Affouler
France, 1907 : Accoucher avant terme, avorter. C’est un vieux mot dérivé comme le précédent d’affolare, et déjà passé chez nous au XVe siècle.
Lequel Frobert conseilloit à icelle femme qu’elle beust de la rue ou de l’eau ardente, et que c’estoit la chose au monde qui plustost laferoit affouler d’enfant.
(Lettre de remission de 1447.)
Tout semble, dit Charles Nisard, attester les rapports étroits qui existent entre affouler et abouler : rapports de son, rapports d’orthographe, rapport d’idée. Dans l’une comme dans l’autre, l’action qu’ils expriment est celle qui résulte de la pression et de la violence. Une femme affoule parce qu’on lui administre des drogues qui tuent son fruit et en précipitent l’issue ; un homme aboule, parce que l’objet qu’on veut de lui, on le lui extorque plutôt qu’on ne le lui demande, et qu’on le lui prendrait par force, s’il faisait mine seulement de le faire attendre. Le peuple ne se sert-il pas du mot accoucher pour faire sentir et la peine qu’on a à se défaire d’une chose quelconque, et la difficulté qu’on éprouve parfois à s’exprimer ?
Bitume (fouler le)
Rigaud, 1881 : Se promener, flâner. — Faire le bitume, faire le bit, faire le trottoir, — dans le jargon des filles.
Bondy (refouler à)
Rigaud, 1881 : Envoyer promener quelqu’un d’autant plus grossièrement que c’est à Bondy qu’on refoule l’engrais parisien.
Fouler
Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.
Ne foulez point son mausolée,
La pauvre fut assez foulée
Durant le temps qu’elle a vécu.
(Cabinet Satyrique.)
Fouler (ne pas se la)
Rigaud, 1881 : En prendre à son aise. C’est mot à mot : ne pas se fouler la rate.
Fouler (ne pas se)
Virmaître, 1894 : Ouvrier ou employé jamais pressé, plus exact à la soupe qu’au travail.
— Tu vas te fouler la rate.
— Prends garde de te casser. Même signification (Argot du peuple).
Fouler la rate (ne pas se)
Delvau, 1866 : En prendre à son aise, ne pas se donner beaucoup de mal. On dit aussi absolument : Ne pas se fouler.
France, 1907 : Ne pas se donner de mal, travailler à son aise et sans efforts.
Refouler
Delvau, 1866 : v. n. Hésiter, renoncer à faire une chose, — dans l’argot des ouvriers. Refouler au travail. Fêter la Saint-Lundi.
Rigaud, 1881 : Se refuser à. — Abandonner un ouvrage. — Refouler au travail, chômer.
La Rue, 1894 : Hésiter. Reculer.
Se la fouler
Rossignol, 1901 : Se dépêcher.
Si le patron s’imagine que je vais me la fouler pour terminer ce travail, il peut se tâter.
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