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Barbe-bleue

France, 1907 : Entrepreneur de travaux de terrassement.

Bas-bleu

Delvau, 1866 : s. m. Femme de lettres, — dans l’argot des hommes de lettres, qui ont emprunté ce mot (blue stocking) à nos voisins d’outre-Manche.
Alphonse Esquiros (Revue des Deux Mondes, avril 1860) donne comme origine à cette expression le club littéraire de lady Montague, où venait assidûment un certain M. Stillingfleet, remarquable par ses bas bleus. D’un autre côté, M. Barbey d’Aurevilly (Nain jaune du 6 février 1886) en attribue la paternité à Addison. Or, le club de lady Montague ne date que de 1780, et Addison était mort en 1719. Auquel entendre ?

France, 1907 : Nom donné aux femmes de lettres, traduction littérale de l’anglais Blue stocking. Alphonse Esquiros raconte que cette expression prit naissance dans le club littéraire de la célèbre lady Montague qui vivait au commencement du XVIIIe siècle. Dans sa résidence de Twickenham, près de Londres, elle réunit toutes les célébrités littéraires du temps, Pope, Addison, Steele, Young, etc., et dans le nombre se trouva un certain Stillingfleet, auteur ignoré aujourd’hui, qui avait l’habitude de porter des bas bleus. Quantité de femmes de lettres ou aspirant à le devenir fréquentaient le salon de lady Montague, et le public railleur appela ces réunions le club des Bas bleus, nom qui fut bientôt donné à chacune des habituées.
D’après Barbey d’Aurevilly, ce serait Addison qui aurait baptisé le club.
Mills, dans son History of Chivalry, raconte d’autre part qu’il se forma à Venise, en 1400, une société littéraire sous le nom de Société du Bas (Società della Calza) et dont tous les membres devaient, comme signe distinctif, chausser des bas bleus. Cette société fut connue plus tard en Angleterre, et c’est sans doute à elle qu’Addison fit allusion en baptisant de ce nom celle de Lady Montague. Quoi qu’il en soit, la provenance est bien anglaise, et c’est en Angleterre que pullule, plus qu’en aucun pays du monde, cette variété excentrique de la race humaine.
Dans tous les temps et dans toutes les nations, les femmes savantes ont excité les railleries, et, les hommes s’étant attribué l’universelle toute-puissance, nombreux sont les proverbes à l’adresse de celles qui essayent de se tailler une part de la masculine souveraineté.
Nos pères surtout se sont égayés à ce sujet :

La femme qui parle latin,
Enfant qui est nourri de vin,
Soleil qui luisarne au matin,
Ne viennent pas à bonne fin.
C’est une chose qui moult me déplait,
Quand poule parle et coq se tait.

(Jean de Meun.)

« Femme qui parle comme homme, geline qui chante comme coq, ne sont bonnes à tenir. »

Ne souffre à ta femme pour rien
De mettre son pied sur le tien,
Car lendemain la pute beste
Le vouloit mettre sur ta teste.

(G. Meurier, Trésor des sentences.)

Qui n’a qu’une muse pour femme faict des enfans perennels.

(Adages français, XVIe siècle.)

Napoléon Ier qui ne se piquait pas de galanterie et qui avait des idées particulières sur les femmes au point de vue de leur rôle social, avait coutume de dire :
« Une femme a assez fait quand elle a allaité son fils, ravaudé les chaussettes de son mari et fait bouillir son pot-au-feu. »
Aussi aimait-il peu les bas-bleus ; les femmes s’occupant de littérature lui paraissaient des monstres.
À une soirée des Tuileries, Mme de Staël demandait à l’empereur :
— Quelles femmes préférez-vous, sire ?
— Celles qui ont beaucoup d’enfants, répondit brutalement Napoléon.
Oui, mais elles ruinent leur mari.
En aucun pays du monde on aime les bas-bleus, que ce soit en France, en Chine ou au Japon.
Lorsque la poule chante, dit un proverbe japonais, la maison marche à sa ruine. Je suppose que chanter signifie, en ce cas, écrire des poèmes.
Si vous êtes coq, disent les Persans, chantez ; si vous êtes poule, pondez.
Et les Russes : Ça ne va jamais bien quand la poule chante.
Les Chinois : Une femme bruyante et une poule qui chante ne sont bonnes ni pour les Dieux ni pour les hommes.
Terminons par ce verset tiré du Talmud, et saluons, car c’est le meilleur :

