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Avoir dans l’nez

Rossignol, 1901 : Détester quelqu’un.

Je l’ai tellement dans l’nez, que je ne peux plus le supporter.

Avoir dans le nez

M.D., 1844 : Détesté.

Larchey, 1865 : Détester quelqu’un. — Mot à mot : être infecté par ses actes, par ses manières. — C’est ainsi qu’on appelle puant un homme qu’on ne peut supporter. V. Macaron.

Delvau, 1866 : v. a. Ne pas pouvoir sentir quelqu’un ou quelque chose.

Avoir le nez sale

Virmaître, 1894 : Avoir trop bu. Quand au lendemain du lundi un ouvrier dort sur son travail, les amis lui disent : Tu t’es sali le nez hein ! (Argot du peuple).

Bon nez

Delvau, 1866 : s. m. Homme fin, qui devine ce qu’on veut lui cacher, au figuré, ou qui, au propre, devine qu’un excellent dîner se prépare dans une maison où il s’empresse d’aller — quoique non invité. C’est l’olfacit sagacissime de Mathurin Cordier.

Bouffer le nez (se)

Rigaud, 1881 : Se disputer de très près, face à face, comme si on voulait se manger le nez.

Casser le nez (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Avoir une déception plus ou moins amère, depuis celle qu’on éprouve à trouver fermée une porte qu’on s’attendait à trouver ouverte, jusqu’à celle qu’on ressent à voir un amant chez une femme qu’on avait le droit de croire seule.

Rigaud, 1881 : Ne trouver personne, trouver porte close.

France, 1907 : Éprouver une déception.

Culotté (nez)

Rigaud, 1881 : Nez d’ivrogne, nez qui arbore les tons chauds d’une pipe culottée.

Donnez-la

Virmaître, 1894 : Prenez garde, il y a du danger. Mot d’avertissement pour prévenir de l’arrivée de la police. Synonyme d’acrée (Argot des voleurs).

Donnez-la !

Delvau, 1866 : Méfiez-vous, — dans le même argot [des voleurs].

France, 1907 : Attention ! Prenez garde ! Synonyme d’acré.

Être dans le nez

Clémens, 1840 : Être détesté.

Faire un nez, une tête

France, 1907 : « Faire un nez appartient depuis longtemps, comme faire une tête, à l’argot courant, pour exprimer la stupéfaction ou la déception. » C’est ce que dit l’Intermédiaire des chercheurs et Curieux, qui oublie que faire un nez ou une tête exprime aussi la mauvaise humeur.

Fourrer son nez

Delvau, 1866 : v. a. Se mêler de ce qui ne vous regarde pas, — dans l’argot des bourgeois. On dit aussi Fourrer son nez partout.

Gros-nez

France, 1907 : Espèce de couleuvre.

Il est marqué sur le nez comme les moutons de Berry

France, 1907 : Dicton encore en usage dans les provinces pour désigner quelqu’un qui, à la suite d’une rixe où d’une chute, a le nez endommagé.

Les bergers de la province du Berry ont coutume de marquer leurs moutons sur le nez pour les reconnoître.

(Fleury de Bellingen)

Laisser mener par le bout du nez (se)

France, 1907 : N’avoir nulle volonté ; se laisser conduire.
Cette expression est fort ancienne et vient des Grecs qui disaient : Se laisser mener par le nez comme un buffle. En effet, aucun buffle ne devait traverser une ville sans un anneau ou une barre de fer passée dans le museau, ce qui le tenait en respect et le rendait docile à la main qui le conduisait, fût-ce celle d’un enfant. On en use d’ailleurs de même aujourd’hui pour les taureaux que l’on conduit au marché ou à l’abattoir.

Long nez, longue pine

Delvau, 1864 : Proverbe français qui ment — comme tous les proverbes. S’il ne mentait pas, il faudrait mettre l’acteur Hyacinthe dans une niche et l’adorer.

