-Pologne, et ce cabaret n’avait-il pas été fondé vers l’époque du démembrement de la Pologne ?

Delvau, 1866 : s. m. Épouvantail dont on menace les perturbateurs dans les maisons suspectes, mais tolérées. Quand la dame du lieu, à bout de prières, parle de faire descendre le Polonais, le tapage s’apaise comme par enchantement. « Et le plus souvent, dit l’auteur anonyme moderne auquel j’emprunte cette expression, le Polonais n’est autre qu’un pauvre diable sans feu ni lieu, recueilli par charité et logé dans les combles de la maison. »

Rigaud, 1881 : Petit fer à repasser les dentelles, — dans le jargon des blanchisseuses.

Fustier, 1889 : Souteneur. — Sorte de fer à repasser. Argot des blanchisseuses.

La Rue, 1894 : Souteneur.

France, 1907 : lvrogne ; argot populaire. D’après Alfred Delvau, cette expression viendrait non du vice d’ivrognerie attribué à tort à une nation malheureuse, mais d’un cabaret guinguette appelé la petite Pologne, ouvert dans la rue des Errancis, aujourd’hui rue du Rocher, et fort achalandé vers le milieu du XIXe siècle.

France, 1907 : Personnage imaginaire chargé de maintenir le bon ordre dans les lupanars. Cette expression n’eut cours qu’après le démembrement de la Pologne, où nombre de pauvres Polonais expulsés en étaient réduits à tous les expédients pour vivre.

Quand la dame du lieu, à bout de prières, parle de faire descendre le Polonais, le tapage s’apaise comme par enchantement.

(Alfred Delvau)

France, 1907 : Petit fer dont se servent les dames.

Elle promenait doucement, dans le fond de la coiffe, le polonais, un petit fer arrondi des deux bouts.

(Émile Zola, L’Assommoir)

Saoul comme un Polonais

France, 1907 : Complétement ivre. L’Écho du Public donne deux versions de ce dicton dont la première me parait être la bonne.

« Saoul comme un Polonais » ne s’explique pas, car on ne boit pas plus en Pologne que partout ailleurs. En Russie et en Norvège, on boit beaucoup plus qu’en Pologne. Il faudrait en chercher l’explication dans le passé. Les rois de Pologne de la dynastie saxonne buvaient beaucoup, surtout Auguste le Fort ; son fils, le roi Auguste III, buvait moins, mais cependant il buvait ferme. Les courtisans, pour plaire aux maîtres, faisaient comme eux. — Boire, disons même s’enivrer, était devenu à la mode, et comme cette mode n’avait rien que d’agréable, elle s’est maintenue pendant longtemps ; elle a passé depuis. D’ailleurs, dans les climats du Nord, cela n’a pas la même importance, et l’emploi du vin et des spiritueux y est un besoin d’hygiène absolu.

 

Je tiens de mon père, dit le second correspondant, émigré polonais de 1831, l’explication suivante de l’expression « saoul comme un Polonais » :
Au cours de la guerre d’Espagne, en 1808, un détachement mi-français, mi-polonais, ayant, à la suite d’une longue étape, campé dans un village de la zone ennemie, les Français burent plus que de raison, alors que leurs compagnons s’abstinrent de suivre leur exemple, pour la raison fort simple, qu’habitués dans leur pays à n’user, comme boissons fermentées, que de bière et surtout d’hydromel, le vin, à cette époque, leur offrait peu d’attraits.
Attaqués à l’improviste, au milieu de la nuit, par les partisans espagnols, les Polonais, qui « ne dormaient que d’un œil », sautèrent sur leurs armes et, après un combat de courte durée, mirent en fuite l’ennemi, sauvant ainsi la vie à leurs compagnons d’armes.
L’empereur, instruit du fait, félicita, dit-on, publiquement les Polonais et, s’adressant aux autres soldats, s’écria : « Saoulez-vous, si bon vous semble, mais que ce soit dorénavant comme des Polonais ! »

On donne aussi comme origine à cette expression, malencontreuse ainsi que tant d’autres, le fameux vers de Frédéric II :

Quand Auguste avait bu, la Pologne était ivre.


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