Dieu n’a pas tiré la femme de la tête de l’homme, afin qu’elle le régisse ; ni de ses pieds afin qu’elle soit son esclave ; mais de son côté, afin qu’elle soit plus près du cœur.

Mais le dernier mot et le plus féroce sur les bas-bleus a été dit par Barbey d’Aurevilly, dans la Revue critique :

Ces bas-bleus ne le sont plus jusqu’aux jarretières. Ils le sont par-dessus la tête ! Leurs bas sont devenus une gaine. Les femmes maintenant sont bleues de partout et de pied en cap ; égales de l’homme, férocement égales, et toutes prêtes à dévorer l’homme demain… Vomissantes gargouilles de déclarations bêtes ou atroces, elles sont bleues jusqu’aux lèvres, qu’elles sont bleues comme de vieilles négresses !

Albert Cim a écrit un volume très documenté sur les bas-bleus.

Bas-bleuisme

Delvau, 1866 : s. m. Maladie littéraire spéciale aux femmes qui ont aimé et qui veulent le faire savoir à tout le monde. Le mot a été créé récemment par M. Barbey d’Aurevilly.

France, 1907 : Manie des désexées.

Les filles trop savantes font généralement de piètres ménagères, et notre société atteindra sûrement la fin du siècle et celle de plusieurs autres avant que les champions et championnes du Droit des femmes soient parvenus à faire entrer dans la cervelle rétive du mâle que, pour une épouse selon l’évangile des maris, l’étude des logarithmes et les recherches philosophiques ou linguistiques ne valent pas l’art modeste enseigné par le baron Brisse, celui d’accommoder les restes.
Nous sommes et resterons longtemps encore, nous autres grossiers barbus, courbés sous le prosaïsme des appétits matériels ; nous n’avons pas changé depuis Molière, et, comme le bonhomme Chrysale, nous vivons de bonne soupe et non de beau langage ; et si nos femmes s’occupent de belles-lettres, qui torchera les enfants et soignera le pot-au-feu ?

(Hector France, La Taverne de l’Éventreur.)

Bleu

Larchey, 1865 : Conscrit. — Allusion à la blouse bleue de la plupart des recrues.

Celui des bleus qui est le plus jobard.

La Barre.

Bleu : Gros vin dont les gouttes laissent des taches bleues sur la table.

La franchise, arrosée par les libations d’un petit bleu, les avait poussés l’un l’autre à se faire leur biographie.

Murger.

Delvau, 1866 : s. m. Vin de barrière, — dans l’argot du peuple, qui a remarqué que ce Bourgogne apocryphe tachait de bleu les nappes des cabarets. On dit aussi Petit bleu.

Delvau, 1866 : s. m. Marque d’un coup de poing sur la chair. Faire des bleus. Donner des coups.

Delvau, 1866 : s. m. Manteau, — dans l’argot des voyous, qui ont voulu consacrer à leur façon la mémoire de Champion.

Delvau, 1866 : s. m. Conscrit, — dans l’argot des troupiers ; cavalier nouvellement arrivé, — dans l’argot des élèves de Saumur.

Delvau, 1866 : s. m. Bonapartiste, — dans l’argot du peuple, rendant ainsi à ses adversaires qui l’appellent rouge, la monnaie de leur couleur. Les chouans appelaient Bleus les soldats de la République, qui les appelaient Blancs.