Manezingue

Halbert, 1849 : Marchand de vin. On dit aussi mastroquet.

Manger le nez (se)

Delvau, 1866 : Se battre avec acharnement, — dans l’argot des faubouriens, qui jouent parfois des dents d’une manière cruelle. Par bonheur, ils jouent plus souvent de la langue, et, dans leurs « engueulements », — qui rappellent beaucoup ceux des héros d’Homère, — s’il leur arrive de dire, en manière de début : « Je vais te manger le nez ! » ils se contentent de se moucher.

France, 1907 : Se battre. Cette expression n’est pas seulement symbolique, elle exprime une réalité, et, dans les disputes et les batailles des souteneurs et des voyous de barrière, il arrive souvent que l’un des adversaires coupe d’un coup de dents le nez de l’autre.

Puisque ce rêve de paix universelle est traité d’utopie par ceux-là mêmes qui auraient le plus d’intérêt à le propager : puisque, à les en croire, l’humanité se mangera le nez et les tripes jusqu’à la consommation des siècles, pourquoi laisser place à la confusion, pourquoi ne pas préciser le mode de meurtre qui conciliera à son auteur le plus d’indulgence — et, parfois, de sympathie ?

(Séverine)

Mannezingue

Delvau, 1866 : s. m. Cabaret ; marchand de vin, — dans l’argot des faubouriens, qui n’emploient ce mot que depuis une trentaine d’années. On dit aussi Minzingouin et Mannezinguin.
Voilà un mot bien moderne, et cependant les renseignements qui le concernent sont plus difficiles à obtenir que s’il s’agissait d’un mot plus ancien. J’ai bien envie de hasarder ma petite étymologie : Mannsingen, homme chez lequel on chante, le vin étant le tirebouchon de la gaieté que contient le cerveau humain.

La Rue, 1894 : Marchand de vin.

Rossignol, 1901 : Marchand de vin.

France, 1907 : Marchand de vin : c’est-à-dire homme du zing : man-zing, à moins qu’il ne faille s’en rapporter à l’étymologie donnée par Delvau, qui ferait de mannezingue un mot tout à fait germanique : Mannsingen, homme chez lequel on chante, le vin étant, dit-il, Le tire-bouchon de la gaieté que contient le cerveau humain.

Les mannezingues ont toutes les audaces.
L’un d’eux, l’autre jour, dans le quartier Montmartre, voulant se donner tout le temps nécessaire pour faire des mouillages abondants, a pris le parti de fermer sa boutique.
Et les passants ont pu lire ces mots écrits à la craie sur la devanture :
« Fermé pour cause de baptême. »

(Le Journal)

J’suis républicain socialisse,
Compagnon, radical ultra,
Révolutionnaire, anarchisse,
Eq’cœtera… eq’cœtera…
Aussi j’vas dans tous les métingues,
Jamais je n’rate un’ réunion.
Et j’pass’ mon temps chez les mann’zingues
Oùs qu’on prêch’ la révolution.

(Aristide Bruant)

Mannezingueur

Delvau, 1866 : s. m. Habitué de cabaret.

Mener par le bout du nez

Delvau, 1866 : v. a. Faire ce qu’on veut d’une femme, quand on est homme, d’un homme quand on est femme. Se laisser mener par le bout du nez. Être d’une faiblesse extrême, faire la volonté des autres et non la sienne propre.

Montrer son nez

Delvau, 1866 : v. a. Faire une courte apparition quelque part, — dans l’argot des employés qui, après avoir montré leur nez à leur ministère, ne craignent pas de lui montrer aussitôt les talons.

