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Abs

Delvau, 1866 : s. m. Apocope d’Absinthe, créée il y a quelques années par Guichardet, et aujourd’hui d’un emploi général.
Les apocopes vont se multiplier dans ce Dictionnaire. On en trouvera à chaque page, presque à chaque ligne : abs, achar, autor, aristo, eff, délass-com, démoc, poche, imper, rup, soc, liquid, bac, aff, Saint-Laz, etc., etc., etc. Il semble, en effet, que les générations modernes soient pressées de vivre qu’elles n’aient pas le temps de prononcer les mots entiers.

Rigaud, 1881 : Absinthe, par apocope. — À son lit de mort, un vieil ivrogne, frappé de paralysie, démenait sa bouche en d’affreuses grimaces, pour arriver à expectorer de minute en minute une série de abs, abs désespérés. On crut qu’il demandait l’absolution, et on lui dépêcha un prêtre. À cette vue, la paralysie semble battre en retraite, tout le monde croit qu’un miracle va s’opérer… Le vieux biberon a poussé un grand cri, il se lève sur son séant et, par un suprême effort du gosier, il lâche un formidable « N. D. D. l’absinthe ! » retombe sur l’oreiller et meurt. C’était de l’absinthe qu’il demandait.

Absent

d’Hautel, 1808 : Il ne faut jamais parler des absens. Répartie mordante et équivoque que l’on fait à quelqu’un qui parle continuellement et sans aucun motif de l’excellence de son cœur, de l’étendue de son esprit, de l’élévation de son ame, à dessein de lui faire entendre qu’il ne possède rien de tout cela.
Les os sont pour les absens. Pour dire que les personnes qui ne se rendent pas à table à l’heure fixe, s’exposent à n’avoir que les restes des autres.
Les absens ont toujours tort. Signifie qu’un penchant naturel porte la plupart des hommes à rejeter les fautes dont ils sont personnellement coupables sur ceux qui sont absens.

Absinthage

Delvau, 1866 : s. m. Action de boire l’absinthe, ou de la faire.

Rigaud, 1881 : Habitude de boire de l’absinthe. Cultiver l’absinthage, se livrer à l’absinthage.

Absinthe (faire son)

Delvau, 1866 : Verser de l’eau sur l’absinthe, afin de la précipiter et de développer en elle cette odeur qui crise tant de cerveaux aujourd’hui.
Signifie aussi Cracher en parlant. On a dit à propos d’un homme de lettres connu par son bavardage et ses postillons : « X… demande son absinthe, on la lui apporte, il parle art ou politique pendant un quart d’heure, — et son absinthe est faite. »

Rigaud, 1881 : Pour les profanes, c’est verser au hasard de l’eau dans un verre contenant un ou deux doigts de liqueur d’absinthe ; pour les fidèles, c’est la laisser tomber de haut, doucement, avec conviction, tantôt au milieu, tantôt près des bords du verre. Ils appellent cela « battre l’absinthe. » C’est insulter un buveur d’absinthe que de lui offrir de « faire son absinthe. » Presque tous les dilettanti de la liqueur verte la boivent debout. Est-ce par respect, est-ce par suite d’une habitude contractée devant le comptoir du marchand de vin ?

Absinthe (heure de l’)

Delvau, 1866 : Le moment de la journée où les Parisiens boivent de l’absinthe dans les cafés et chez les liquoristes. C’est de quatre à six heures.

Absinthe (l’heure de l’)

Rigaud, 1881 : Avant dîner, entre quatre et cinq heures. Heure à laquelle on se rend au café pour prendre des apéritifs. Tel donne rendez-vous à un ami, à l’heure de l’absinthe, qui n’a jamais pris d’absinthe de sa vie. Dans les cafés littéraires, c’est l’heure où l’on a coutume de se réunir pour prendre langue.

(Elle) est d’éclosion toute récente ; elle date de l’épanouissement et de la splendeur de la petite presse. L’heure de l’absinthe est la résultante logique des échos de Paris et de la chronique.

(J. Guillemot, Le Bohème, 1868.)

C’était le temps où le timbre des pendules a commencé à sonner cette heure particulière, qui en dure deux ou trois, et qu’on a appelée l’heure de l’absinthe.

(Maxime Rude.)

Absinthe en parlant (faire l’)

Rigaud, 1881 : Lancer, en parlant, de petits jets de salive, — dans le jargon des piliers de café. L’étymologie est anecdotique.

Pelloquet est là, et demande une absinthe, qu’on lui sert, sans lui apporter en même temps la carafe d’eau. Il parle — comme il parlait toujours — la pipe à la bouche, et postillonnant dans son verre… — Eh bien ? demande-t-il tout à coup, et la carafe ? — Ne vous dérangez pas, garçon, crie une habituée : l’absinthe est faite.

(Maxime Rude, Tout Paris au café)

Et avec cela, quand elle ouvrait la bouche pour jaser, elle faisait l’absinthe !

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

Absinther (s’)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’adonner à l’absinthe, faire sa boisson favorite de ce poison.

Rigaud, 1881 : Boire de l’absinthe.

Absintheur

Delvau, 1866 : s. m. Buveur d’absinthe.

Rigaud, 1881 : Buveur d’absinthe. Privat d’Anglemont, une autorité, donne « absinthier » dans le même sens.

France, 1907 : Buveur d’absinthe.

