France, 1907 : Suffixes employés par les voleurs pour déguiser leurs mots.
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Aille, iergue, mare, orgue, uche
France, 1907 : Suffixes employés par les voleurs pour déguiser leurs mots.
Carme à l’estorgue
Virmaître, 1894 : Fausse monnaie (Argot des voleurs).
France, 1907 : Fausse monnaie.
Centre à l’estorgue
M.D., 1844 : Faux nom.
Dévidage à l’estorgue
Larchey, 1865 : Acte d’accusation.
Rigaud, 1881 : Mensonge. — Acte d’accusation.
Virmaître, 1894 : Acte d’accusation lu en cours d’assises par le greffier. Dévider : parler : à l’estorgue, faussement (Argot des voleurs). Dévider : promenade en dévidoir que font les prisonniers sur le préau (Argot des voleurs). V. Queue de cervelas.
France, 1907 : Accusation, mensonge.
Doubleur de sorgue
Bras-de-Fer, 1829 : Larron de nuit.
Virmaître, 1894 : Voleur de nuit. Il double la journée (Argot des voleurs). V. Attristé.
Hayard, 1907 : Voleur de nuit.
Doubleux de sorgue
Halbert, 1849 : Larron de nuit.
Doubleux de sorgue ou sorgne
anon., 1827 : Larron de nuit.
Estorgue
Clémens, 1840 : Mal fait.
Larchey, 1865 : Fausseté. — Chasses à l’estorgue : Yeux louches (Vidocq). — Du vieux mot estor : duel, conflit. V. Roquefort. — Deux yeux louches ont l’air en effet de se contrarier ; et, comme on dit dans le peuple, ils se battent en duel. — Un centre à l’estorgue (faux nom) amène de même un malentendu (estor). V. Dévider.
Delvau, 1866 : s. f. Fausseté, méchanceté, — dans l’argot des voleurs. Centre à l’estorgue. Faux nom. Chasse à l’estorgue. Œil louche, — storto.
Rigaud, 1881 : Fausseté, malice, méchanceté, — dans le jargon des voleurs.
La Rue, 1894 : Fausseté, mensonge, malice, méchanceté. Mal fait.
France, 1907 : Mensonge, méchanceté, malice. Chasse à l’estorgue, œil louche. Centre à l’estorgue, faux nom.
Faffes à l’estorgue
Virmaître, 1894 : Faux papiers. Il faut que les filles aient vingt-et-un ans pour être admises dans les maisons de tolérance ; il existe des fabriques de faux papiers pour maquiller les états civils ; d’une brune on en fait une blonde, d’une Marseillaise on en fait une Lilloise (Argot des souteneurs). V. Lopheur. N.
Faffes à l’estorgues
France, 1907 : Faux papiers. « Il faut, dit Ch. Virmaître, que les filles aient vingt et un ans pour être admises dans les maisons de tolérance ; il existe des fabriques de faux papier pour « maquiller » les états civils ; d’une brune on en fait une blonde, d’une Marseillaise on en fait une Lilloise. »
Faire sur l’orgue
France, 1907 : Dénoncer.
Figurant de la morgue
Fustier, 1889 : Cadavre.
France, 1907 : Cadavre.
Gâfe de sorgue
Hayard, 1907 : Garde de nuit.
Gaffe de sorgue
Virmaître, 1894 : Gardien de marché ou surveillant de maisons en construction. Autrefois, c’étaient des invalides qui remplissaient ces fonctions (Argot des voleurs).
France, 1907 : Gardien de nuit.
Grande-sorgue
Rossignol, 1901 : La mort.
Lorgue
Delvau, 1866 : s. m. As, — dans le même argot [des voleurs].
Manger sur l’orgue
Halbert, 1849 : Dénoncer ses pratiques ou complices.
Delvau, 1866 : v. n. Dénoncer un complice pour se sauver soi-même ou atténuer son propre crime, — dans l’argot des voleurs. On dit aussi Manger sur quelqu’un.
Virmaître, 1894 : Charger un complice. Mot à mot : lui mettre ses méfaits sur le dos pour essayer de s’en décharger (Argot des voleurs).
Hayard, 1907 : Charger un complice.
France, 1907 : Dénoncer. Orgue a ici la signification de personne. Mon orgue, moi. On dit aussi manger sur quelqu’un.
Le coqueur libre est obligé de passer son existence dans les orgies les plus ignobles. En relations constantes avec les voleurs de profession dont il est l’ami, il s’associe à leurs projets. Pour lui tout est bon : vol, escroquerie, incendie, assassinat même ! Qu’est-ce que cela lui fait ? Pourvu qu’il puisse manger sur quelqu’un et qu’il en tire un bénéfice.