Moutons du Berry (marqués sur le nez comme les)

France, 1907 : Fleury donne ainsi l’étymologie de cette expression : « Les bergers de la province du Berry ont coutume de marquer leurs moutons sur le nez pour les reconnaître. On a fait un proverbe de cet usage, que l’on employe de ceux qui par querelle ou autre accident sont marqués au nez. » Autre dicton plus impertinent pour les Berrichons : « Quatre-vingts moutons et un Champenois font cent bêtes, d’aucuns par malice font d’un Berrichon la centième. »

Nevers (nez creux de)

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de cette ville. On le donnait également à ceux d’Auvers, village près de Pontoise : « Il est d’Auvers, il a le nez creux. »

Nez

d’Hautel, 1808 : Nez de betterave. Gros nez enluminé, comme l’est ordinairement celui d’un ivrogne.
Nez fleuri. Pour dire, bourgeonné, plein de boutons, causés par la débauche de vin.
Cela ne paroît pas plus que le nez du milieu du visage. Pour dire qu’une chose est très-ostensible.
Heureux comme un chien qui se casse le nez. Pour dire qu’un homme n’a pas de bonheur ; que rien ne lui réussit.
Ce n’est pas pour ton nez. Pour, ce n’est pas pour toi.
Il a un pied de nez. Pour, il est confus, il est honteux de n’avoir pas réussi.
Saigner du nez. Se dédire, reculer dans une affaire de cœur, lâcher le pied, faire le poltron ; se retirer honteusement.
Tirer les vers du nez. Interroger quelqu’un finement ; sonder sa pensée ; lui faire avouer, ou découvrir son dessein.

Delvau, 1864 : Le vit ; — que l’on juge d’après le nez : plus il est fort, mieux il se fait sentir.

Ah ! quel nez (bis)
Tout l’ monde en est étonné.

Guinard.

Belles, jamais ne prenez
Ceux qui n’ont pas un grand nez.

Collé.

Grand nez, grand vit, dit un vieux proverbe.

Œil étincelant,
Doigt vif et galant,
Nez de bon augure
Et bonne figure.

Dauphin.

Delvau, 1866 : s. m. Mauvaise humeur. Faire son nez. Avoir l’air raide, ennuyé, mécontent.

Delvau, 1866 : s. m. Finesse, habileté, adresse. Avoir du nez. Flairer les bonnes affaires, deviner les bonnes occasions. Manquer de nez. N’être pas habile en affaires.

La Rue, 1894 : Mauvaise humeur. Faire son nez, bouder. Avoir du nez, flairer les bonnes occasions. Se piquer le nez, se griser.

Nez (avoir dans le)

Delvau, 1866 : v. a. Détester une chose ou quelqu’un. C’est le Ne pouvoir sentir de l’argot des bourgeois.

France, 1907 : Détester quelqu’un, ne pouvoir le sentir. Expression figurée fort expressive.

Le gros capitaine harcelait partout la petite, dans la salle quand ils étaient seuls, dans les escaliers, dans le corridor et jusque dans la cuisine. Il cherchait à la pincer, à lui prendre la taille, le menton, tout ce qu’il pouvait. Il ne se décourageait pas malgré sa résistance et les rebuffades dont elle l’accablait : « Non, non ! criait-elle, laissez-moi tranquille, je ne veux pas de vous, je vous abomine, je vous ai dans le nez.

(Les propos du Commandeur)

C’est pas qu’j’ay l’cœur à la tendresse,
Mais j’suis jaloux. Vous comprenez :
Ej’ veux pas qu’on r’trouss’ ma gonzesse,
V’là pourquoi qu’j’ai Polyt’ dans l’nez.

(Aristide Bruant)

Nez (avoir du)

Rigaud, 1881 : Pressentir les bonnes occasions, arriver aux bons moments. On dit également : Avoir le nez creux.