Delvau, 1866 : adj. Surprenant, excessif, invraisemblable. C’est bleu. C’est incroyable. En être bleu. Être stupéfait d’une chose, n’en pas revenir, se congestionner en apprenant une nouvelle. Être bleu. Être étonnamment mauvais, — dans l’argot des coulisses.
On disait autrefois : C’est vert ! Les couleurs changent, non les mœurs.

Rigaud, 1881 : Manteau ; à l’époque où l’homme au petit manteau-bleu était populaire.

Rigaud, 1881 : « C’est le conscrit qui a reçu la clarinette de six pieds ; les plus malins (au régiment) ne le nomment plus recrue ; il devient un bleu. Le bleu est une espérance qui se réalise au bruit du canon. »

(A. Camus.)

En souvenir des habits bleus qui, sous la Révolution, remplacèrent les habits blancs des soldats. (L. Larchey)

Merlin, 1888 : Conscrit.

La Rue, 1894 : Conscrit. Vin. Manteau. C’est bleu ! c’est surprenant.

Virmaître, 1894 : Jeune soldat. Se dit de tous les hommes qui arrivent au régiment. Ils sont bleu jusqu’à ce qu’ils soient passés à l’école de peloton (Argot des troupiers).

Rossignol, 1901 : Soldat nouvellement incorporé. À l’époque où on ne recrutait pas dans le régiment de zouaves, celui qui y était admis après un congé de sept ans était encore un bleu ; les temps sont changés.

Hayard, 1907 : Jeune soldat.

France, 1907 : Conscrit. Ce terme remonte à 1793, où l’on donna des habits bleus aux volontaires de la République. L’ancienne infanterie, jusqu’à la formation des brigades, portait l’habit blanc. Bleu, stupéfait, le conscrit étant, à son arrivée au régiment, étonné et ahuri de ce qu’il voit et de ce qu’il entend ; cette expression ne viendrait-elle pas de là, plutôt que de « congestionné de stupéfaction », comme le suppose Lorédan Larchey ? J’en suis resté bleu signifierait donc : J’en suis resté stupéfait comme un bleu. On dit, dans le même sens, en bailler tout bleu. On sait que les chouans désignaient les soldats républicains sous le sobriquet de bleus.

Bleu (être)

Rigaud, 1881 : Éprouver une grande surprise. — Elle est bleue celle-là ! cette nouvelle est difficile à croire. — Faire des bleus, pincer de manière à laisser la signature des doigts sur la chair. — Passer au bleu, avoir perdu un objet, se consoler d’une perte. — En faire voir des bleues, causer des contrariétés. — Colère bleue, violente colère.

Bleu (gros)

Rigaud, 1881 : Gros vin du midi, vin dont on se sert pour les coupages.

Bleu (j’en suis)

Virmaître, 1894 : Être étonné, ne rien comprendre, en rester ébahi (Argot du peuple).

Bleu (n’y voir que du)

Virmaître, 1894 : Être volé sans s’en apercevoir (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Ne pas s’apercevoir d’une chose que l’on vous fait.

Je lui ai ratissé son morlingue, il n’y a vu que du bleu. — J’ai fait passer au bistro deux bocks au bleu.

Bleu (passer au bleu)

Virmaître, 1894 : Faire disparaître un objet quelconque. Le samedi de paye quand l’ouvrier care un peu de galtouze, la ménagère dit :
— Mon vieux tu m’as fait passer cent sous au bleu (Argot du peuple).

Bleu (passer au)

Hayard, 1907 : Faire disparaître.

France, 1907 : Faire disparaitre, perdre. « Mon argent est passé au bleu. » N’y voir que du bleu, ne s’apercevoir de rien.

Bleu (pays)

France, 1907 : Pays où le ciel est toujours bleu. Le Midi.

Bleu, petit bleu

Rigaud, 1881 : Mauvais vin qui tâche la nappe en bleu. — Mettre le piton dans le bleu, boire du vin au litre. — Voué au bleu, ami de la bouteille.