(Mémoires de Canler)
Manger, manger le morceau, manger sur l’orgue
La Rue, 1894 : Dénoncer un complice, révéler un secret.
Maquiller à la sorgue
Bras-de-Fer, 1829 : Voler la nuit.
Mézigue, mon orgue
Hayard, 1907 : Moi.
Monorgue
France, 1907 : Moi ; argot des voleurs.
Morgue
d’Hautel, 1808 : Endroit où l’on met les corps dont la justice se saisit.
Et non morne, comme on le dit habituellement.
Morguenne, morguai
d’Hautel, 1808 : Jurons de paysans qui ont la même signification que morbleu, mordienne.
Morguer
d’Hautel, 1808 : Braver, défier, insulter ; railler quelqu’un.
Norguer
France, 1907 : Faire des aveux. « Si le curieux te fait la jactance, ne norgue pas. »
Orgue
Clémens, 1840 : Moi.
Delvau, 1866 : Pronom personnel de l’argot des voleurs. Mon orgue, moi. Ton orgue, toi. Son orgue, lui. Leur orgue, eux.
Rigaud, 1881 : Homme, — dans le jargon des voleurs. — Manger sur l’orgue, dénoncer un complice.
La Rue, 1894 : Homme. Mon, ton, son orgue, moi, toi, lui ; leur orgue, eux.
Virmaître, 1894 : Homme. Mon orgue, moi. Ton orgue, toi. Son orgue, lui. Leur orgue, eux. (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Mon orgue, moi ; son orgue, lui.
Hayard, 1907 : Homme. Ce mot est aussi un pronom : Mon orgue : moi ; ton orgue : toi ; son orgue : lui ; etc.
France, 1907 : Homme, dupe ; argot des voleurs. Mon orgue, ton orgue, son orgue, moi, toi, lui.
Orgue (jouer de l’)
Rigaud, 1881 : Ronfler.
Virmaître, 1894 : Ronfler. Il ronfle comme un tuyau d’orgue. Il ronfle comme une toupie d’Allemagne. Allusion au ronflement sonore que fait la toupie en tournant sur elle-même (Argot du peuple).
France, 1907 : Ronfler.
Orgue (l’)
France, 1907 : Lui. D’après Lorédan Larchey, l’orgue serait une déformation de lorgue, déformation de lui par la terminaison argotique orgue.
Orgue (manger sur l’)
France, 1907 : Dénoncer ses complices. On dit aussi jaspiner de l’orgue.
Orgue (mon, ton, son)
Rigaud, 1881 : Moi, toi, lui, — dans le même jargon. — Tu ne peux pas le faire avec mon orgue, tu n’es pas de force à te mesurer avec moi.
Orgueil
d’Hautel, 1808 : Ce n’est pas par orgueil, mais bien par nécessité. Se dit quand on remplace un habit très-usé par un habit neuf.
Orgueilleux de Tours
France, 1907 : Ce vieux dicton qui date du XIIIe siècle s’appliquait non aux habitants de la ville, mais aux différents ordres mendiants qui y pullulaient à cette époque et qu’à cause de leur vanité on appelait les povres orgueilleux de Tours. Dans une pièce de vers du XVIe siècle, intitulée les Souhaits du monde, un de ces pauvres orgueilleux s’exprime ainsi :
En vérité, pour tout mon beau souhait,
Je souhaite bribes en ma besace,
À déjeûner avoir un œuf mollet ;
À disner humer la souppe grasses ;
Un grant godet en lieu d’une grande tasse
Plein de vin blanc au retour de matines,
Et dans non lit deux douillettes tétines.
Orgues
Delvau, 1866 : s. f. pl. Affaires, — dans le même argot [des voleurs].
Rigaud, 1881 : Affaires, — dans le jargon des voleurs.
Point d’orgue
France, 1907 : Temps d’arrêt, silence ; terme musical.
Qui sorgue à la paire
Hayard, 1907 : Sans domicile.
Rabateux de sorgue
France, 1907 : Voleur de nuit ; argot des voleurs.
Rabateux, doubleur de sorgue
Rigaud, 1881 : Voleur de nuit, à l’époque où les voleurs de nuit formaient une catégorie. Aujourd’hui, ils volent de nuit et de jour, quand ils peuvent.
Rabatteur à la sorgue
France, 1907 : Voleur qui opère la nuit.
Rabatteurs à la sorgue
Virmaître, 1894 : Voleurs qui opèrent la nuit. C’est un redoublement de syllabe ; ils ne rabattent pas, ils s’abattent sur les maisons à dévaliser. Les rabatteurs sont les complices qui nourrissent le poupard (Argot des voleurs).