France, 1907 : Être habile, avoir de l’intuition, de la prévoyance. On dit aussi : avoir bon nez. « Avoir bon nez, dit l’auteur anonyme des lestres proverbes, parus à Lyon en 1654, c’est être prévoyant, prudent, judicieux, ou doué de quelque autre vertu… Les physionomistes qui jugent des passions et affections de l’âme par l’apparence des traits extérieurs, tirent de grands indices de la forme du nez. Ils disent que ceux que ont le bout du nez grêle sont prompts et colères ; ceux qui l’ont plein et retroussé comme les lions et les dogues sont forts et présomptueux ; ceux qui ont le nez long, grêle et aigu, de même ; ceux qui l’ont gros et plat sont réputés méchants ; les nez penchants sont indice d’honnéteté ; les droits, de basserie et de babil ; les aigus, de colère ; les gros, de volupté ; les camus, de paillardise et d’impudence ; les courts, de dol et de rapine ; les ronds et estoupés, de stupidité, de bêtise et de fureur ; les tortus de confusion, de trouble d’esprit ; les aquilins, de magnificence et d’une nature excellente, etc. Par allégorie, tons ceux qui par prudence prévoyent les choses et y pourvoient sagement soit dits avoir bon nez par comparaison avec les chiens qui conjecturent et connaissent par le moyen de l’odorat où ils doivent tirer. »
Il faut avoir du nez pour estre pape, dit un proverbe du XVIe siècle.
Lavater a depuis longtemps apporté de nouvelles éclaircies et condensé ce fatras. « Un beau nez ne s’associe jamais avec un visage difforme, dit-il : on peut être laid et avoir de beaux yeux, mais un nez régulier exige une heureuse analogie des autres traits. Aussi voit-on mille beaux yeux contre un seul nez parfait. Un beau nez suppose toujours un caractère excellent et distingué. » Aquilin, en bec d’aigle, il dénote la force et le courage ; évasé, refrogné au bout, l’ironie et l’hilarité.
Le gros nez est très répandu parmi les épiciers, les bourgeois, les boursiers et les maquignons.
Le gros nez finissant en poire appartient aux marchands heureux et aux hommes en place.
Le gros nez boursouflé, aux limonadiers, aux maitres d’hôtel et aux valets de chambre.
Le gros nez bourgeonné, aux campagnards et aux ivrognes.
Le nez mince, sec, difforme, dénote la peur ou la lâcheté.
La narine étroite, nacrée, diaphane indique a volupté.
Chez les femmes, cette narine accompagne une tête mutine, un minois provocant.
La narine large dénonce le travail acharné dès l’enfance.
Celui qui a des excroissances de chair sur le nez est de caractère sanguin ou lymphatique, mais, dans les deux cas, s’emporte facilement.
Enfin, celui dont le nez s’attache au front par une ligne très courbe est presque toujours excentrique et tant soit peu disposé à la folie.

Nez (avoir un)

France, 1907 : Être désappointé.

Le petit cornichon de lieutenant en avait un nez quand il a vu la donzelle qu’il chauffait depuis une heure filer avec le sergent-major !

(Les Joyeusetés du régiment)

On dit dans le même sens : faire un nez.

On se mouilla encore d’une tournée générale ; puis on alla la Puce qui renifle, un petit bousingot où il y avait un billard. Le chapelier fit un instant un nez parce que c’était une maison pas très propre. Le schnick y valait un franc le litre.

(Émile Zola, L’Assommoir)

Nez (ce n’est pas pour ton) !

Delvau, 1866 : Ce n’est pas pour toi. On dit aussi : Ce n’est pas pour ton fichu nez ! On trouve cette expression dans Mathurin Régnier (Satyre XIII) :

Ils croyent qu’on leur doit pour rien la courtoisie,
Mais c’est pour leur beau nez.

dit la vieille courtisane à une plus jeune qu’elle veut mettre en garde contre les faiblesses de son cœur.

Nez (faire son)

Larchey, 1865 : Montrer son désappointement.

Nous nous sommes payé le billard, j’en ai rendu vingt-cinq de trente à Lahure, qui faisait un nez aussi long que sa queue de billard.

Voizo, Ch.