Bleue (elle est)

France, 1907 : Chose étonnante à laquelle on ne croit pas. En voilà une de bleue, je la trouve bleue. Une colère bleue se dit d’une violente rage.

Bleue (la)

Hayard, 1907 : L’absinthe.

Bleue, verte, pure

anon., 1907 : Absinthe.

Bleuet

La Rue, 1894 : Billet de banque.

Virmaître, 1894 : Billet de banque. Allusion à la couleur bleue des précieux papiers (Argot des voleurs). V. Talbin d’altèque.

Hayard, 1907 : Billet de banque.

France, 1907 : Billet de banque.

Caroubier ou caroubleur

France, 1907 : Voleur à l’aide de fausses clés.

Caroubleur

Clémens, 1840 : Voleur avec fausses clefs.

Larchey, 1865 : « Voleur employant des caroubles fabriquées par lui-même sur des empreintes livrées par des domestiques, des frotteurs, des peintres, ou des amants de servantes. — Le Caroubleur à la flan ou à l’esbrouffe vole aussi avec de fausses clés, mais au hasard, dans la première maison venue. Le Caroubleur au fric-frac emploie, au lieu de clés, un pied de biche en fer appelé cadet, monseigneur, ou plume. »

(Vidocq)

Delvau, 1866 : s. m. Individu qui vole à l’aide de fausses clés. On dit aussi caroubleur refilé. Caroubleur à la flan. Voleur à l’aventure.

Rigaud, 1881 : Voleur qui opère à l’aide de fausses clés. — Caroubleur au fric-frac, voleur avec effraction au moyen d’un ciseau à froid, d’un clou, d’une pince.

Virmaître, 1894 : Vol à l’empreinte à l’aide de fausses clés (Argot des voleurs). V. Boîte de Pandore.

Rossignol, 1901 : Celui qui carouble. Le voleur à l’aide de fausses clés est un caroubleur.

Carroubleur

un détenu, 1846 : Casseur de portes.

Carroubleur à la flanc

Halbert, 1849 : Voleur à l’aventure.

Carroubleur refilé

Halbert, 1849 : Voleur à fausse clef.

Conte bleu

France, 1907 : Histoire invraisemblable, comme celles imprimées pour les enfants dans la bibliothèque dite bleue.

Cordon bleu

Delvau, 1866 : s. m. Cuisinière émérite. Argot des bourgeois.

France, 1907 : On appelle ainsi les bonnes cuisinières. L’ordre du Cordon Bleu ou du Saint Esprit, créé par Henri III en 1578, aboli en 1791, rétabli en 1816, et bien qu’il n’ait pas été supprimé en 1830, cesse d’être conféré à partir de cette époque. Il n’était donné qu’aux grands seigneurs, aux princes, aux généraux, aux prélats, tous amis de la bonne chère, ou, du moins, obligés par état d’avoir une table bien servie. On disait donc d’un excellent cuisinier : « Il est digne d’entrer chez un cordon bleu », puis, par abréviation, on finit par désigner le cuisinier lui-même ou la cuisinière du nom de cordon bleu.

Les jeunes filles de notre pays devraient bien prendre exemple sur celles du Nord et ne pas dédaigner de s’initier à l’art des fourneaux. Elles y trouveraient profit, une fois mariées. Une bonne table, en effet, est souvent la meilleure garantie de la paix et du bonheur du ménage, et l’on ne s’y trompe pas dans les foyers in partibus. Que de maris ne déserteraient pas la salle à manger conjugale pour celle du cercle, si leurs femmes s’entendaient mieux à garnir leur assiette, à leur offrir des plats choisis flattant leurs goûts et leurs manies ! Que de maîtresses de maison ne passeraient point leur vie à crier après leurs cuisinières et à réclamer les tabliers d’icelles, si elles savaient mettre la main à la pâte et, au besoin, apprendre à leur cordon bleu la façon de préparer le plat dont la mauvaise conception les désole et les exaspère !…

(Santillane, Gil Blas)

Coup de bleu

France, 1907 : Coup de vin.