Raboteux ou doubleux de sorgue
Bras-de-Fer, 1829 : Larron de nuit.
Halbert, 1849 : Voleur de nuit.
Refaire de sorgue (se)
Halbert, 1849 : Souper.
Delvau, 1864 : Se remettre d’une nuit d’orgie : — bien dormir, ou bien déjeuner.
Tout dix, au tapis-franc nous étions réunis,
Chez le père Vit-Dur, ogre de mes amis,
Zig qui ne mange pas ses pratiques sur l’orgue ;
Nous étions venus là nous refaire de sorgue.
L. Protat. (Serrefesse.)
Sorgue
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Nuit.
Bras-de-Fer, 1829 : Nuit.
Clémens, 1840 : Nuit.
M.D., 1844 : La nuit.
M.D., 1844 : La nuit.
un détenu, 1846 : Nuit.
Halbert, 1849 : La rue.
Larchey, 1865 : Soirée, nuit. — Roquefort donne sorne avec la même signification. V. Baïte, Chenu, Billon.
Sorguer : Passer la nuit.
Content de sorguer sur la dure, va, de la bride (chaîne) je n’ai pas peur.
(Vidocq)
Delvau, 1866 : s. f. Nuit, — dans l’argot des voleurs. Les Maurice La Châtre de Poissy prétendent qu’il faut écrire Sorgne.
Rigaud, 1881 : Nuit, soir. — Sorgabon, bonsoir, bonne nuit ; qui ne vient pas du tout du basque gabon, bonsoir, comme l’a avancé V. Hugo. Sorgabon, c’est bon sorgue retourné.
La Rue, 1894 : Nuit. Sorguer, dormir.
Virmaître, 1894 : La nuit (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : La nuit.
Hayard, 1907 : Nuit.
Sorgue (la)
M.D., 1844 : La nuit.
Sorgue ou sorgne
anon., 1827 : La nuit.
Sorgue, sorne
France, 1907 : Nuit ; argot des voleurs, de l’argot espagnol sorna.
— Belle fichue vie que d’avoir continuellement le taf des griviers, des coques, des rousses et des gerbiers, que de ne pas savoir le matois si on pioncera la sorgue dans son pieu…
(Mémoires de Vidocq)
La grande sorgue, la mort.
Ça t’étonn’ ?… ben, vrai, tu m’épates !
C’est la vi’… faut porter l’licou
Tant qu’on tient un peu su’ses pattes
Et tant qu’on peut en foute un coup,
Et pis après, c’est la grand sorgue.
Toi, tu t’en iras chez Maquart.
Moi, j’irai p’t’êt’ ben à la morgue,
Ou ben ailleurs… ou ben aut’ part.
(Aristide Bruant, Dans la Rue)
Se refaire de sorgue, souper.
— Si au lieu de pitancher de l’eau d’aff nous allions nous refaire de sorgue au Lapin Blanc ?
(Eugène Sue, Les Mystères de Paris)
Sorguer
Clémens, 1840 : Passer la nuit.
Delvau, 1866 : v. n. Passer la nuit.
Virmaître, 1894 : Dormir. C’est une très vieille expression. D’autres écrivent sorgne ; c’est une erreur (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Dormir.
France, 1907 : Dormir.
Content de sorguer sur la dure,
Va de la bride, je n’ai pas peur.
Ta destinée est trop peu sûre,
Fais-toi gouépeur.
(Mémoires de Vidocq)
Sorguer à la paire, coucher dans un hôtel garni et partir sans payer.
C’est ça qu’c’était ben mon affaire !…
Mais un beau soir a s’a fait faire :
Les mœurs l’ont fourrée au ballon.
Et, depuis qu’alle est disparue,
J’sorgue à la paire et j’fais ballon
Dans la rue.
(Aristide Bruant, Dans la Rue)
Sorguer la paire, dormir en marchant.
Sorguer à la paire
Virmaître, 1894 : Coucher à deux (Argot des voleurs).
Sorgueur
Delvau, 1866 : s. m. Voleur de nuit.
Virmaître, 1894 : Voleur de nuit (Argot des voleurs).
France, 1907 : Voleur de nuit.
Les sorgueurs vont sollicer des gails à la lune.
(Victor Hugo)
Tapissier, orgue tapissier
Rigaud, 1881 : Aubergiste, cabaretier, logeur. Tapissière, cabaretière, logeuse en garni.
Viande de morgue
Rigaud, 1881 : Personne qui commet des imprudences. Vagabond, coureuse sans feu ni lieu.
Le marinier Lausard lui cria même ; Viande de morgue, rangez-vous donc !
(Liberté, du 25 août 1877.)
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