Rigaud, 1881 : Bouder, être désappointé. — Se piquer le nez, se griser. — Avoir quelqu’un dans le nez, détester quelqu’un. Montrer le bout de son nez, faire acte de présence, s’esquiver après une très courte apparition.

France, 1907 : Paraître de mauvaise humeur.

La fille de la mère Baptiste, celte petite rosse d’Irma, faisait son nez toute la semaine parce que la gargotière ne voulait pas la laisser sortir le dimanche avec son galant.

(Les Propos du Commandeur)

Nez (prendre dans le)

Rigaud, 1881 : Réprimander, faire des observations ; variante de moucher. — Se faire prendre dans le nez, s’attirer des observations.

Nez (se piquer le)

France, 1907 : S’enivrer.

Lui se piquait le nez proprement, sans qu’on s’en aperçût… Le zingueur, au contraire, devenait dégoûtant, ne pouvait plus boire sans se mettre dans un état ignoble.

(Émile Zola, L’Assommoir)

On dit aussi mettre son nez dans le bleu.

Nez creux (avoir le)

Delvau, 1866 : v. a. Avoir le pressentiment d’une chose, d’un événement ; flairer une bonne occasion, une bonne affaire. Signifie aussi Arriver quelque part juste à l’heure du dîner. On dit aussi Avoir bon nez.

France, 1907 : Avoir de la perspicacité. Les nez creux ont plus de capacité que les autres et pour le vulgaire ils doivent flairer davantage et, comme les bons chiens, sentir de loin. Voir Nevers.

La gamine virait et tournait autour du vieux commandant ; elle savait qu’il avait toujours le gousset garni non de pastilles de chocolat ou de tablettes de sucre d’orge dont elle n’avait cure, mais de jolies piécettes d’argent qu’ardemment elle convoitait. Elle avait déjà le nez creux.

(Les Propos du Commandeur)

C’est un riche armateur du Havre ;
Sa fille unique eut le nez creux,
Un gas, fin matelot, voilà son amoureux !
Mais le père, que cela navre,
Lui dit : « Ton choix n’est pas heureux,
Je ne veux pas d’un gendre aussi gueux qu’un cadavre. »

(Jean Richepin)

Nez culotte

Rossignol, 1901 : Nez rouge.

Il n’a pas le nez culotté de sucer de la glace.

Nez culotté

Virmaître, 1894 : Nez d’ivrogne. Dans le peuple on dit :

— Si on lui pressait le piton il en sortirait du vin.

Le nez culotté a été célébré par Ch. Colmance :

Un nez culotté ;
Piquante parure,
Gracieuseté
De dame nature.
Heureux l’effronté doté
D’un nez culotté.

Il y a des nez culottés qui coûtent plus cher que s’ils étaient en or (Argot du peuple).

Nez dans lequel il pleut

Delvau, 1866 : s. m. Nez trop retroussé, dont les narines, au lieu d’être percées horizontalement, l’ont été perpendiculairement. C’est le Nez en as de treuffle de Rabelais.

Nez de chien

Rigaud, 1881 : Mélange de bière et d’eau-de-vie.

France, 1907 : Mélange de bière et d’eau-de-vie, ce qui procure une prompte intoxication ; aussi dit-on, pour : être ivre, avoir le nez de chien.

Nez du pape

France, 1907 : Le croupion d’une volaille, le bonnet d’évêque. Les Anglais disent parson’s nose, le nez du curé.

Nez en pied de marmite

Rigaud, 1881 : Nez court et gros du bout.

Rossignol, 1901 : Nez retroussé.

France, 1907 : Nez court et gros.

Nez où il pleut dedans

Rigaud, 1881 : Nez à la Roxelane. « Pour un peu plus on y verrait la cervelle », dit le peuple, en parlant de ces sortes de nez.

Nez passé à l’encaustique

Rigaud, 1881 : Nez auquel l’usage fréquent de la boisson a donné une belle couleur brique-rouge. — On dit aussi un nez qui a coûté cher à mettre en couleur, par allusion au nombre de bouteilles payées au marchand de vin avant d’arriver à la coloration du nez.