Faut ben du charbon…
Pour chauffer la machine,
Au va-nu pieds qui chine…
Faut son p’tit coup d’bleu.

(Richepin, Chanson des Gueux)

Cribleur

Halbert, 1849 : Crieur.

Cribleur de frusques

Virmaître, 1894 : Marchand d’habits (Argot des voleurs).

France, 1907 : Marchand d’habits. Cribleur de lance, porteur d’eau ; — de macchabées, gardien de cimetière, qui avertit de l’arrivée d’un convoi ; — de malades, gardien de prison, qui appelle les détenus au parloir ; — de verdouze, marchand des quatre-saisons.

Cribleur de lance

Larchey, 1865 : Porteur d’eau. — Il crie à l’eau.

Delvau, 1866 : s. m. Porteur d’eau.

Cribleur de malades

Delvau, 1866 : s. m. Celui qui, dans une prison, est chargé d’appeler les détenus au parloir.

Cribleur de verdouse

La Rue, 1894 : Marchand des quatre-saisons. Cribleur de macabés, gardien de cimetière qui sonne la cloche à l’arrivée d’un convoi. Cribleur de lance, porteur d’eau.

Cribleur de verdouze

Rigaud, 1881 : Marchand des quatre saisons. — Cribleur de frusques, marchand d’habits ambulant. — Cribleur de malades, employé chargé d’appeler les détenus au parloir. — Cribleur de machabées, gardien de cimetière qui sonne la cloche pour annoncer l’arrivée d’un convoi funèbre. — Cribleur de beurre, agent de change.

Virmaître, 1894 : Marchand des quatre saisons (Argot des voleurs).

Doubleur

anon., 1827 : Larron.

Bras-de-Fer, 1829 : Larron.

Halbert, 1849 : Voleur.

Delvau, 1866 : s. m. Voleur. Doubleur de sorgue. Voleur de nuit.

Hayard, 1907 : Menteur.

Doubleur de sorgue

Bras-de-Fer, 1829 : Larron de nuit.

Virmaître, 1894 : Voleur de nuit. Il double la journée (Argot des voleurs). V. Attristé.

Hayard, 1907 : Voleur de nuit.

Doubleur, doubleuse

Rigaud, 1881 : Menteur, menteuse ; voleur, voleuse.

Doubleur, doubleux

France, 1907 : Voleur, Doubleur de sonore, voleur de nuit

Doubleuse

Halbert, 1849 : Voleuse.

Doubleux

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voleur. Doubleux de sorgue, voleur de nuit.

Doubleux de sorgue

Halbert, 1849 : Larron de nuit.

Doubleux de sorgue ou sorgne

anon., 1827 : Larron de nuit.

Gris-bleu

France, 1907 : Gendarme, à cause de son uniforme.

Hâbleur

d’Hautel, 1808 : Pour menteur, charlatan, grand parleur, diseur de gasconnades, ou plutôt diseur de riens.

Lampe bleue (la petite)

France, 1907 : L’œuvre de l’Hospitalité de nuit, appelée ainsi à cause de la lampe à verres bleus qui désigne le gite aux miséreux. L’expression pour caractériser cette hôtellerie où l’on a droit à trois nuits d’hospitalité seulement est de M. E. Caro ; elle est des plus heureuses, aussi est-elle restée.