Entre officiers de différents grades, du lieutenant au colonel, il n’existe que des rapports de camarade à camarade, d’hommes du même monde, ayant reçu la même éducation et sachant qu’il n’est entre eux que des distinctions de hiérarchie militaire cessant hors du terrain de manœuvre et de la caserne. Notre légendaire culotte de peau, le bravache, le capitaine Fracasse, le traîneur de sabre, l’absintheur sont des types inconnus.

(Hector France, L’armée de John Bull)

On dit : s’absinther, pour se griser avec de l’absinthe.

Absinthier

Delvau, 1866 : s. m. Débitant d’absinthe, c’est-à-dire de poison.

France, 1907 : Débitant d’absinthe.

Absinthisme

Rigaud, 1881 : Maladie particulière aux buveurs d’absinthe. Nom donné par le docteur Lunel à l’affection chronique résultant de l’abus de cette liqueur L’absinthisme conduit ses victimes à l’hystérie, l’épilepsie, l’idiotisme et la mort.

Absorber

Delvau, 1866 : v. n. et a. Manger ou boire abondamment.

Absorption

Larchey, 1865 : Repas offert chaque année aux anciens de l’École polytechnique par la promotion nouvelle. On y absorbe assez de choses pour justifier le nom de la solennité.

Lorsque le taupin a été admis, il devient conscrit et comme tel tangent à l’Absorption. Cette cérémonie annuelle a été imaginée pour dépayser les nouveaux, les initier aux habitudes de l’École, les accoutumer au tutoiement.

La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. f. Cérémonie annuelle qui a lieu à l’École polytechnique, et « qui a été imaginée, dit Émile de la Bédollière, pour dépayser les nouveaux, les initier aux habitudes de l’École, les accoutumer au tutoiement ». Le nom a été donné à cette fête de réception, parce qu’elle précède ordinairement l’absorption réelle qui se fait dans un restaurant du Palais-Royal, aux dépens des taupins admis.

France, 1907 : On appelle ainsi un repas annuel offert à la promotion ancienne de l’École polytechnique par la promotion nouvelle. Elle a lieu dans un restaurant du Palais-Royal, le jour de la rentrée des anciens.

Avaler son absinthe

Rigaud, 1881 : Faire contre mauvaise fortune bon visage, endurer avec résignation quelque désagrément.

France, 1907 : Faire contre fortune bon cœur.

Briller par son absence

France, 1907 : « C’est une façon de parler devenue très vulgaire, et dont cette popularité même a fait oublier l’origine. Elle nous vient de Tacite, à propos de Cassius et de Brutus dont les images ne se voyaient point parmi celles qui figuraient aux funérailles de Junia, épouse de l’un et sœur de l’autre. » (Edmond Fournier.)

In abstracto

France, 1907 : En lui-même, considéré isolément, indépendamment d’autres causes.

L’acte sexuel étant, in abstracto, un acte parfaitement naturel et commandé même par la morale en vue de la procréation et de la reproduction des hommes, ne saurait être en lui-même une mauvaise action. Ce ne peut donc jamais être qu’un mal très relatif ; si relatif que si tel époux trompé le considère comme une infamie, tel autre au contraire n’en ressentira pas le moindre ombrage.
Très fantaisiste ce délit qui existe ou n’existe pas selon le plus où moins de susceptibilité de l’époux victime.

(M. Chansa, président du tribunal civil de Foix)

L’absinthe ne vaut rien après déjeuner

Boutmy, 1883 : Locution peu usitée, que l’on peut traduire : Il est désagréable, en revenant de prendre son repas, de trouver sur sa casse de la correction à exécuter. Dans cette locution, on joue sur l’absinthe, considérée comme breuvage et comme plante. La plante possède une saveur amère. Avec quelle amertume le compagnon restauré, bien dispos, se voit obligé de se coller sur le marbre pour faire un travail non payé, au moment où il se proposait de pomper avec acharnement. Déjà, comme Perrette, il avait escompté cet après-dîner productif.

Ne vaut rien après déjeuner ! (l’absinthe)

France, 1907 : Cette locution des typographes, qui n’est plus guère usitée, peut se traduire ainsi : Il est désagréable, en revenant de prendre son repas, de trouver sur sa casse de la correction à exécuter. Dans cette locution, on joue sur l’absinthe considérée comme breuvage et comme plante. La plante possède une saveur amère. Avec quelle amertume le compagnon restauré, bien dispos, se voit obligé de se coller sur le marbre pour faire un travail non payé au moment où il se proposait de pomper avec acharnement ! (Argot des typographes)

Saint Thibaud de la loupe qui ne maudit ni n’absoud

France, 1907 : La Loupe est un bourg du département d’Eure-et-Loir qui jouit, ou du moins jouissait de cette singulière particularité que les miracles y sont inconnus. Le patron est saint Thibaud, et du 1er janvier à la Saint-Sylvestre il y chôme. On ne hui adresse point de vœux pour être heureux ou pour éviter d’être malheureux, parce que, de mémoire de paysans, il n’a jamais manifesté ni en bien ni en mal son influence dans la paroisse. De là naquit dans le Perche ce dicton appliqué à tous ceux qui ne peuvent être ni utiles ni nuisibles : Ils sont comme saint Thibaud de la Loupe, ils ne maudissent ni n’absoudent.

Scène de l’absinthe (faire la)

Delvau, 1866 : Jouer son verre d’absinthe avec un camarade, ou lui en offrir un. Argot des coulisses. On dit de même, à propos de toutes les consommations : Faire ou jouer la scène du cigare, du café, de la canette, etc.


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