Nez qui a coûté cher

Delvau, 1866 : s. m. Nez d’ivrogne, érubescent, plein de bubelettes, qui n’a pu arriver à cet état qu’après de longues années d’un culte assidu à Bacchus. On dit aussi Nez qui a coûté cher à mettre en couleur.

Nez qui a coûté cher à mettre en couleur

Larchey, 1865 : Nez dont la teinte rubiconde atteste que son porteur a payé plus d’une bouteille.

Nez retroussé

Virmaître, 1894 : Nez à narines larges et ouvertes.
— Il va te pleuvoir dans le nez.
— Elle se pleure dans le nez quand elle a du chagrin (Argot du peuple).

Nez sale (avoir le)

Rossignol, 1901 : Ivre.

France, 1907 : Être ivre. L’ivrognerie engendre la malpropreté, et les ivrognes, généralement peu soucieux de leur personne, bavent dans leur barbe et se mouchent dans leurs moustaches, ce qui a donné lieu à cette expression populaire.

Le chanteur des rues. — Do, mi, sol, do !… Sol ! sol ! sol !… Do, mi, sol, do ! (Bas.) Vieille saleté, qui dit que je suis saoul.
La femme, bas, — Dis donc, tu sais, saleté toi-même !
L’homme, même jeu, — Vrai, faut que tu en aies, du culot, pour aller dire que j’ai le nez sale !… — Do, mi, sol !… Do, mi, sol !… Sol ! sol ! — C’est toujours pas avec ce que tu m’as offert, que je me l’aurais sali, le nez !… — Sol ! sol ! Do, mi, sol ! Do, mi, sol !… Ça y est. — La Cinquantaine, romance. (Bas) Charogne ! (Haut) Premier couplet. »

(Georges Courteline)

Nez tourné à la friandise

Delvau, 1866 : s. m. Nez retroussé, révélateur d’une complexion amoureuse, — dans l’argot des bourgeois qui préfèrent Roxelane à la Vénus de Médicis.

France, 1907 : Nez retroussé. Cette sorte de nez révèle, suivant les physionomistes, une complexion amoureuse. « La belle Roxelane avait le nez tourné à la friandise. »

Nez tourné à la friandise comme Saint-Jacques de l’Hôpital

France, 1907 : Cette vieille locution maintenant hors d’usage vient de ce que le portal de l’église Saint-Jacques-de-l’Hôpital à Paris faisait face à la rue aux Oues ou Oyes qui était pleine de rôtisseurs et dont la dure oreille populaire consacrée par l’ignorance municipale a fait la rue aux Ours.

Nez-de-chien

Delvau, 1866 : s. m. Mélange de bière et d’eau-de-vie, — dans l’argot des faubouriens. Avoir le nez de chien. Être gris, — parce qu’on ne boit pas impunément ce mélange.

Œil ou nez malade ne touche que du coude (à)

France, 1907 : Il est évident qu’on ne peut pas plus toucher du coude son œil que son nez : ce dicton signifie simplement qu’il faut s’abstenir de toucher son œil ou son nez quand on en souffre. Non patitur ludum fama, fides, oculus, disaient les Latins. Les Anglais ont le même dicton hygiénique : You should never touch your eye but with your elbow. Et aussi les Espagnols : El mal del ojo curarte con el codo (Guéris ton mal d’yeux avec ton coude).
Les Anglais ont encore un dicton du même genre qui s’adresse aux gens qui ont la dégoûtante habitude de se curer les dents à table. Never pick your teath at table till you can do it with your elbow (Ne vous curez pas les dents à table avant de pouvoir le faire avec votre coude). Sage maxime que, par respect pour leurs voisins, nombre de Français devraient méditer.