La petite lampe bleue ! C’est ainsi, en effet, qu’elle se signale, sitôt la nuit close, quand la clientèle arrive, toujours trop nombreuse, hélas ! et quand les portes de l’admirable auberge gratuite se ferment forcément, pour cause de pléthore. Il y a plus de vagabonds, dans la grande ville, qu’il n’y a de places dans les quatre établissements de l’œuvre, obligés, tous les soirs de refuser du monde. Mais enfin, cela dure, sans bruit, sans tapage, faisant de la besogne salutaire, grâce à un concours qui ne se dément pas. Un abri pendant quelques nuits, des vêtements pour ceux qui n’en ont pas et aussi quelque nourriture réconfortante pour les plus malheureux, telle est la triple mission que des gens de cœur se sont donnée et qu’ils accomplissent avec un dévouement sans lacune et sans bornes.

(Charles Canivet, Le Soleil)

Mère au bleu

Delvau, 1866 : s. f. La guillotine, — dans l’argot des voleurs, qui veulent faire croire aux autres que c’est le chemin du ciel, sans le croire eux-mêmes.

Virmaître, 1894 : La guillotine. Les voleurs veulent faire croire que c’est le chemin du ciel. A. D. Pas du tout, c’est parce que le condamné n’y voit que du bleu (Argot des voleurs).

France, 1907 : Guillotine.

Morbleu ! tubleu !

d’Hautel, 1808 : Interjections qui marquent l’étonnement.

Parbleu !

d’Hautel, 1808 : Espèce d’interjection qui marque l’affirmation.
Parbleu ! je le crois bien capable de cela. Pour assurément, en vérité.

Passer au bleu

Larchey, 1865 : Disparaître.

Plus d’un jaunet passe au bleu.

Jouvet, Chansons.

Équivoque basée sur un procédé de blanchissage. V. Laver, Nettoyer, Lessiver. — La passer douce : vivre à l’aise. — On sous-entend vie. — Se passer de belle : Ne pas recevoir sa part de vol (Vidocq).

Delvau, 1866 : v. a. Supprimer, vendre, effacer ; manger son bien. Argot des faubouriens. On disait, il y a cinquante ans : Passer ou Aller au safran. Nous changeons de couleurs, mais nous ne changeons pas de mœurs.

France, 1907 : Se dit d’une chose perdue, vendue, supprimée. « — Où est ta montre ? — Passée au bleu. » On disait autrefois passé au safran.

Petit bleu

Rigaud, 1881 : Vin rouge au litre, mauvais vin rouge.

France, 1907 : Nom que les ouvriers donnent au vin, surtout celui de mastroquet qui lorsque suffisamment falsifié au bois de campêche, a des teintes bleuâtres.

Il paraîtrait — les savants l’affirment — que, enfant, on aime le jaune ; en grandissant c’est le rouge que l’on préfère, puis, au moment où le cœur parle, on rêve du bleu ; enfin, une fois adulte et marié, le jaune ne compte plus de partisan.
Adulte, adultère, cela n’a pas besoin d’explication.
Le bleu continue d’avoir des partisans, et combien y en a-t-il qui chantent le Petit Bleu !

(Gil Blas)

Brisson, ton erreur n’est pas mince :
Tu te mets les dix doigts dans l’œil
Quand tu déclares que j’en pince
Pour le petit bleu d’Argenteuil,
M’as-tu pas déjà que j’use
Sans broncher de douteux mégots ;
Tu veux aussi que je m’abuse
Sur des petits bleus visigoths ?…
C’en est trop, sans me crier gare,
Sache ceci : de même que
J’en tiens pour le parfait cigare,
Il me faut du vrai vin, morbleu !

(Raoul Ponchon)

France, 1907 : Télégramme expédié par tube pneumatique.

Petit manteau bleu

Larchey, 1865 : Homme bienfaisant — L’usage de ce mot est la plus belle récompense qu’ait pu ambitionner un philanthrope bien connu.

On parlerait de toi comme d’un petit manteau bleu.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. Homme bienfaisant, — dans l’argot du peuple, qui a ainsi consacré le souvenir des soupes économiques de M. Champion.

Rigaud, 1881 : Philanthrope. — En souvenir de « l’homme au petit manteau bleu ».