Oignez vilain, il vous poindra

France, 1907 : Vieux dicton populaire auquel on ajoute : « Poignez vilain, il vous oindra. » Obliger au voyou, c’est s’exposer à recevoir en échange des désagréments et des injures ; rien de plus vrai que ce dicton confirmé chez tous les peuples. Un proverbe du temps de Richard II, roi d’Angleterre, dit : We have no worse enemy than he whom we save from the gallows (Nous n’avons pas de plus grand ennemi que celui que nous avons sauvé de la potence).

Pannezard

France, 1907 : Pauvre, miséreux.

Pend au nez (ça vous)

Rigaud, 1881 : Cela vous arrivera bientôt, infailliblement. — En épousant une pareille femme, il le sera… ça lui pend au nez.

Pendre au nez

Delvau, 1866 : Se dit — dans l’argot du peuple — à propos de tout accident, heureux ou malheureux, coups ou million, dont on est menacé. On a dit autrefois Pendre aux oreilles. (V. le Tempérament, 1755)

Pied de nez

Clémens, 1840 : Fait, attrapé.

Delvau, 1866 : s. m. Polissonnerie des gamins de Paris, que connaissaient déjà les gamins de Pompéi. Faire des pieds de nez à quelqu’un. Se moquer de lui. Avoir un pied de nez. Ne pas trouver ce qu’on cherche ; recevoir de la confusion d’une chose ou d’une personne.

Delvau, 1866 : s. m. Pièce d’un sou, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Pièce d’un sou.

France, 1907 : Sou ; argot des mendiants qui espèrent recevoir davantage.

Pied de nez (avoir un)

France, 1907 : Éprouver une déception, une mortification. On disait autrefois avoir autant de nez. Le Roux de Lincy cite au sujet de cette expression ce passage du Dictionnaire de Nicod :

On ne s’en sert quand on veut désigner quelqu’un qui ayant entrepris de faire quelque chose n’en est pas venu à bout, n’a de grâce que quand il est accompagné d’un geste qui luy est propre, ce que l’on fait en serrant les deux points clos de tous les doigts, réservés les deux pouces, l’un desquels se joint au bout du nez et l’autre au petit doigt d’iceluy, de sorte qu’ainsy rangés ils peuvent faire la longueur d’un quart d’aulne et avec cette gesticulation les Italiens disent : Tanto di naso.

Voir Faire la nique.

Piquer le nez (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Boire avec excès, à en devenir ivre, — dans l’argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Se payer une belle soulographie (Argot du peuple).

France, 1907 : Se griser.

Après un duel à l’épée.
Le vainqueur a fait de sérieuses libations pour célébrer sa victoire.
Un ami le rencontre, le soir même, titubant sur le boulevard :
— Tiens ! tu as réussi à te blesser toi-même…
— Moi, blessé ?
— Dame, tu viens de te piquer le nez !

Puer au nez

Delvau, 1866 : v. n. Déplaire, ennuyer, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos des choses et des gens qui souvent puent le moins.

Rigaud, 1881 : Être insupportable ; causer une profonde antipathie.

Revenez-y

d’Hautel, 1808 : C’est du revenez-y. Expression badine et triviale, pour dire que quelque chose est agréable, plait au goût ; que l’on aime à y retourner, à en faire souvent usage.

Rond, pied de nez

Clémens, 1840 : Sol.

Saigne-nez

France, 1907 : Mille-feuille, appelée ainsi par les petits campagnards qui se fourrent des feuilles de cette plante dans le nez et se frappent les mains jusqu’à ce que le sang coule.

Saignement de nez

Rigaud, 1881 : Interrogatoire. — Faire saigner du nez, interroger.

La Rue, 1894 : Interrogatoire.

France, 1907 : Comparution d’un prisonnier devant un magistrat. Faire saigner du nez, interroger ; argot des malfaiteurs.

Saigner du nez

Halbert, 1849 : Abandonner.