France, 1907 : Homme charitable, s’occupant exclusivement de faire du bien aux pauvres, allusion au philanthrope Edmé Champion, connu sous le nom de l’« homme au petit manteau bleu » et qui, dans les dernières années de la Restauration et sous Louis-Philippe, pratiquait avec un peu d’ostentation des œuvres de charité en faisant distribuer des soupes et en distribuant lui-même des secours en argent et en nature aux pauvres de Paris. Champion mourut en 1842.

Petit-Bleu

Fustier, 1889 : Carte-télégramme. V. Omnibus.

Pied bleu

Larchey, 1865 : Conscrit portant encore les guêtres bleues du paysan.

Le pied bleu ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie.

La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. m. Conscrit, — dans l’argot des troupiers.

France, 1907 : Conscrit. On dit plus généralement pied. Engueuler quelqu’un comme un pied, c’est-à-dire comme un conscrit.

Il prend un air digne, toise l’infirmier de haut en bas, et te l’engueule comme un pied.

(Georges Courteline)

Rabateux, doubleur de sorgue

Rigaud, 1881 : Voleur de nuit, à l’époque où les voleurs de nuit formaient une catégorie. Aujourd’hui, ils volent de nuit et de jour, quand ils peuvent.

Raboteux ou doubleux de sorgne

anon., 1827 : Larron de nuit.

Raboteux ou doubleux de sorgue

Bras-de-Fer, 1829 : Larron de nuit.

Halbert, 1849 : Voleur de nuit.

Ribleur

d’Hautel, 1808 : Vaurien qui court les rues la nuit, et dans de mauvais desseins.

Rigaud, 1881 : Filou. (Dict. comique.)

Non pas un tour de ribleur.

(Sarrazin.)

Il y a entre le ribleur d’autrefois et le roublard de nos jours une grande similitude. Roublard me paraît une réminiscence légèrement modifiée de ribleur.

France, 1907 : Vaurien, voleur de nuit. Vieux mot, de l’italien ribaldi.

Roubleur

un détenu, 1846 : Délateur.

La Rue, 1894 : Témoin. Roublage, témoignage.

France, 1907 : Témoin.

Sableur, sableuse

France, 1907 : Homme ou femme qui boit beaucoup.

Sacrebleu !

d’Hautel, 1808 : Sacredié ! Sacrelote ! Sacristie ! Saprebleu ! Sapristie ! Interjections basses et vulgaires ; espèce de juremens qui expriment la surprise l’étonnement, le regret, le dépit, le mécontente ment ; et qui équivalent à morbleu ! tubleu ! tu dieu, etc.

Sang bleu

France, 1907 : Nobles : ils sont censés avoir le sang d’une autre nuance que le commun des mortels.

À vrai dire, ce que nous appelons vertu chez la femme, ne se rencontre guère : il n’y a que des tempéraments. C’est comme le fond de toutes les convictions politiques, religieuses, sociales. Fouillez tout cela, vous trouvez l’intérêt. Combien de nos plus farouches républicains seraient pus royalistes que le roy si les chroniques du canton relataient que le vidame de leur village a violé la gardeuse d’oies, leur trisaïeule, et que peut-être coulent dans leurs roturières veines quelques parcelles de sang bleu ; de même, combien de vieilles filles portées en terre, dignes de ceindre la couronne d’oranger, parce qu’elles ont manqué du sixième sens ou de l’occasion larronnesse, ou encore résisté vaillamment à l’attaque à cause de la lune nouvelle.

(Hector France)

Tapis bleu

Delvau, 1866 : s. m. Paradis, — dans l’argot des faubouriens, qui voient par avance le dedans du ciel semblable au dehors.

Trembleuse

Fustier, 1889 : Sonnette électrique.

Vertubleu

d’Hautel, 1808 : Espèce d’interjection, ou plutôt de jurement, qui marque la surprise, l’étonnement, l’impatience.


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