Larchey, 1865 : Rester sans combattre. — Mot à mot : saigner du nez au lieu de saigner du bras.

Sa grande colère de voir que les sans-culottes saignent du nez quand il faut frapper.

1793, Hébert.

France, 1907 : Avoir peur, manquer de courage. Quand il s’agit de marcher à l’ennemi les poltrons trouvent quelque prétexte pour rester en arrière, tel qu’un subit saignement de nez.

Quand quelqu’un a l’âme poltronne,
À tout bruit il tremble et s’étonne,
À tout coup il saigne du nez.

(Scarron)

Salir le nez (se)

Fustier, 1889 : Se griser.

France, 1907 : S’enivrer.

Se casser le nez

Larchey, 1865 : Trouver porte close.

Se piquer le nez

Rossignol, 1901 : S’enivrer.

Se rougir, se piquer le nez

Larchey, 1865 : S’enivrer. — Un nez piqué rougit, et on sait qu’un nez rouge pronostique souvent l’ivresse.

Elle prend sa volée Pour se rougir le nez. De la Californie elle revient pompette.

Chansons, Guéret, 1851.

Qui ne s’est pas piqué le nez une pauvre fois dans sa vie ?

Grévin.

Tomber sur le dos et se casser le nez

Delvau, 1866 : Se dit d’un homme à qui rien ne réussit.

Torcher le nez (s’en)

Delvau, 1866 : Se passer d’une chose.

Torcher le nez (se)

Larchey, 1865 : Se passer. On dit de même qu’une chose passe devant le nez.

Tout cela vient de Pitt envoyé par les alliés, mais ils s’en sont torchez le nez.

Mauricault, Ch.,179.

Trompette (nez en)

Rigaud, 1881 : Nez à la Roxelane.

Trou sous le nez qui coûte cher (avoir un)

Rigaud, 1881 : Avoir l’habitude de bien manger et de bien boire ; faire un dieu de son ventre.

Vilain (oignez), il vous poindra

France, 1907 : Rendez service à un rustre, il vous paiera d’ingratitude. Il est quantité de vieux dictons contre les vilains, c’est-à-dire les natures grossières, ingrates et incultes, car c’est l’éducation qui atténue les défauts naturels de l’homme. Tous les peuples s’accordent sur ce point qu’obliger de méchantes gens, c’est s’en faire des ennemis. Outre le vieux dicton de nos pères :

Oignez vilain, il vous poindra,
Poignez vilain, il vous oindra.

en voici d’autres exprimant la même pensée :

Graissez les bottes d’un vilain, il dira qu’on les lui brûle.
Ôtez un vilain du gibet, il vous y mettra.
Dépends le pendart, il te pendra.
  En obligeant un vilain,
  On ne recueille que chagrin

car, oncques vilain n’aima noble homme, c’est-à-dire les natures basses haïssent les nobles et les généreuses.
Citons un dicton anglais qui fait pendant aux nôtres :

Save a thief from the gallows, and he will be the first to cut your throat.
(Sauve un voleur de la potence at il sera le premier à te couper la gorge.)

Visage sans nez

Delvau, 1866 : s. m. Messire Luc. On dit aussi tout simplement Visage, ainsi que le constatent ces vers de Voiture à une dame :

… Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.

Virmaître, 1894 : Le derrière. C’est un visage qui n’est pas désagréable à voir, surtout lorsqu’il est blanc, jeune, dodu et ferme. Voiture était de cet avis :

…Ce visage gracieux
Qui peut faire pâlir le nôtre,
Contre moi n’ayant point d’appas,
Vous m’en avez fait voir un autre
Duquel je ne me gardois pas.


Ce visage a l’avantage sur l’autre de ne pas faire de grimaces (Argot du peuple).

Vriller du nez

France, 1907 : Froncer le nez ; exprimer par le jeu des muscles nasaux le mécontentement, le dédain, le dégoût. Expression du Centre.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique